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Putsch manque de septembre 2015 : « Les vidéos sont d’une telle cruauté », dixit le parquet

Publié le mardi 9 avril 2019  |  Le Pays
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© Autre presse par DR
Le parquet de Paris
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Le vendredi 5 avril 2019, au Tribunal militaire de Ouagadougou, l’heure était toujours au visionnage des vidéos et des photos, éléments de preuve du parquet contre les accusés.

Parquet, défense et partie civile n’ont pas la même lecture des vidéos et des photos, éléments de preuve de l’accusation. Le point d’achoppement est la vidéo d’une heure que le parquet a fait projeter. Selon l’accusation, « les vidéos sont d’une telle cruauté. (…) C’est comme si on arrachait la chair d’une jambe sans anesthésie ». Pour le parquet, rien ne peut justifier le sang versé d’autant plus que la conquête du pouvoir d’Etat se fait par les urnes. « Comment peut-on répondre par des rafales à des provocations de civils qui vous lapident avec des cailloux ? », s’interroge-t-il. Dans cette vidéo il a aussi été fait cas de la destruction du studio Abazon de Smockey, de l’incendie de la radio Lafi de Zorgho et de la visite du RSP à la radio Savane FM. Pour entendre les accusés mis en cause dans ces vidéos, le président les fait venir à la barre. Le premier à répondre est Seydou Soulama : « je n’ai jamais tiré une roquette dans le studio Abazon jusqu’à preuve du contraire ». Quant à Ali Sanou, lui, avant de répondre à la question s’insurge contre le fait qu’on parle « aujourd’hui d’eux comme s’ils étaient inhumains ». Et il précise qu’il y a « des gens qu’on a vu dans les vidéos en train de frapper les gens mais ils ne sont pas ici dans le box des accusés ». Par rapport aux accusations de dégradations de biens, Mohamed Laoko Zerbo aussi s’en lave les mains. Et il affirme que rien ne justifie qu’on ôte la vie à quelqu’un. « Rien ne montre que moi, j’ai mis le feu au studio Abazon. J’ai été à Zorgho mais je ne suis pas entré, et je n’ai pas vu ce qui s’y est passé. Je ne savais pas que c’était une radio. Dans l’un des témoignages, un journaliste a dit que des civils avaient des armes, effectivement mon véhicule a essuyé des tirs », soutient-il. Roger Koussoubé qui a été reconnu à la radio Savane FM et qui n’a pas nié s’y être rendu dit n’avoir pas d’observations à faire. Dans la vidéo du passage du RSP à Savane FM, on voit un soldat du RSP en train de détruire une caméra de surveillance. Lui aussi, pendant l’audition à la barre, a eu à relever avoir détruit une caméra mais c’est la vidéo qui lui a permis de savoir que c’est avec l’arme d’un autre élément qu’il a détruit la caméra non pas en tirant dessus, mais en tapant dessus.

« Un montage d’images de sorte à créer l’émoi »

Appelé à la barre en dernier lieu par le président du tribunal, le général Gilbert Diendéré « déplore ce qu’il a vu. Les morts, les blessés, les dégâts matériels ». Après cette intervention du général, Me Orokia Ouattara, demande la parole. Elle fait comprendre que son client Yahaya Guiré veut revoir la vidéo d’une heure dans laquelle, il apparaît remorquant un autre élément qui tenait une kalachnikov. En tout état de cause, Me Ouattara qualifie la vidéo « d’un montage d’images les unes après les autres de sorte à créer l’émoi ». Dans la vidéo, après l’image de son client suit celle d’une personne gisant à terre en train de se vider de son sang. Selon Me Ouattara, là où son client a tiré et là où on a montré la personne blessée par balles sont deux endroits différents. « Ce n’est probablement pas le même endroit, ni le même jour », annonce-t-elle. Du reste, Yahaya Guiré dit n’avoir obéit qu’à un ordre des officiers sinon il ne serait pas sur le terrain ce jour-là. « Un sergent et un officier, ça vaut ici la Côte d’Ivoire. J’ai reçu des ordres que je ne pouvais qu’exécuter ». Avant de quitter la barre Yahaya Guiré a une doléance : « revoir les textes de façon à ne pas permettre aux subalternes d’exécuter des ordres illégaux venant des officiers ». Au cours de l’audience du 5 avril dernier, Me Stéphane Ouédraogo, avocat de Adama Ouédraogo dit Damiss, demande qu’une vidéo soit visionnée. Une vidéo qui montre les possibilités de manipulation des SMS, le vol des données, la manipulation des e-mails, la manipulation des téléphones sur la base de la connaissance du numéro de téléphone. Et c’est l’expert Younoussa Sanfo, qui démontrait ces possibilités de manipulations au cours d’une émission télévisée. Mais ce qui retient l’attention de Me Stéphane Ouédraogo, « c’est la possibilité de manipuler les données des opérateurs de téléphonie mobile ». Il en déduit que les éléments à caractère scientifique issus des téléphones et autres ne sont pas aussi fiables que l’on peut le croire. Et il évoque même l’existence d’un logiciel qui permet d’imiter la voix avec une marge d’erreur minime. En fait, Me Stéphane Ouédraogo veut faire comprendre que « la voix attribuée à Damiss n’est pas la sienne ». Mais le parquet fait comprendre à Me Ouédraogo que s’il estime qu’il y a eu de la manipulation, qu’il apporte les preuves. Tout compte fait, le parquet fait remarquer que ce n’est pas la seule pièce qui accable l’accusé Adama Ouédraogo dit Damiss. L’audience reprend le mardi 9 avril 2019 parce que les avocats ont demandé à aller soutenir Me Dieudonné Bonkoungou qui a perdu son père, dont les obsèques ont lieu à partir du lundi 8 avril 2019.

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