Depuis le lundi 6 mai dernier, la Poste Burkina Faso travaille sur fond de soubresauts. Le pic du mouvement d’humeur a été enregistré le mercredi 8 mai dernier, avec l’exfiltration du directeur général de son bureau. Après « la chaude journée du mercredi », les travailleurs étaient en sit-in dans la cour de la Direction générale de la Poste à Ouagadougou, le 9 mai 2019.
A notre arrivée à la Direction générale de la Poste dans la matinée du 9 mai, les travailleurs ont déserté leurs bureaux. Ils ont pris place dans la cour de la Poste où ils sont entretenus par des baffles qui distillent de la musique sur fond de revendications. S’adressant aux travailleurs, Gilbert Goh, secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la Poste (SYNTRAPOST), les invite à ne « pas baisser les bras ». « Il faut maintenir le cap. L’objectif, c’est l’adoption du statut », dit-il. C’est aussi à cette tribune que le SG a fait le point de la rencontre qui a eu lieu dans la soirée du 8 mai. Et il affirme qu’au cours de la rencontre avec le ministre en charge des postes, il leur a été demandé de laisser le directeur général, Nabi Issa Coulibaly, réintégrer son bureau mais le syndicat a répondu par la négative en laissant entendre que les travailleurs réclament la démission dudit directeur. Est-ce que c’était la revendication première du personnel ? « Non », réplique-t-il tout en précisant : « on n’est pas auteur de ce qui est arrivé hier (ndlr : 8 mai), mais on ne se dédouane pas ». Toujours est-il que « depuis 2018, nous avons interpellé la hiérarchie par rapport à la situation qui prévalait à la poste », insiste le secrétaire général qui affirme que « ce qui est arrivé à la Poste est comme l’Insurrection des 30 et 31 octobre. Nous sommes sortis pour l’adoption du statut. Et comme il y a eu une crise de confiance entre le directeur général et les travailleurs, les agents l’ont manifesté hier (ndlr : 8 mai 2019) ». Et Gilbert Goh tient à préciser que ce qui est arrivé à la Poste « est un cas d’école qui va amener certains à savoir se comporter en entreprise ». « Mais quels sont les griefs à encontre du directeur général ? », avons-nous cherché à savoir. Gilbert Goh égraine ce qui est retenu contre le directeur général : « un mépris à l’endroit du personnel, pas de considération à leur endroit, pas d’humilité, de l’arrogance de la part du directeur général ». Nous faisons savoir au secrétaire général qu’il ressort que c’est parce que le directeur général ne veut pas de laxisme et de laisser-aller à la Poste, que certains agents sont remontés contre lui. Le secrétaire général du SYNATRAPOST rétorque : « ceux qui ont dit cela ne sont pas dans cette boîte. Sinon, il n’y a pas quelqu’un qui veut qu’il y ait du laxisme dans son service. Nous nous battons pour de meilleures conditions de vie et de travail des agents ». Pour la suite, « nous attendons la réaction des autorités » qui ont confié que le statut sera examiné le 14 mai. «C’est un langage politicien. Nous n’allons pas verser dans le discours politicien et nous n’allons pas baisser les bras », martèle Gilbert Goh.