"Œuvrer pour le maintien de la paix, agir pour aider au développement de la ville de Koudougou, revaloriser les traditions, les us et coutumes positives et rendre la chefferie respectable et respectée". Telles sont les ambitions des chefs traditionnels de Koudougou réunis autour de l’Association Songnaam et livrées aux journalistes au cours d’une conférence de presse tenue le samedi 24 août dernier dans la cour du chef d’Issouka, Naaba Saaga 1er. Au cours de la causette, les bonnets rouges ont précisé qu’ils ne veulent pas créer une crise avec la cour du Lallé Naaba, au regard de la position de celle-ci par rapport à leur association. Ils ont affirmé leur désir de se mettre à l’écart des partis politiques et de toute action partisane.
C’est le président de l’Association Songnaam, Naaba Saaga 1er, chef d’Issouka, qui a lu la déclaration liminaire dans laquelle, les chefs de Koudougou affirment leur désir de s’organiser pour accompagner l’administration. Comment ? En rendant visible l’action de la chefferie traditionnelle et en défendant, en protégeant, en promouvant et en faisant respecter les traditions, les us et coutumes de Koudougou. "Les chefs doivent pouvoir éclairer la route. Donner leur point de vue et rappeler aux dirigeants politiques leur devoir sacré du respect des droits humains. Nous serons des chefs qui forceront le respect", telle peut être résumée la profession de foi des dépositaires des traditions de Koudougou dont l’Association, dirigée par un bureau de six personnes a été reconnue officiellement le 4 mars 2013. Naaba Saaga 1er a fait remarquer qu’il y a le désordre au sein de la chefferie traditionnelle et que désormais aucun membre de Songnaam ne peut être dans les instances d’un parti politique ou être actif dans l’action partisane. "Cependant, nous ne fermons pas nos cours à aucun parti politique", a précisé Saaga 1er. Il a égrené les priorités de leur association et a indiqué qu’ils ont reçu un financement pour mener des actions de lutte contre le VIH/Sida.
Nous ne sommes pas là pour déclarer la guerre au Lallé
Les échanges se sont essentiellement focalisés sur une lettre que le Lallé Naaba a adressée au président de Songnaam dans laquelle il (chef hiérarchique des différents responsables coutumiers de Koudougou et de certains de ses environs, ceux-ci étant intronisés par lui) dit n’avoir pas été associé à la création de l’Association, n’avoir pas reçu les textes que le 10 juin dernier, et donc qu’il ne se sent pas concerné dans cette association de chefs traditionnels de Koudougou. "Le Lallé naaba est très malade et nous prions tous pour sa guérison. Nous savons que cette lettre n’est pas de lui, mais l'œuvre de certaines personnes qui travaillent à la division de la chefferie. Au début de notre entreprise, on a voulu associé les gens du Lallé, mais il y avait des réticences. Nous avons alors décidé de créer la structure et ensuite de travailler à rallier les autres. Le document final a été présenté à sa majesté, le Lallé Naaba, qui a marqué son approbation. C’était en présence du Ouidi Naaba, émissaire du Moogh Naaba. En signe de respect et de considération, nous avons mis le Lallé Naaba comme président d’honneur de l’Association. Mais s’il ne désir pas y figurer, nous pouvons procéder au retrait de son nom", a confié Saaga 1er. Il a insisté sur le fait que leur association a été créée pour mobiliser des fonds et participer aux actions de développement. "Nous n’allons pas répondre à la lettre car nous savons qu’elle n’est pas de Laalé Naaba. Nous ne sommes pas contre le Lallé Naaba et nous ne pouvons pas faire quelque chose qui lui porte préjudice car, nous tous avons reçu nos bonnets de lui", a ajouté le Zakin Naaba. "Nous ne sommes pas là pour créer une crise, ni pour déclarer une guerre aux gens de Lallé. Ceux qui veulent nous amener sur ce terrain ne réussiront pas. Nous voulons travailler au développement et organiser la chefferie et personne ne peut nous en empêcher", renchérit Saaga 1er. Il a précisé que Songnaam compte une dizaine de membres mais qu’avec les nombreuses demandes d’adhésion de chefs de quartiers et villages de Koudougou, leur nombre va vite croître.
Les chefs de Koudougou se sont prononcés sur bien d’autres sujets dont la mise en place du sénat. Sur ce point, Saaga 1er et ses ouailles ont apprécié la décision prise par le chef de l’Etat de suspendre le processus de création et ont souhaité que les décisions qui sortiront de la réunion du Comité de suivi tiennent compte de la paix et de la cohésion nationale. A la fin de la conférence, les coassociés ont rendu visite aux prisonniers de la Maison d’arrêt de Koudougou. Ils leur ont remis des vêtements et des vivres en guise de compassion et de vœu d’une réinsertion réussie.