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Burkina Faso : La première association transgenre du pays est née

Publié le mardi 2 avril 2019  |  netafrique.net
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© aOuaga.com par A.O
Le Balai citoyen sensibilise les étudiants sur la participation citoyenne
Vendredi 13 Avril 2018. Ouagadougou. Le Balai citoyen sensibilise les étudiants de l`Université Joseph Ki Zerbo sur le théme: Jeunesse estudiantine et Engagement citoyen
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Appuyées contre leurs motos garées à l’ombre, Sabrina et Naomi laissent échapper des rires. Si les deux jeunes Burkinabè arrivent à plaisanter, c’est parce qu’elles se sentent en sécurité. «  Je me sens dans ma peau  », explique Naomi, lunettes au nez et foulard autour du cou. Les deux amies passent, comme souvent, leur après-midi dans les locaux de Rev+, une association qui lutte contre le sida à Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays. Car dans ce lieu, où se côtoient tous les marginalisés de la société, usagers de drogues, prostituées ou encore des membres de la communauté homosexuelle, elles ne se sentent pas jugées. Dehors, les deux jeunes femmes transgenres, âgées de 26 ans, sont plus prudentes. Au Burkina Faso, si la transsexualité n’est pas interdite par la loi, la communauté est largement stigmatisée et discriminée. Naomi évoque des «  lieux publics, où je sais que c’est très dangereux pour moi et [que] je ne fréquente pas  ».

Un contexte difficile de discrimination
«  Ici, on qualifie les femmes transsexuelles de prostituées, on pense que tu veux commercialiser ton corps  », continue-t-elle. «  Donc, en plus d’être malheureuse parce que je suis dans le mauvais corps, les gens me voient comme un homme faible.  » Dans ce contexte, impossible pour les deux jeunes femmes de porter les vêtements qu’elles aiment. «  Je me sens hyper prisonnière  », murmure Sabrina. Toutes les deux essayent donc d’ajouter une touche de féminité à leur tenue masculine : un petit sac en bandoulière pour Naomi et un t-shirt de couleur vive, ouvert dans le dos pour Sabrina. Parfois, les discriminations viennent de la communauté homosexuelle elle-même : «  Comme on s’habille en femmes, ils pensent que c’est nous qui les exposons [à] la violence  », déplore Naomi. Et les associations communautaires ne sont pas en mesure de leur apporter une aide au quotidien. Naomi, qui a longtemps participé aux groupes de paroles réservés à la communauté homosexuelle, se souvient : «  Nos besoins étaient complètement différents  » et cela «  dépassait la compétence des associations  ». «  Nous avons donc voulu créer notre propre univers, où on pourrait se sentir mieux  », raconte-t-elle. Avec Sabrina, elles ont donc pris la décision, en décembre 2017, de créer, à Bobo-Dioulasso, la première association transgenre du Burkina Faso, «  Transgenre Burkina  ».

Le chemin de croix de la création de l’association
Les deux amies ont commencé par élaborer un dossier pour créer légalement leur association. Au départ, «  on a dit qu’on voulait se battre pour la cause des trans. Mais comme c’est quelque chose qui est très mal vu dans la société, notre dossier a été rejeté plus de trois fois  », détaille Naomi. Finalement, les deux jeunes femmes ont dû changer plusieurs termes dans le corps de leurs statuts, notamment sur les questions d’identité du genre. Mais hors de question de laisser tomber ce nom, qui «  nous tenait à cœur  », avance Naomi. Finalement, en janvier 2018, «  Transgenre Burkina  » voit le jour à Bobo-Dioulasso. Depuis la structure, qui compte une cinquantaine de membres, a obtenu ses premiers financements (1,2 million de francs CFA, soit un peu plus de 1 800 euros) et s’apprête à lancer ses ateliers, début 2019, notamment des groupes de paroles et des causeries, sorte de cours sur des thématiques spécifiques (maladies sexuellement transmissibles, identité de genre, etc.). Naomi et Sabrina souhaitent un jour avoir recours à une transformation. Mais toutes les deux pensent que, pour le moment, il faut «  continuer la lutte qu’on a commencée  », conclut Sabrina.

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