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Procès du putsch : La défense demande d’écarter les vidéos et audio

Publié le lundi 8 avril 2019  |  Sidwaya
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© Autre presse par DR
le procès du putsch manqué de septembre 2016 reprend ce mercredi 9 mai 2018, à la salle des Banquets de Ouaga 2000
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A l’audience du vendredi 5 avril 2019, dans le cadre du procès du putsch, les différentes parties ont opiné sur les éléments vidéo diffusés le mercredi 3 avril et sur une pièce fournie par l’avocat Stéphane Ouédraogo de la défense.

Dans ses observations sur les pièces à conviction vidéo présentées le mercredi 3 avril, le parquet militaire a relevé que les images sur la radio Savane FM contredisent la déposition des accusés Mamadou Bouda et Roger Koussoubé, à la barre. Le premier, selon lui, n’a pas utilisé un bois pour casser la caméra de surveillance du média comme il l’avait soutenu mais plutôt une kalachnikov.

Et pour le second, on l’a vu avec «ses» hommes en train de ramasser du matériel. «Je sais que j’ai utilisé quelque chose mais la vidéo a prouvé que c’est une arme à feu», a reconnu le sergent-chef Bouda avant de signaler qu’il a pris un risque en le faisant. Son coaccusé Koussoubé, lui, n’a pas fait de commentaire. Le parquet a aussi opiné sur une interview du général Gilbert Diendéré accordée à la télévision France 24.

Il a fait remarquer que cet entretien dans lequel Diendéré a dit qu’ «on ne va pas garder indéfiniment les otages» et parlé des griefs de la Transition, a eu lieu le 16 septembre 2015 et non le 17 comme il l’a affirmé. «Dès le 16 septembre, le coup d’Etat était déjà une réalité. Cet élément vidéo montre que l’attentat à la sûreté de l’Etat a été prémédité et commandité par le général Diendéré», s’est convaincu le ministère public. Il a, en outre, mentionné que les images n’ont présenté que des véhicules de l’ex-RSP stationnés à certains endroits de la ville et que ce sont les seuls militaires de ce groupe qui ont commis les exactions sur les populations.

Revenant sur une intervention de Diendéré sur Radio France internationale (RFI), le parquet s’est réjoui que celui-ci ait fait son mea culpa en déclarant : «Mon plus grand tort a été d’avoir fait ce coup d’Etat». «Quand vous devez entrer en délibération, cette phrase doit vous servir de boussole», s’est adressé la partie poursuivante aux juges du tribunal.

Le procureur a surtout qualifié de cruelles et d’insupportables les images qui ont été projetées. A son avis, on ne peut pas justifier une prise du pouvoir en ôtant des vies humaines. «La conquête du pouvoir d’Etat se fait par les urnes», a-t-il rappelé, avant de souligner que la meilleure défense pour les putschistes, c’est de demander pardon.

Des images omises ?
Appelés à se prononcer sur les observations du parquet, les accusés Seydou Soulama, Laoko Mohamed Zerbo et Ali Sanou ont nié avoir détruit à la roquette le studio Abazon de l’artiste-musicien Smokey ou la radio Laafi de Zorgho. Selon eux, aucune image ne le prouve. «Il y a des gens qu’on a vus dans les vidéos et qui ne sont pas dans le box avec nous», a noté le sergent-chef Sanou.

Quant au général Diendéré, il a rappelé qu’il a toujours déploré les violences dans sa déposition. Par contre, il dit avoir constaté qu’il y a des images que l’on a omises de diffuser, notamment celles de l’aéroport, par contre d’autres qui n’ont rien à voir avec la procédure, en l’occurrence celles des 30 et 31 octobre 2014 ont été ajoutées. Ensuite, Diendéré a été catégorique que son interview sur France 24 s’est passée le 17 septembre après la proclamation du CND.

Après avoir fait repasser les images mettant en cause le sergent Yahaya Guiré, Me Rokia Ouattara de la défense a estimé que le parquet a attribué une barbarie à son client alors qu’il n’en est pas l’auteur. La vidéo montre le sergent Guiré remorquant sur une moto le soldat Abdou Compaoré, bien armé, suivi de l’image d’un homme baignant dans une mare de sang.

Tout en reconnaissant que ce sont eux qui sont dans la vidéo, l’accusé Guiré a dit n’avoir ni utilisé son arme, encore moins tiré sur quelqu’un. Pour lui, la victime était couchée vers l’hôtel Eden Park alors que le tir en l’air de son copilote, Abdou Compaoré, a eu lieu dans les environs du jardin du 8-Mars. Deux endroits totalement différents, selon Me Ouattara et son client.

La vidéo à polémique de Me Ouédraogo
Me Stéphane Ouédraogo, également de la défense, a fourni une vidéo datée du 2 février 2014 et qui a suscité une polémique entre les différentes parties. Il s’agit de l’émission «Ça se passe à la télé» de la RTB, animée par Big Ben et dont l’expert Younoussa Sanfo est l’un des invités.

Celui-ci, à travers des démonstrations épatantes, a interpellé les utilisateurs des téléphones portables sur les risques ou les possibilités de manipulations de leurs données personnelles. Vu le caractère technique de l’élément, le parquet s’est demandé pourquoi l’avocat n’a pas daigné interpeller l’expert lors de son audition.

«Si le parquet s’oppose à la diffusion de la vidéo, on criera à sa mauvaise foi», a-t-il relevé. Sur ce, le tribunal a autorisé le visionnage de la pièce. Se référant aux propos de l’expert qui indique que tous les éléments techniques sont susceptibles d’être manipulés, l’auteur de la vidéo en a déduit que les vidéos et les audio versés au dossier du putsch ont dû être truqués.

La preuve, pour Me Ouédraogo, c’est que son client Adama Ouédraogo dit Damiss n’a pas reconnu sa voix dans l’audio le concernant. Doutant ainsi de l’authenticité de ces pièces à conviction, l’avocat a demandé au tribunal de les écarter purement et simplement. «Toutes les parties, conformément à l’article 156 du Code de procédures pénales, pouvaient demander une contre-expertise sur les audio et vidéos.

Que Me Ouédraogo nous prouve que ces éléments ont été manipulés !», a répliqué le procureur militaire. Embouchant la même trompette, Me Prosper Farama de la partie civile a demandé à Me Ouédraogo d’apporter lui aussi la preuve que sa vidéo n’a pas été truquée. «C’est le jeu de la procédure, mais on ne peut pas tout écarter», a-t-il souligné. Mais la défense n’a pas la même lecture de la pièce produite.

Selon Me Latif Dabo, il est possible que les téléphones aient été manipulés avant d’être soumis à l’analyse de l’expert Sanfo. L’audience a été suspendue. Elle n’aura pas lieu ce lundi pour cause du décès du père de l’avocat Dieudonné Bonkoungou. Elle reprendra le mardi 9 avril à 9h avec l’audition des victimes citées par la partie civile.
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