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Burkina/Putsch 2015 : «Que le droit soit dit sans état d’âme» (victime)

Publié le mercredi 10 avril 2019  |  AIB
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Burkina/Putsch 2015 : «Que le droit soit dit sans état d’âme» (victime)

Ouagadougou, 9 Avril 2019 (AIB) – Membre de l’organisation de la société civile (OSC) le Balai citoyen et victime du putsch de septembre 2015, Serges Bayala a souhaité mardi devant le Tribunal militaire, «que le droit soit dit sans état d’âme» dans le procès en cours.

«Les séquelles que nous portons à vie, nous emmènent à souhaiter que le droit soit dit sans état d’âme surtout après ce que nous avons entendu ici de la part des accusés» a déclaré mardi Serges Bayala, l’un des victimes du putsch de septembre 2015.

C’est seulement quatre mois après un accident de circulation dont il se remettait lentement que le coup d’Etat de septembre 2015, est intervenu, mais Serges Bayala, n’a pas voulu se faire conter la résistance.

A l’appel donc du Balai citoyen dont il fait partie, Serges Bayala était présent devant l’hôtel Laico auprès de ses camarades, appuyé sur des béquilles, pour s’opposer au putsch.

Sa présence a «agréablement surpris ses amis» selon ses dires qui l’ont félicité et suscité l’engouement des journalistes à son égard.

C’est en ce moment, raconte la victime Serges Bayala qu’il a vu arriver trois V8 noires contenant des éléments de l’ex régiment de sécurité présidentiel (RSP).

A peine les V8 garés, que les occupants se sont mis à « rafaler en l’air » suscitant la panique et le sauve qui peut.

La victime appuyée sur ses béquilles, incapables de fuir, s’est donc retrouvé seul selon ses dires, devant les soldats de l’ex RSP.

«Trois soldats se sont occupés de moi comme d’un trophée de guerre. Ils avaient des kalachnikovs en bandoulières, des pistolets et des cordelettes. L’un deux m’a dit de déguerpir les lieux. J’ai compris que mon sort était scellé car comment fuir ?» a expliqué Serges Bayala.

Mais face à l’attitude menaçante et insistante des éléments de l’ex RSP qui ont demandé à trois reprises à la victime de déguerpir les lieux, Serges Bayala s’est résolu à s’enfuir et derrière lui, il entend des coups de feu.

Paniqué, le jeune leader de la société civile jette ses béquilles et se retrouve à terre aggravant davantage ses fractures mais il a la vie sauve.

«Nous sommes des victimes portant à vie des séquelles mais nous sommes pour autant plus heureux car d’autres victimes n’ont pas eu cette chance car ils sont morts» a expliqué Serges Bayala.

Comme le dit si bien Serges Bayala, ils sont nombreux les victimes qui ne bénéficieront jamais de la chance de se retrouver à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou.

Les aventures malheureuses de ces dernières ont été racontées par leurs proches.

C’est le cas du jeune Souleymane Ouédraogo, de Nouhoun Barry et de Angèle Kaboré mère d’un bébé de quatre mois, tous atteints de balles avant de rendre l’âme.

Selon Siaka Diallo, neveu du défunt Nouhoun Barry, son oncle a laissé derrière lui «des orphelins en bas âge et une maman de 85 ans qui ne s’est pas remis jusqu’à ce jour de la nouvelle».

Siaka Diallo a expliqué devant la barre du Tribunal militaire, qu’il était au service le 17 septembre 2015, lorsqu’il a reçu un appel d’un témoin l’annonçant que son oncle a été abattu devant le lycée Philippe Zinda Kaboré.

Immédiatement, M. Diallo s’est rendu sur les lieux et dit avoir «constaté le corps sans vie » de son « oncle gisant dans le sang».

«Des témoins m’ont dit que des éléments du RSP ont tiré et il est tombé. Je suis resté 30 minutes au chevet de mon oncle jusqu’à ce qu’on vienne faire la constatation et enlever le corps» a expliqué le parent de la victime.

De son récit, on retient que durant l’attente auprès du corps de son oncle, il a vu passer et repasser des éléments de l’ex RSP à moto et en V8 muni de kalachnikovs, des AK 47 et de pistolets automatiques.

L’histoire de la regrettée Angèle Kaboré a été raconté par le grand frère de son mari Soumaila Ouédraogo.

Selon le récit de ce dernier, dame Angèle Kaboré était assis chez elle vers la mairie de l’arrondissement 3 de Ouaga, lorsqu’une balle dont ils ignorent l’origine, est venue se loger dans son sein gauche.

«La balle a perforé et est allé se loger au niveau de son bas ventre. Les médecins ont extrait la balle que nous avons vu mais malheureusement quatre jours après, elle a rendu l’âme laissant un enfant de quatre mois» a expliqué Soumaila Ouédraogo.

«Que devient l’enfant de quatre mois ?» a demandé Me Prosper Farama, avocat de la grande majorité des victimes constituées en parties civiles.

«L’enfant est là, on se débrouille avec lui. On espère que le Tribunal va nous aider à écrire l’histoire de ce qui s’est passé pour que cet enfant sache demain la vérité» a répondu Soumaila Ouédraogo.

Les témoignages des victimes se sont déroulés dans une salle chargée d’émotion où les avocats des parties civiles et encore moins ceux de la défense ont fait très peu de commentaires.

Ce sont en tout plus d’une vingtaine de victimes qui sont passés ce mardi à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou pour raconter ce qu’ils ont vécu lors du putsch de septembre 2015.

Les récits des victimes se poursuivent demain mercredi 10 Avril 2019 à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou.



Agence d’information du Burkina
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