Dans cette déclaration, l’Union pour le progrès et le changement (UPC) donne sa lecture sur la crise qui secoue actuellement le secteur sanitaire burkinabè. La semaine prochaine, les principaux syndicats ont annoncé une grève pour dénoncer l’attitude du gouvernement dans le traitement de leurs revendications. Et le parti d’opposition à ce sujet « invite prestement le gouvernement à mettre fin à cette situation en établissant un dialogue franc et sincère avec les syndicats de la santé et en trouvant une solution durable.
L’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) est un parti politique dont le souci permanent est d’œuvrer aux côtés des populations pour le développement durable du Burkina Faso. Ce souci l’amène chaque fois que les intérêts des populations sont menacés à se prononcer pour les rétablir dans leurs droits. C’est ce souci constant qui a motivé cette déclaration sur la situation de crise qui prévaut dans le secteur de la santé au Burkina Faso.
La santé des populations du Burkina Faso devrait être une priorité du gouvernement, car elle constitue le socle de tout développement économique et social. Cependant lorsqu’on visite les indicateurs de santé, on se rend compte qu’ils sont parmi les plus alarmants dans le monde : taux de mortalité pour 1000 enfants de moins de 5 ans estimé à 84,6 en 2016 ; le ratio de mortalité maternelle pour 100 000 naissances vivantes estimé à 371 en 2015. Le gouvernement devrait mettre tout en œuvre pour corriger cette situation qui passe forcément par une réelle performance des services de santé.
Pourtant la performance d’un système de santé nécessite des infrastructures et des équipements adéquats, des ressources humaines en quantité, en qualité et motivées, le tout sanctionné par une bonne gouvernance.
L’exposé de la genèse de la crise actuelle fait ressortir les points suivants :
-Pendant 2 ans, un travail consensuel a été mené sur la Fonction Publique Hospitalière par un comité de 32 membres composé des représentants de la Présidence du Faso, du Premier Ministère, du Ministère de la Santé, du Ministère de l’Economie, des Finances et du Développement, du Ministère de la Fonction Publique du Travail et de la Protection Sociale, des six (06) syndicats de la Santé (SYMEB,SYNTAHSS,SYNTSHA,SYSFMAB,SAIB,SPBF), de tous les ordres professionnels de la santé et du sous -secteur sanitaire privé. Ces concertations ont abouti à un avant- projet de loi qui a été introduit en Conseil des Ministres. Après l’adoption de ce projet de loi par le Conseil des Ministres, il fut transmis à l’Assemblée Nationale et voté le 19 décembre 2017.
-Le 9 Février 2019 à l’issu d’un conseil de Direction, le SYNTHSHA dénonçait l’indifférence du gouvernement face aux graves dysfonctionnements constatés dans les services de santé qui se résument aux points suivants:
- des ruptures intempestives de consommables et réactifs ;
- le manque de personnel dans tous les services ;
- les ruptures en médicaments dans la plupart des services ;
- l’insuffisance et mauvais état des équipements et des infrastructures etc .
En conséquence, il invitait le gouvernement à tout mettre en œuvre pour le respect du protocole d’accord Gouvernement-SYNTSHA du 13 mars 2017. A défaut, le gouvernement porterait seul l’entière responsabilité de la détérioration du climat social dans les secteurs de la santé humaine et des ressources animales et halieutiques.
-Le Syndicat des travailleurs de la Santé humaine et animale (SYNTSHA) a observé une grève de 72 heures allant du 17 au 19 avril sur toute l’étendue du territoire national. Le SYNTSHA réclamait le respect concret du protocole d’accord avec le Gouvernement, lequel protocole daterait du 13 mars 2017. Cette grève que le gouvernement n’a pu empêcher a certainement eu des conséquences négatives sur la santé des populations.
-Face à l’indifférence et au mépris du gouvernement, le SYNTSHA a déposé un autre préavis de grève de 96 heures à compter du mardi 21 Mai 2019 au vendredi 24 Mai 2019.
- Quatre (04) autres syndicats du secteur de la santé (SYMEB, SYNTAHSS, SAIB, SYSFMAB) ont également emboité le pas au SYNTSHA en déposant un préavis de grève de 72 heures allant 22 mai au 24 mai 2019. Cette grève serait suivie d’une suspension des activités de routine du 27 au 31 mai 2019 pour exiger des réponses concrètes et diligentes à leurs attentes.
-Le Haut Conseil pour le Dialogue social (HCDS) a eu une séance de travail le 6 Mai 2019 à son siège, avec Madame la Ministre de la santé assistée d’un conseiller technique. Les échanges ont porté sur la crise qui secoue le département de la santé. Cette structure dirigée par le Pr Domba Jean Marc PALM s’est imprégnée des différends qui opposent les acteurs au niveau de ce département ministériel.
-Une rencontre entre le SYNTSHA et une délégation gouvernementale conduite par Madame la Ministre de la Santé s’est tenue le 10 Mai 2019. Cette rencontre n’a pu produire les effets escomptés et les parties se sont séparées sans avoir pu trouver une solution à la crise.
-Le 12 Mai 2019, Madame la Ministre de la Santé a reçu sur son initiative les 4 syndicats signataires du préavis de grève du 6 mai 2019. Cette rencontre qui s’est tenue dans la salle de réunion du Ministère a porté sur un chronogramme d’application de la Fonction Publique Hospitalière, immédiatement rejeté par les 4 syndicats qui ne l’ont pas jugé satisfaisant.
-Le 15 Mai 2019, le Conseil des Ministres prenait un décret portant approbation des statuts particuliers de l’Agence nationale de gestion des soins de santé primaires (AGSP), maillon essentiel pour la mise en œuvre de la Fonction publique hospitalière.
L’UPC à la lumière des évènements ci-dessus, constate que le gouvernement a en effet pris plusieurs engagements qu’il n’arrive pas à respecter. La résultante de cette situation est la crise actuelle que nous constations dans le département de la santé avec plusieurs grèves à l’horizon qui risquent d’avoir un impact négatif sur la santé des populations.
L’UPC devant ces constats :
-Recommande au gouvernement d’avoir un regard diligent sur ce secteur très sensible qu’est la santé et y réaliser des investissements structurants.
-Invite prestement le Gouvernement et notamment le Président du Faso à mettre fin à cette situation en établissant un dialogue franc et sincère avec les syndicats de la santé et en trouvant une solution durable.
-Recommande au gouvernement dorénavant le respect des engagements qu’il a librement pris auprès des syndicats.
-invite l’ensemble des partenaires sociaux à ne pas rompre le dialogue avec le gouvernement et à œuvrer dans le sens d’un consensus qui permettrait d’éviter à nos populations les conséquences des grèves dans le secteur de la santé.
La paupérisation croissante de nos populations, les tensions socio-politiques, les attaques terroristes et les peurs que suscitent déjà ces situations ; ne peuvent plus s’accommoder d’une autre situation périlleuse comme une crise ouverte dans le secteur de la santé.
En tout état de cause, nous pensons qu’il faudra affronter franchement cette situation pour permettre à notre peuple de se soigner et de pouvoir ainsi contribuer pleinement au développement économique et social du Burkina Faso.