L’Association pour la promotion féminine de Gaoua (AFPG) a évalué, jeudi 22 août 2013 au cours d’un atelier, le rapport d’une enquête qu’elle a commanditée. Cette enquête révèle l’existence de la résistance concernant la pratique de l’excision dans le Sud-Ouest.
Sur cent (100) personnes dans le Sud-Ouest, deux (2) approuvent l’excision et estiment qu’il faut la maintenir. Les quatre-vingt-dix-huit (98) autres voient en elle une mauvaise pratique et la condamnent avec la dernière énergie. Cette révélation a été faite par l’Association pour la promotion féminine de Gaoua (APFG) jeudi dernier à la suite d’une enquête qu’elle a bouclée courant 2013 sur cette pratique traditionnelle dans la région du Sud-Ouest. Deux cent quatre-vingts (280) personnes enquêtées dans les vingt-huit (28) communes de la région, soit dix (10) personnes par commune, ont permis de comprendre qu’en dépit de la lutte engagée depuis plusieurs années maintenant par l’APFG et par d’autres acteurs, il existe encore des poches de résistance dans cette partie du Burkina. En ce qui concerne les raisons, certaines personnes enquêtées ont cité en premier les us et coutumes ainsi que la tradition, selon lesquels l’excision serait l’expression de la maturité chez la jeune fille. Par ailleurs, elle marque traditionnellement le passage du statut de fille à celui de femme dans la coutume en « Pays Lobi » d’une manière générale. D’autres également ont soutenu, toujours selon les résultats de l’enquête, que si le phénomène perdure dans certaines localités, c’est du fait non seulement de la pauvreté, mais aussi des préjugés qui font croire que la jeune fille non excisée serait frivole et infidèle. C’est pourquoi la présidente de l’APFG, Ini Damien/Youl pense que la vigilance doit être maintenue, car la lutte continue surtout en cette période d’humidité et de vacances pour les scolaires. Il s’agira désormais pour sa structure, dit-elle, de réorienter la stratégie des combats en valorisant la fille non excisée aux yeux de la société au lieu de se limiter à la sensibilisation des seuls parents. Cela convaincra mieux les géniteurs et les leaders d’opinion à abandonner totalement la mutilation féminine. Cette nouvelle stratégie dans la lutte a d’ailleurs déjà motivé l’organisation par l’APFG de journées de réjouissance, de concours de poésie et bien d’autres activités au profit des filles non excisées. Dans cette même logique, des affiches et des cahiers avec des messages, des poèmes et des chants magnifiant la jeune fille non excisée seraient en cours de confection, à en croire la responsable de cette structure de la société civile. Mme Youl a réaffirmé au cours de l’atelier, qu’elle reste déterminée à faire de l’abolition de la pratique de l’excision, le cheval de bataille de l’Association qu’elle dirige, malgré les difficultés financières auxquelles celle-ci est confrontée. Raison pour laquelle la présidente de l’APFG estime qu’il leur faut redéfinir les différentes approches comme l’ont recommandé certaines personnes enquêtées, et surtout pour plus de financement. L’enquête dont les résultats ont été évalués ce jeudi 22 août a été financée à plus de trois millions cinq cent mille (3 500 000) francs CFA pour une période de deux ans, c’est-à-dire 2012-2013, par « La journée mondiale de Prière », une organisation non-gouvernementale de la République d’Allemagne.