Le Burkina s’est qualifié pour le dernier tour de qualification de la CAN junior dont la phase finale aura lieu en 2013 en Algérie. Bertrand TRAORE et ses camarades ont battu le Syli national de Guinée par un but à zéro en match retour. A l’aller, le Syli l’avait emporté par deux buts à un. Malheureusement, sous la douleur de la défaite, les Guinéens ont choisi la violence pour s’exprimer.
Dans les matchs à victoire obligatoire, le législateur a imaginé plusieurs formules pour départager les équipes en cas d’égalité. Il y a les tirs au but, le tirage au sort et surtout le but à l’extérieur qui compte double. La réalisation de Victor NIKIEMA dans le temps additionnel, le 29 juillet à Conakry, a fait le bonheur des Etalons au coup de sifflet final de l’arbitre nigérian le 11 août sur leurs installations. En battant, le Syli national par un but à zéro, le Burkina obtient le ticket de qualification pour le dernier tour qui va se jouer en Septembre (20 ou 21 pour l’aller) et en octobre (6 ou 7 pour le retour). Le Gabon qui a éliminé la Tunisie est le prochain adversaire du Pays des hommes intègres. Dans un Stade du 4-Août qui a accueilli de nombreux supporters, les Etalons ont fait l’essentiel face à des jeunes Guinéens venus pour défendre leur maigre acquis. Leur tactique qui va consister à geler systématiquement le jeu va s’avérer finalement un mauvais calcul puisqu’elle a plus ou moins facilité la tâche aux Burkinabè.
L’expression sur la pelouse
«Parler de résultats, c’est de la foutaise. Ne vous laissez pas embobiner (...) Soyons positifs ! Ayons envie de gagner, pas de perdre. L’important, c’est la possession de la balle. Sans le ballon nous subissons la volonté des autres. Avec le ballon, c’est nous qui décidons, qui créons. Dès lors tout ce que vous maîtrisez devient simple...» écrit Johann CRUYFF, le célèbre joueur néerlandais des années 1970 et ancien entraineur de FC Barcelone, dans «Les Cahiers du football». Les encadreurs des jeunes joueurs guinéens doivent s’imprégner de cette réflexion d’un des meilleurs techniciens du football s’ils veulent faire d’eux de grands footballeurs demain. Les Guinéens sont venus très tôt (le mardi 7 août) à Ouagadougou pour mieux s’adapter au milieu et se donner les chances d’obtenir un meilleur résultat à la fin du match selon un de leurs responsables. Malheureusement, le plan de jeu mis en place par l’entraîneur n’était pas en adéquation avec leurs ambitions. Dans le dispositif tactique, un seul joueur était placé aux avant-postes pour exploiter les rares balles de contre-attaques qui lui parviendront. L’option ultra-défensive était visible. Mais ce qu’on avait difficilement imaginé, c’est l’ «animation» de 4-3-2-1. Nul ne pensait que les visiteurs, dès l’entame du match, allait intégrer la perte de temps dans leur jeu pour atteindre leurs objectifs. Le premier avertissement pour tricherie est intervenu à la 22e minute.
L’initiative de jeu était laissée aux Etalons. Au contraire de son homologue, le coach burkinabè Séraphin DARGANI fait l’option d’attaquer d’entrée pour marquer et se rassurer. Les joueurs allaient monter sur la pelouse avec cette décision de leur maître à penser dans la tête. Mais problème, la mise en œuvre allait être brouillonne. Bertrand TRAORE et ses camarades ont montré que la discipline tactique n’était pas ce qu’ils savent faire le mieux sur un terrain. Selon les études, les échecs en phases offensives sont dus à 36% aux mauvaises passes. C’est de loin le taux le plus élevé comparé aux autres aspects comme les tirs non cadrés, les interceptions de la défense adverse ou les sorties de balle. Si on applique cette étude au jeu des Etalons, il ne serait pas exagéré de porter le taux à 45%. Avec le choix des adversaires de boucher les accès à leur but en restant très regroupés, les Burkinabè avaient donc la possession de balle. Si on en croit donc les avertissements de CRUYFF, ils avaient le beau rôle. Malheureusement, la production du capitaine Bertrand TRAORE et ses camarades n’allaient pas être à la hauteur des attentes surtout en première partie. Il était vraiment difficile de voir les Etalons exécuter un mouvement d’ensemble à même de mettre en difficulté le bloc guinéen. Or, dans le football moderne, la bonne circulation du ballon est essentielle pour une équipe qui cherche à conserver le ballon et qui dit bonne circulation, dit mouvement et disponibilité tout autant que passes courtes et au sol dans des petits périmètres pendant que le ballon progresse en même temps que les joueurs vers le but adverse. On a surtout vu Bertrand TRAORE tenter des gestes difficiles pas, et surtout pas, toujours efficaces. Cette difficulté de conception des Burkinabè faisaient bien entendu les affaires des Guinéens. Le public qui sentait venir le danger manifeste son mécontentement. Vu ce qui se passe sur le terrain, il n’avait pas entièrement tort. Il fallait bouger ce bloc du Syli qui laissait peu d’espace si le Burkina voulait continuer sa route dans la compétition. Dans la lecture du jeu, le technicien italien Luciano MARCHESI a dit que si «nous avons le ballon et le jeu en main mais nous ne réussissons pas à débloquer le résultat. Le remède fondamental est d’augmenter la pression». Le coach intervient en «intégrant par remplacement une pointe à disposition avec des caractéristiques différentes que l’attaquant qui a commencé le match ou en changer les techniques de finition, en laissant avancer l’adversaire pour jouer les espaces dans son dos». a-t- il ajouté. C’est ce que le staff technique des Etalons a fait en jetant dans le bain deux joueurs à vocation offensive ; Fatao BANDE et Stéphane BAMBARA dès l’entame de la seconde période. En même temps, les Guinéens choisissent de montrer leur barycentre pour ne pas trop subir le jeu. Les Burkinabè auront plus d’espace dans le dos de la défense pour envisager une meilleure conclusion à leurs actions offensives. A la 54e mn, Bertrand TRAORE est à la conclusion victorieuse d’une action collective. Les spectateurs sont libérés mais le temps qui reste à jouer est long. L’équipe adverse a montré qu’elle avait beaucoup de maîtrise notamment celle du secteur médian où Nabi KEITA jouait la tour de contrôle. Ce qui a été drôle dans ce match, c’est le choix des Etalons de faire comme le Syli en perdant le temps après l’ouverture du score. Ce qui a eu pour effet de hacher le match. L’arbitre était si agacé qu’à un moment donné, il a interdit aux soigneurs de pénétrer sur la pelouse pour prendre en charge les «blessés». Au coup de sifflet final, les Burkinabè lèvent les bras au ciel pour fêter leur qualification. Le coach Séraphin DARGANI a reconnu que «ce n’était pas un beau match, mais dans un match de qualification l’essentiel est le résultat final». Une analyse pour le moins lucide.
La bêtise des Guinéens
En matière de fair-play, la Guinée n’est certainement pas un bon exemple. On se rappelle comme hier du mauvais comportement des seniors lors de la CAN 98 après leur défaite contre les Etalons. Un dizaine d’années après, les juniors ont montré qu’ils étaient sur la même voie peu glorieuse de leurs aînés. Après le coup de sifflet final, les Etalons tout logiquement jubilent et serrent la main des adversaires parce que comme l’a si bien dit le musicien congolais ZAO «le football, ce n’est pas la guerre». Mais c’était sans compter avec la bêtise de certains joueurs guinéens qui n’admettaient pas la défaite et qui ont choisi de le manifester par la violence. Stéphane BAMBARA est mis KO sur la pelouse. Il a été transporté à l’hôpital par les Sapeurs pompiers. La réaction, regrettable mais toute aussi logique de ses partenaires, ne se fait pas attendre. C’est le pugilat et il a fallu l’intervention des forces de sécurité pour éviter le pire. Le public s’invite dans la danse et les joueurs guinéens sont mis sous hauteur protection pour le permettre d’abord de quitter la pelouse et ensuite de partir de l’enceinte du Stade du 4-Août. Rarement le public burkinabè s’est autant déchaîné contre une équipe visiteuse. Mais, grâce au professionnalisme des agents de sécurité les choses ont connu plus ou moins une bonne fin. Il faut déplorer l’absence du corps arbitral sur la pelouse pendant les évènements d’après-match. Leur présence sur la pelouse aurait peut-être dissuadé les Guinéens de passer à l’acte puisque le rôle de protection des joueurs incombe au directeur de jeu même après le match. Sans oublier que son rapport circonstancié pouvait permettre à la CAF de sanctionner les fautifs à la hauteur de leur forfait.