L’effondrement du système sécuritaire Burkinabè face à la virulence des attaques terroristes, engagées sur son sol depuis 2016, révèle de façon dramatique, l’impreparation des appareils de défense Africains, dans un contexte d’amplification effarante de la menace intégriste. Jusqu’au début des années 2010, les Africains étaient habitués à suivre de loin les conséquences tragiques du terrorisme dans d’autres régions du monde, telles que le Moyen-Orient, les USA ou même l’Europe, où plusieurs attentats, notamment ceux d’Helsinki en Finlande en 2002, de Londres en Juillet 2005 et d’Apeldoorn aux Pays-Bas en Avril 2009. Même si, certains pays, à l’instar de la Tanzanie et le Kenya avaient été durement frappés en 1998, lors des attentats de Nairobi et de Dar-es-Salam qui avaient causé la mort d’au moins 224 personnes le 07 Août de cette année, quand il s’agissait de parler d’attaques terroristes en Afrique, le théâtre principal de ces scènes macabres, était le Maghreb et notamment l’Algérie pu l’Égypte, secoués par des tensions ideologico-religieuses.
Il aura fallu la guerre de Libye en 2011, pour faire sauter le verrou de l’immunité de l’Afrique avec son corollaire de propagation infestueuses, qui se mêlera rapidement des tensions régionalistes qui couvaient dans la sous-région Ouest Africaine. Outre le Nigéria, fragilisé par la gestion calamiteuse du pouvoir d’Abuja de la défiance islamiste dans le Nord du pays, le Mali sera l’un des premiers états à faire les frais de cette bombe Libyenne, puisque le niveau alarmant de circulation d’armes déclenché par cette crise, va servir les intérêts insurrectionnels de certains groupes armés sécessionnistes qui profiteront de ce lien parfait entre extrémisme religieux et désir d’auto-détermination pour porter l’estocade au cœur du système militaire Malien. Désemparés, mal préparés, les autorités de Bamako n’auront d’autre choix que de faire appel à l’aide de la France de François HOLLANDE pour repousser les djihadistes, aux portes de la capitale.
Le décor étant ainsi planté, les groupes islamistes, formant un mélange hybride avec les mouvements sécessionnistes vont réussir à établir une connexion stratégique entre eux, avec comme principaux points de ralliement, le Niger et le Burkina Faso, qui de par la présence de peuplades sociologiquement proches des terroristes eux-mêmes, devenaient des terreaux fertiles pour l’instauration d’un califat aux contours juridiques controversés. Le 15 Janvier 2016, le Burkina subit son baptême de feu avec les premiers attentats de Ouagadougou. La note est salée. Une trentaine de morts, de diverses nationalités et avec eux, toute une page de l’histoire du pays qui venait d’être tournée. Deux mois plus tard, en Mars de la même année, c’est la Côte d’Ivoire qui entre dans le bal avec les tueries de Grand-Bassam, qui le 13 Mars, feront 22 morts. La Côte d’Ivoire se ressaisit… Mais, au Burkina, les évènements douloureux du 15 Janvier n’auront servi qu’à creuser la tombe de l’état-nation, puisqu’au lieu d’impulser une réforme pertinente du système sécuritaire, les vainqueurs de la présidentielle du 29 Novembre 2015, préféreront masquer leur incompétence en matière de défense, en vautrant tous leurs thuriféraires dans une mare d’accusations infondées contre l’ancien Président, Blaise COMPAORÉ. Conséquence de cette tragédie gouvernementale, il ne se passe plus une seule journée sans qu’une partie du territoire burkinabè ne soit le théâtre d’une attaque terroriste.
C’est dans ce chaos généralisé, où les autorités de Ouagadougou ont fini par démissionner, laissant ainsi fatalement le Burkina se transformer en base arrière du terrorisme international, que des informations persistantes, émanant de sources sécuritaires fiables, évoquent un risque élevé d’expansion de la menace vers d’autres pays de la région, tels que le Togo, le Ghana et Bénin Déjà que des initiatives communes telles que le G5 Sahel piétinent lourdement, faute de financements extérieurs, dit-on, du fait de l’inconséquence de ses acteurs et surtout de la persistance de la division, qui reste l’une des plus grosses qualités de l’Afrique, l’on se demande comment ces états, détectés dans le viseur des terroristes sauront étouffer la menace. Avec les signaux peu rassurants de ces derniers mois qui ont confirmé la présence de groupuscules islamistes dans les zones frontalières du Burkina Faso, lors des différentes attaques aux frontières du Togo en Février et de la Côte d’Ivoire, en Mars, les états de la sous-région doivent certainement faire preuve de dextérité tactique pour contenir les tentatives d’infiltration de djihadistes de crainte de se retrouver embourbés dans le bourbier.
Il est clair qu’une réponse efficace à la menace passe avant tout par une stratégie intégrée du renseignement, qui pourra permettre aux services de sécurité de la région de coordonner leurs actions en amont. Faut-il y croire ? Les différents états sauront-t-ils surpasser les intérêts mesquins pour se donner les moyens d’enrayer ensemble la menace ? Tout est une question de volonté politique.