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Angela Merkel: «Le Burkina est une démocratie ouverte avec une société civile très forte»

Publié le vendredi 3 mai 2019  |  FasoZine
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© Autre presse par DR
La chancelière allemande Angela Merkel a eu une rencontre d’échanges avec les étudiants de l’université Joseph Ki-Zerbo
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Dans le cadre de sa visite de 48 heures au Burkina Faso, la chancelière allemande Angela Merkel a eu une rencontre d’échanges avec les étudiants de l’université Joseph Ki-Zerbo ce jeudi 2 mai 2019. Face aux étudiants, la chancelière allemande tout en reconnaissant que le Burkina est une démocratie ouverte avec une société civile très forte, a invité les différents acteurs de la vie politique burkinabè à se donner la force pour se réconcilier. Voici l’essentiel des échanges.


Batoka Sayo, étudiant
L’Allemagne peut-elle nous aider à combattre les terroristes qui nous assassinent avec des armes fabriquées en France, en Allemagne, en Russie ou encore en Chine ?

Angela Merkel : C’est avec beaucoup de préoccupations que nous poursuivons l’évolution de la situation sécuritaire qui s’est aggravée ces derniers temps au Burkina. Et lorsqu’on regarde d’où proviennent ces armes, nous nous rendons compte que la plus part d’elles proviennent de la Libye. L’Allemagne elle-même n’exporte pas d’armes dans bon nombre de pays parce que nous sommes très strictes dans l’application de certaines règles mais malheureusement nous ne pouvons pas non plus éviter qu’il y ait des armes qui existent dans des pays qui font faillite comme la Libye. Mais la question à laquelle il est plus difficile de répondre, c’est celle de savoir comment se comporter face à cette situation. Pour répondre à cette question, l’Allemagne essaie d’aider les pays à former les militaires à travers les missions d’entrainements. Mais il faut aussi que les armées africaines soient équipées. Il y a beaucoup d’armes, de drogues, d’argent qui circulent de manière illégale et c’est pour cela qu’il nous faut trouver une solution politique pour la Libye afin de sécuriser la région.

Alimatou Sadia Nana, étudiante en année de Licence en droit à l’UO 2

Au regard de son expérience, quelles leçons l’Allemagne peut donner au Burkina pour surmonter la crise qu’il traverse ?

Il est toujours difficile de s’irriger en donneur de leçons lorsqu’on vient de l’extérieur mais la meilleur possibilité est de faire ce qu’on peut faire de mieux au Burkina que dans d’autres pays sur le continent africain. A savoir qu’au Burkina, il y a une société civile très forte qui s’implique fortement dans l’évolution de son pays. Donc il y a ceux qui doivent assumer leurs responsabilités politiques en respectant leurs promesses électorales et d’autre part, il y a aussi la société civile et les populations qui doivent s’impliquer davantage en prenant la parole pour réclamer des comptes. Il est vrai que la situation actuelle du pays est difficile, donc nous devons réorienter et réorganiser notre aide à la coopération et au développement afin que votre économie puisse se développer. La question principale est donc de voir comment faire pour que vous arriviez à créer des entreprises et qu’il y ait des investissements pour ne pas que vous continuez de tendre la main.

Amandine Diallo, étudiante en allemand
Pourquoi l’Allemagne donne l’impression qu’elle ne veut pas suivre la France dans sa politique africaine sans qu’on ne développe une nouvelle stratégie de partenariat avec l’Afrique ?

J’apprécie vraiment cette étudiante qui parle très bien l’allemand. C’est la première fois qu’un chancelier ou une chancelière allemande vienne au Burkina. Nous ne nous étions pas préoccupés de l’Afrique de l’Ouest parce que c’était le domaine de privilège de la France du fait de l’histoire coloniale entre elle et ces pays. Mais il y a eu un tournant et l’Afrique de l’Ouest est devenue un facteur important dans notre politique concernant l’Afrique. Mais nous ne faisons pas une simple copie de ce que fait la France puisque nous avons nos propres idées. Nous misons sur le développement, notamment dans les domaines de l’éducation, la gestion des eaux, la réhabilitation des sols etc. Nous coopérons avec la France et non pas l’un contre l’autre. La seule chose qui compte pour nous, est de voir comment permettre aux jeunes du Burkina de mieux vivre.

Niblé Gnanou, étudiant à l’UO
Quel état d’esprit a soutenu la renaissance de l’Allemagne ?

C’est toujours un processus constamment renouvelé de génération en génération. Ce qui nous a aidé, est qu’il y avait des pays tels que la France, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Russie qui nous ont tendu la main en dépit des atrocités commises. D’autres personnes en ont tué d’autres. Il fallait donc en discuter ouvertement et c’est un long processus qui parfois suscité des manifestations parmi les jeunes. Mais contrairement à la période de l’après première guerre mondiale, nous n’avons pas voulu humilier ceux qui ont commis ces erreurs. Bien au contraire, nous leur avions donné la possibilité de se développer. C’est pour cela que je vous encourage à travailler sur votre histoire, d’être ouvert, de chercher les discutions, d’avoir toujours cette perspective positive vers l’avenir et surtout d’avoir la volonté de se réconcilier. On a qualifié l’Allemagne et la France d’ennemis héréditaires. C’était donc un effort formidable de surmonter cela. Toute chose qui a permis de construire l’Union européenne. Et c’est ce qu’il faut faire pour construire l’Union africaine. C’est d’être tolérant, se respecter mutuellement, ne jamais croire qu’une tribu ou une ethnie est supérieur à une autre.

Ousmane Kaboré
Pourquoi le BAC burkinabè n’est pas automatiquement reconnu en Allemagne ?

Ce n’est pas seulement le BAC burkinabè puisque le BAC français a aussi du mal à être reconnu. C’est un problème mais en attendant, ce qu’il y a lieu de faire, c’est de voir avec l’Institut Goëth où d’autres universités allemande pour avoir une égalité au niveau de la reconnaissance des diplômes.

Imhotep Serge Bayala, étudiant en Master de littérature et écriture africaine
L’Allemagne peut-il être l’allié privilégié pour la jeunesse africaine pour produire la première voiture made in Burkina ?

Pendant notre présidence du G20, nous avions choisi certaines priorités dans le cadre de la coopération avec les pays africains. Et nous avons initié un programme dans lequel les pays africains respectifs, doivent mener à bien des reformes et offrir des conditions préférentielles pour que les entreprises allemandes s’engagent dans ce groupe de pays. Et le Burkina a adhéré à ce programme. J’inviterai les parties prenantes en octobre prochain à une conférence et le Burkina sera invité. Nous cherchons de façon très précise, des entreprises allemandes que nous allons convaincre et encourager à investir au Burkina.

Massanata, étudiante en Master en philosophie et Lettre allemande
Quel est l’engagement de l’Allemagne pour que l’Afrique ait un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations-Unies ?

Nous sommes une alliance de pays dont l’Afrique du Sud en fait partie. Nous disons tous que nous avons besoin davantage de sièges permanents au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Et le fait que l’Afrique n’ai pas de siège permanent au sein du Conseil de sécurité n’est pas juste ni la bonne approche. Après la seconde guerre mondiale, l’ONU a été fondé et le Conseil de sécurité a été créé et le monde avait encore un visage différent de celui d’aujourd’hui. Donc la répartition des sièges au sein du Conseil de sécurité ne correspond plus aux rapports de force dans le monde. Mais à vrai dire, les membres permanents actuels du Conseil de sécurité ne sont pas très favorables aux réformes. Ils ne souhaitent pas qu’il y ait d’autres pays qui aient droit au droit de véto.
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