A priori très loin de nos préoccupations quotidiennes, le Burkina Faso en est pourtant un point d’équilibre. Une partie de ce qui se passera demain ici en matière de prévention de la menace terroriste se joue aujourd’hui là-bas. Comme cela se jouait en Syrie et en Irak hier, au moment de la constitution de l’État islamique. Comme cela se joue actuellement en Libye aussi.
Si l’ancienne Haute-Volta a longtemps été un havre de paix au cœur d’un ensemble agité, elle est désormais soumise à une énorme pression des groupes djihadistes. Le nord et l’est ont déjà atteint un stade critique et le reste du territoire tangue.
Cette dégradation ultrarapide de la situation inquiète au plus haut point les Occidentaux. Six ans après l’intervention militaire française au Mali, nous sommes en effet clairement arrivés à un nouveau tournant majeur.
Ou les forces armées des pays de la région – réunies sous la bannière du G5 Sahel soutenu à bout de bras par les militaires de Barkhane et les fonds de l’Union européenne – reprennent le contrôle des frontières, ou le pays tombera. C’est aussi simple que cela. Les ministres des Affaires étrangères de la région et leurs homologues de l’Union européenne n’ont pas pu établir d’autre constat à Bruxelles mardi.
La situation n’est pas encore désespérée, mais elle est extrêmement préoccupante. Car une reconquête des territoires abandonnés depuis des décennies aux trafiquants et aux milices tribales, qui basculent par opportunisme dans le terrorisme islamiste, ne peut se faire sans des États forts et des armées régulières fiables. Or, hormis celui du Tchad, aucun pouvoir local ne répond à ces critères. Les hommes de Barkhane en sont donc réduits à jouer les pompiers de service. Mais ils peuvent juste contenir l’incendie, pas le circonscrire.... suite de l'article sur Autre presse