A l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), le principal parti d’opposition actuellement en France, l’heure est au choix de son champion pour l’échéance présidentielle de 2017. Déjà ! De l’homme choisi, dépend le triomphe ou non à cette élection. Au moment où chez-nous, on reproche à la majorité son flou pour 2015, dans le camp d’en face, celui de l’opposition burkinabè, on ne prend pas non plus le chemin de la clarté.
On peut supposer que le grand adepte du changement sera de la partie. N’est-ce pas ainsi que le chef de file de l’opposition burkinabè a nommé son parti ?
Mais ne s’est-il pas empressé de dire dans les colonnes d’un hebdomadaire africain, que tout deviendra possible sans Blaise Compaoré sur la ligne de départ ?
Il faut donc que cette possibilité du vide soit dit ; toutes choses justifiant les injonctions, voire même les incantations priant le président du Faso de se prononcer.
D’où cette fixation sur le Sénat et ces supputations qu’il servirait à relire l’article 37, qui malheur pour nous ne figure pas sur la liste des articles indéboulonnables. Ah, quelle méprise donc que celle de la Commission qui a revisité de fond en comble notre loi fondamentale consécutivement à la crise de 1998 ? Elle nous a fourré dans un sale pétrin.
Elle la vise ainsi l’ouverture pour le choix de l’homme aux partis devant bientôt désigner leur étalon porte bonheur. Car, en définitive, tout ne revient-il pas aux partis d’introniser celui qui a le plus de chance de les conduire à la victoire et d’avoir le droit de diriger le pays ?
Le voir autrement, serait se voiler la face. Du reste, n’est-ce pas les potentiels candidats qui se plaisent toujours à dire que : « Je reste à la disposition de mon parti » ? N’est-ce pas eux qui disent que le choix revient en dernier ressort aux militants de leur formation politique ?
Le cas Sarkozy
Comment revenir au devant de la scène pour l’ex-troublion du Rassemblement pour la République (RPR), parti créé par Jacques Chirac à la suite de sa rupture avec le président Valéry Giscard d’Esteing ? En tout cas, Nicolas Sarkozy, battu à la présidentielle de 2012 rêve éveillé d’un nouveau duel avec le président actuel, François Hollande. Mais le chemin qui mène à son retour est semé d’embûches.
Son ex-Premier ministre, François Fillon ne veut point en entendre parler et le patron de l’UMP, Jean François Copé se tient à l’affût, lui qui n’a jamais fait mystère de ses ambitions de l’Elysée.
Quoi de plus naturel que d’avoir recours à l’onction du parti sans avoir à affronter une primaire de toutes les incertitudes. D’autant plus que l’UMP n’aime pas ou du moins n’est pas coutumière de cet exercice.
Les stigmates laissées par l’élection à la tête du parti opposant Copé à Fillon, puis celles engendrés par les primaires pour désigner le candidat à la mairie de Paris du parti sont encore trop vivaces qui continuent de fracturer la famille UMP.
A la faveur de l’invalidation de ses comptes de campagne par le Conseil constitutionnel, Sarkozy a trouvé la tribune pour revenir au devant du micro UMP et ainsi tester sa popularité. Son discours prononcé à cette occasion traduit bien cette idée que seuls les partis investissent leur champion.
Il a sans ambages à cette réunion de levée de fonds pour combler le trou laissé par une campagne dispendieuse montré ou tenté en tout cas de montrer qu’il était le choix du parti. Les autres pouvaient remettre leurs ambitions à plus tard.
Le CDP dans son droit
Cette réalité qui fait que seule est belle la victoire se retrouve sous tous les horizons.
Aucun parti, au risque de se faire hara kiri, dans son approche des élections, surtout celle suprême, ne galvaude le choix de son candidat. Certes, ils sont nombreux à croire que l’alternance en Afrique n’est envisageable que dans la limitation des mandats.
Cette conception soulève non seulement son incapacité à organiser les élections propres, mais plus grave peut constituer sur le long terme une menace pour la paix, s’il advenait qu’un candidat se réfugie dans la résistance arguant avoir été grugé de sa victoire.
Aussi, la vraie alternance ne passe-t-elle pas par ce choix incontesté du parti, qui par principe se donne toujours pour représentant à la présidentielle le mieux placé de ses militants pour l’amener au pouvoir ? Ensuite, par une capacité de toute la classe politique à se donner les moyens d’organiser et de conduire des élections transparentes, crédibles, justes et équitables ?
Sinon, il est un chantage vulgaire d’en appeler au désordre, voire à la guérilla urbaine que de subordonner l’alternance à la seule vision d’un camp sur l’autre.
Accréditer ainsi la fragilité du vote du peuple, ou son non sens, parce que tout simplement Blaise Compaoré serait sur la ligne de départ, renvoie sérieusement à une démocratie de façade.
L’histoire électorale de l’Afrique, et même celle du Burkina avec le ballotage du président Lamizana en 1978, laisse à penser qu’une élection, pour peu que chaque camp soit bien organisé et soit porteur de messages limpides répondant aux attentes de l’électeur, n’est jamais pliée d’avance.
Autrement, c’est dire sans autre forme, que tant qu’est là Blaise Compaoré, il ne reste plus pour ceux, chargés de choisir, que l’option d’aller à la pêche.