La question divise l’opinion et sa simple évocation donnait lieu à des positions tranchées mais bon nombre de Burkinabè l’appelaient de tous leurs vœux face à la recrudescence des attaques que le Burkina Faso a enregistrées et leurs lots de victimes que l’on a du mal à dénombrer. Faut-il «Négocier une trêve avec les combattants djihadistes ?». Alors que les troupes des Forces armées nationales (FAN) déployées dans les zones attaquées (Est, Centre-Est, Sahel et Nord) mènent des opérations de sécurisation, les choses semblent avoir bougé au haut sommet de l’Etat. Roch Marc Christian Kaboré aurait pris le risque de prendre contact avec les groupes terroristes actifs dans le Nord. Selon le site Africa Intelligence dans sa parution du lundi 22 avril 2019, c’est à l’occasion de l’investiture du président Macky Sall que le sujet a été évoqué le 1er avril dernier. Avec son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keïta, une longue discussion aurait eu lieu loin des regards indiscrets. Le président nigérien Mahamoudou Issoufou aurait aussi contribué à ces prises de langue. Le journal affirme avoir reconstitué ces négociations ultrasecrètes qui interviennent au moment où le pays des hommes intègres chapeaute la Force du G5-Sahel.
Afin de mieux cerner le problème, la présidence du Faso aurait initié des contacts avec plusieurs Katibas actives dans la région du Nord. Ainsi, des pourparlers auraient été lancés avec pour objectif d’«obtenir une trêve avec les combattants. Cette démarche a été inspirée au Burkina Faso par des pays tels que le Mali et la Mauritanie qui ont conclu des arrangements souterrains même s’ils nient officiellement cette évidence.
Selon notre confrère, c’est dans cette optique qu’une délégation secrète a reçu dans la première semaine de mars deux émissaires ayant des liens avec les groupes armés opérant dans le Nord du pays. Il s’agit, selon le journal, du député malien Ahmada Ag Bibi et du leader touareg Bilal Ag Chérif. C’est à bord d’un avion affrété par son homologue malien que les deux émissaires ont foulé le sol burkinabè pour y rencontrer le président Roch Kaboré assisté de l’ancien ministre de la sécurité Clément Sawadogo et du colonel François Ouédraogo, patron de l’Agence nationale du renseignement (ANR). C’était en mars dernier. Le journal note qu’aucun chef militaire n’a été associé à cette audience restreinte. Selon la même source, le président Kaboré aurait demandé à ses deux interlocuteurs de «l’aider à négocier un statuquo avec les groupes actifs dans le Soum et dans le Nord, comme l’a déjà fait la Mauritanie». «Vous avez aidé mon prédécesseur (Blaise Compaoré, maintenant aidez-moi», aurait lancé le président du Faso à ses deux interlocuteurs qui ont aussitôt fait une mise au point sur cette déclaration en se défendant d’avoir mené la même mission pour l’ex-président Compaoré. Ainsi, les appels à user de la diplomatie souterraine semble avoir trouvé un écho favorable au palais de Kosyam. Gageons que les fruits tiendront la promesse des fleurs ! Surtout au moment où nos FDS ont « repris du poils de la bête», dixit Chérif Sy, le ministre de la Défense burkinabè.