Sorti vainqueur de la présidentielle du 24 février dernier, par un coup K.-O, Macky Sall a prêté serment, le 2 avril, à Diamniadio dans le département de Rufisque, (une subdivision de la région de Dakar), pour un nouveau mandat de cinq ans, cette fois-ci. Et ce, devant un parterre d’invités de marque dont 18 chefs d’Etat. Pour la circonstance, Diamniadio, la nouvelle ville, s’est parée de ses beaux atours, et inutile de dire que des Sénégalais ne se sont pas privés, ce mardi, d’esquisser des pas de danse au rythme de mbalax, du nom de la musique la plus écoutée du pays. Cela dit, l’un des moments forts de cette cérémonie a été, sans aucun doute, le discours d’investiture du président, qui a permis au nouvel ancien locataire du Palais de la République de donner sa vision de la marche de la nation sénégalaise pour les cinq prochaines années. Si le bilan de son précédent mandat qui a eu comme vade-mecum le Plan Sénégal Émergent (PSE), vaste programme d’infrastructures, et le plan de développement mis en place aux fins de booster le niveau de vie du Sénégalais, a parlé en sa faveur lors de la campagne présidentielle, le président sénégalais s’est fixé pour son dernier mandat, de nombreux défis. En effet, pour le nouveau contrat social qu’il vient de signer avec son peuple, il fait savoir que la jeunesse restera au premier rang de ses priorités. Pas besoin de dire qu’il était effectivement plus qu’attendu sur ce volet quand on sait que le chômage ronge sérieusement cette jeunesse sénégalaise. Un autre sujet important sur lequel Macky Sall ne pouvait faire fi, c’est la réconciliation de la classe politique. En effet, c’est une lapalissade de dire que la présidentielle remportée par Macky Sall, aura laissé des stigmates au sein de la classe politique. Entre violences verbales et physiques, emprisonnements ou élimination de sérieux challengers de la course au fauteuil présidentiel, rigidité des critères à la candidature, le Sénégal s’est fait, entre-temps, peur. Après la tempête électorale, c’était au président de colmater les brèches de sorte à décrisper l’atmosphère politique. Ce faisant, comme il l’avait promis, il s’agit de libérer les prisonniers politiques, notamment l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, et aussi de faciliter le retour dans le jeu politique, de Karim Wade, le fils de l’autre, en exil au Qatar. Il y va de la cohésion sociale. Et Macky Sall le sait bien d’où son appel renouvelé « au dialogue sans exclusive ; un dialogue ouvert et constructif à toutes les forces vives du pays ; forces politiques, économiques et sociales ». Un autre défi du président Sall, c’est aussi le parachèvement de la paix en Casamance qui reste jusque-là une ligne d’horizon. En tous les cas, Diamniadio valait bien un détour pour ces nombreuses têtes couronnées du continent qui ont fait le déplacement de la somptueuse ville. Toute chose qui devrait faire la fierté de Sall dont on ne saurait dire qu’il a été mal élu. Il ne pouvait pas en être autrement dans un pays comme le Sénégal dont la vitalité démocratique devrait mettre mal à l’aise certains chefs d’Etat invités pour la circonstance, comme Denis Sassou Nguesso du Congo, Faure Gnassingbé du Togo, etc. Si le premier est un exemple type de président mal élu, le second a fait de son mieux pour verrouiller toute possibilité d’alternance afin de se maintenir au pouvoir à vie ; d’autres affichent des velléités de sauter la clause limitative de mandat à l’image de Alpha Condé de la Guinée Conakry, qui finit son deuxième et dernier mandat en 2020. A côté des présidents invités de Macky Sall qui ont pris la démocratie en otage dans leur pays, il y a ceux qui s’apprêtent à organiser les élections l’année prochaine. Ce qui fait dire à certains que le président Sall dont le leadership a fait déplacer tant de personnalités à l’occasion de son investiture, pourrait être un bon médiateur dans la sous-région où de nombreux pays ont un rendez-vous électoral en 2020.