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Angela Merkel aux étudiants Burkinabé : « Même le Bac français n’est pas reconnu en Allemagne »

Publié le dimanche 5 mai 2019  |  Le Pays
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© Autre presse par DR
La Chancelière allemande, Angela Merkel
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Comme le président français Emmanuel Macron l’avait fait le 28 novembre 2017, la chancelière allemande, Angela Merkel, a mis à profit sa première visite officielle au Burkina pour échanger avec des étudiants de l’université Joseph Ki-Zerbo, ce jeudi 2 mai. Si ce face-à-face entre les étudiants burkinabè et la femme la plus puissante du monde, selon un classement du magazine Forbes, s’est déroulé dans la salle des Actes comme pour signifier qu’il ne faut y parler que du concret, le décor n’était cependant pas tout à fait bienveillant : aucun fanion ou drapeau allemand dans ladite salle. Pour un événement du genre, ça laisse un goût d’inachevé.

Cela dit, contrairement au passage de Macron, le face-à-face entre Merkel et ses ‘’étudiants’’ a eu du piquant. La chancelière intervenant après la brève présentation de l’université Joseph Ki-Zerbo par son président, Rabiou Cissé, a d’abord encouragé les étudiants à forcer leur destin à travers les études et la formation. Passant aux questions-réponses avec la centaine d’étudiants triés sur le volet, le premier intervenant, étudiant en langues germaniques, décoche une flèche envers la dirigeante de la première puissance économique d’Europe. «Les terroristes nous tuent avec les armes qui sont produites en France, en Allemagne, en Russie, en Chine, etc. ; Mme la chancelière, que peut faire votre pays pour y mettre fin ? », a-t-il demandé. A cette embarrassante question, Angela Merkel répond que son pays est très regardant sur la vente des armes qu’il produit. Mais, selon elle, « la circulation des armes dans les pays du Sahel s’explique par la déstabilisation de la Libye ». Ne disposant pas « de recette miracle » pour endiguer le mal, la chancelière estime que « la solution passe par la résolution de cette crise libyenne et la formation des militaires des pays menacés par le terrorisme».

Puis, elle dit être en phase avec les chefs d’Etat du G5 Sahel qui demandent une implication cohérente de l’Europe pour la stabilisation de la Libye d’autant que ce sont les membres du Conseil de sécurité des Nations unies qui ont voté la résolution établissant une zone d’exclusion aérienne qui a plongé la Libye dans le chaos. Elle se dit aussi affligée par la situation qui prévaut dans le pays de Mouammar Kadhafi parce que n’étant pas membre permanent dudit conseil pourvu du droit de veto, l’Allemagne n’a pu empêcher l’intervention militaire. Une autre question sur la politique d’aide au développement, a permis à la chancelière de décliner l’approche de son pays vis-à-vis de l’Afrique de l’Ouest où elle dit n’avoir pas de passé colonial, contrairement à la France. « On ne s’intéressait pas assez à l’Afrique de l’Ouest ; nos relations économiques et diplomatiques sont beaucoup plus renforcées avec l’Ethiopie, l’Afrique du Sud, la Namibie… Mais maintenant, nous avons décidé de nous engager davantage en Afrique de l’Ouest, notamment au Burkina», a-t-elle expliqué avant d’ajouter que son pays a une autre manière de coopérer avec l’Afrique. Selon ses dires, l’Allemagne est en train de mettre le paquet pour rattraper le niveau de coopération des autres pays occidentaux, notamment la France. Dans la foulée, la chancelière dit suivre de près une étude sur la question de la transformation du coton burkinabè. Sur le volet de la transformation, Angela Merkel a également relevé qu’il faut encourager les entreprises allemandes à investir au Burkina.

Le Burkina doit faire davantage d’efforts dans le sens de la réconciliation

Et face à la préoccupation d’un étudiant en Sciences exactes et appliquées (SEA) qui dit étudier beaucoup plus de théorie que de pratique parce que les laboratoires ne disposent pas de matériels adéquats, et qui a sollicité le soutien de l’Allemagne dans ce sens, la chancelière a invité les autorités universitaires à nouer des partenariats avec des universités de son pays qui ont beaucoup d’expérience dans la formation des étudiants dans la pratique à travers les start-up qui sont en même temps des sources de débouchés. Toujours dans le domaine de la coopération universitaire, les étudiants ont relevé les difficultés à s’inscrire dans les universités allemandes avec le Bac burkinabè. Sur la question, Angela Merkel a revelé la complexité du système éducatif de l’Allemagne, avant de souligner que « même le Bac français n’est pas reconnu en Allemagne ». Comme il fallait s’y attendre, le « mythe de la puissance » allemande a été également au centre des préoccupations des étudiants au point qu’un intervenant demande à la chancelière de partager ses recettes avec le Burkina. Réponse : « Il suffit que vos dirigeants tiennent leurs promesses de campagne », a dit Angela Merkel tout en invitant les étudiants ainsi que la société civile à demander des comptes aux gouvernants. Une autre recette, selon elle, c’est l’initiative privée. Sur cette lancée, la chancelière fédérale dit comprendre les difficultés des pays comme le Burkina qui consacre une part importante de son budget dans la lutte contre l’insécurité que dans d’autres secteurs pouvant procurer des richesses. A l’en croire, l’Allemagne réorientera son soutien au pays des Hommes intègres en fonction de cette nouvelle donne. Et pour conclure les échanges, la chancelière a invité les étudiants à beaucoup s’intéresser à l’histoire du Burkina afin de contribuer à faire front « aux conflits intercommunautaires qui sont instrumentalisés par des groupes terroristes », tout en souhaitant que le Burkina fasse davantage d’efforts dans le sens de la réconciliation et de la tolérance comme l’a si bien fait son pays avec la France. Avant de s’envoler pour Gao au Mali pour encourager les troupes allemandes engagées dans la MINUSMA, la chancelière a signé dans le livre d’or de l’université, dont le contenu n’a pas été dévoilé.
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