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Procès du putsch : Diendéré réclame des audio à sa décharge

Publié le mardi 2 avril 2019  |  Sidwaya
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© aOuaga.com par Halima K
Procès putsch manqué «Je n’ai ni commandité, ni planifié, ni organisé, ni exécuté ce coup de force» (Général Gilbert Diendéré)
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Le lundi 1er avril 2019, au tribunal militaire, des écoutes téléphoniques et des vidéos ont été diffusées dans le cadre du procès du putsch de septembre 2015. Ces éléments ont concerné, entre autres, Fatoumata Thérèse Diawara, le caporal Saboué Massa, le général Gilbert Diendéré, et le colonel ivoirien Zakaria Koné.

Les audio que le parquet militaire a fait diffuser, dans la matinée du 1er avril 2019, ont surtout impliqué l’ancienne belle-fille du général Diendéré, Fatoumata Thérèse Diawara. Celle-ci a beaucoup interagi avec le caporal Saboué Massa et le colonel Zakaria Koné de la Côte d’Ivoire.

Alors que l’armée s’apprêtait à prendre d’assaut le camp Naaba Koom II, le 29 septembre 2015, dame Diawara a, dans une conversation téléphonique avec Saboué Massa, demandé aux militaires de l’ex-RSP de sortir et de tirer sur les chars pour amener leurs vis-à-vis à fuir. «Allumer les gens qui sont là-bas. Si vous limer deux chars, ils vont fuir. Sortez seulement», a-t-elle instruit.

Dans une autre communication en dioula et en français entre elle et le colonel Zakaria Koné, il a été question d’un renfort en hommes ivoiriens pour soutenir les éléments de l’ex-RSP. Le colonel Koné qui parle de recrutement de «chiens» a laissé entendre qu’il a eu l’aval de son patron pour en recenser des milliers.

Et Diawara de soutenir que Diendéré a refusé de faire couler le sang alors que ses adversaires le tueraient s’ils le gagnaient. Dans une autre interaction entre elle et le général Djibrill Bassolé où elle lui apportait son soutien, celui-ci a martelé qu’il n’allait pas se laisser faire et qu’il allait faire éclater le feu si quelqu’un osait l’arrêter.

Appelés à la barre, les mis en cause, Thérèse Diawara, Saboué Massa et Gilbert Diendéré ont dit n’avoir pas d’observations particulières à faire sur les écoutes téléphoniques. Me Babou Bama, l’avocat de M. Saboué rejette cette preuve, car selon lui, elle ne lui a pas été communiquée par le parquet deux semaines avant les débats conformément à la loi.

«C’est aujourd’hui que j’ai su qu’il existait des preuves audio contre mon client. De ce fait, je refuse qu’elles soient versées au dossier», a-t-il souligné. Face à cette demande, le président du tribunal, Seydou Ouédraogo, a indiqué qu’un jugement motivé sera rendu avant la clôture des débats sur la question.

Toutefois, le général Diendéré s’est prononcé de façon globale sur lesdits éléments. Il a relevé n’avoir pas entendu un seul audio le concernant et qui daterait du 16 au 25 septembre 2015. Alors que, selon lui, il a reconnu à la barre avoir échangé avec des personnalités comme le Moogho Naaba, le cardinal Philippe Ouédraogo, l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo, l’ex-ambassadeur des Etats-Unis, Tulinabo Mushingui et même des chefs d’Etat de la CEDEAO. Il a, de ce fait, accusé le parquet de n’avoir pas diffusé ces éléments qui, à son avis, auraient pu le décharger.

«Le parquet n’a jamais créé une pièce pour l’intégrer au dossier. C’est ce que les enquêteurs nous ont transmis et qui intéresse la procédure que nous présentons au tribunal», a rétorqué le parquet militaire.

Une «logique de déstabilisation»
Il a, par ailleurs, indiqué qu’il y a eu bel et bien des audio qui ont concerné «Golf» et qui datent d’avant le 25 septembre, notamment le 23 et le 24. Le parquet a aussi manifesté son étonnement face à l’attitude de Diawara qui incitait les militaires à s’affronter alors qu’elle n’a aucune formation dans le domaine.

«Cet élément prouve à souhait que certaines personnes étaient dans la logique de la déstabilisation. Il y a quel plaisir à détruire des chars et des vies qui y sont ? C’est révoltant», a-t-il déploré. Pour sa part, la partie civile a mentionné avoir du mal à comprendre pourquoi le général Diendéré dit ne pas se reconnaître dans les éléments à charge qui sont diffusés et en même temps, il soutient n’avoir pas entendu les conversations qui seraient à sa décharge.

«Cela veut dire que les audio diffusés sont les siens», a déduit Me Pierre Yanogo. Me Latif Dabo de la défense, a, de son côté, critiqué la forme de certains éléments sonores et signalé que d’autres n’ont ni de date ni d’heure. Toute chose qui, à son avis, met en doute ces audio.

Dans une autre communication entre le capitaine Abdoulaye Dao et un certain Ilboudo, datée du 25 septembre, celui-ci incite l’officier à faire prendre le Nord du Burkina Faso par des Touaregs et suggère de faire une entrave au désarmement.

Selon le parquet, le fait que l’officier ne dise rien sous-entend son consentement tacite de ce qui est recommandé. «Ceux qui ont dit que le RSP était une milice n’ont pas exagéré», a estimé le ministère public. Dans cette communication, le capitaine Dao a évoqué son désespoir face à l’attitude des partis politiques (le Front républicain).

«Nous avons fait notre travail et ils ont même été noyés par l’argent envoyé par le général Vagondo de la Côte d’Ivoire, mais eux qui nous avaient promis le soutien des amis politiques n’ont pas respecté la part du marché», a déploré le capitaine. C’est une démonstration de la connexion logique entre l’aile politique (le Front républicain) et l’aile militaire, l’ex-RSP, a fait remarquer le ministère public.

«A travers cette interaction, Dao montre toute sa déception par rapport à l’aile politique, car elle s’est avérée incapable de faire son travail», a souligné M. Kam. «De ce fait, il faut trouver un autre ressort pour monter», a soutenu Dao. A écouter l’avocat, cette déclaration a été démontrée par l’engagement fort et le refus de désarmer du RSP au moment des faits. Un autre élément sonore a attiré l’attention du tribunal, celui du témoin Halidou Sawadogo avec son interlocuteur Nicodème Bassolé.

A la barre lors de son témoignage, celui-ci a déclaré avoir remis 5 000 000 F CFA à Diendéré-Fils parce que la famille avait des soucis financiers. Pourtant l’interaction a expliqué clairement que c’est un soutien du général Djibrill Bassolé au coup de force. «Il faut prévenir Bassolé, car c’est cette version que je vais donner à la barre», a confirmé M. Sawadogo.

C’est pourquoi, la partie civile a relevé que le témoin a fait un faux témoignage et il doit être poursuivi pour cet acte. C’est le communiqué de Minata Guelwaré diffusé le 17 septembre 2015 sur les ondes d’une radio de la place qui a clos la série des éléments sonores. Dans son appel, elle a invité la population à soutenir le putsch et le mouvement pour la rectification de la démocratie.

Lequel communiqué a été repris en langue mooré et dioula pour une large diffusion. Mais dans sa ligne de défense, l’accusé ne reconnaît pas cette preuve. De l’avis de son avocat, Silvère Kientarbouboum, cette pièce est du faux et par conséquent, ni lui, ni sa cliente ne la reconnait. Dans la suite des présentations de preuves, place a été faite aux éléments vidéos.

La hiérarchie militaire doit comparaître
La 1re partie des vidéos a concerné l’arrivée des présidents Sénégalais, Macky Sall et Béninois Yayi Boni à l’aéroport, la résistance au coup de force par des manifestants dans les villes de Dédougou, Fada et Ouahigouya, la rencontre du général avec les Secrétaires généraux (SG) des ministères et celle entre Macky Sall et les soldats du RSP.

Contrairement à son refus d’assumer la responsabilité du coup d’Etat, aux dires du parquet, sa rencontre avec les SG des ministères démontre qu’il en était responsable. «D’ailleurs au cours d’une interview, il a affirmé avoir libéré le président Michel Kafando et il envisageait libérer l’ex-Premier ministre d’ici là.

Mieux, il a informé vouloir tenir une rencontre avec les différents partis politiques», a précisé le parquet. Mais le général voit en ces images, l’implication de la hiérarchie militaire dans ce coup d’Etat. «Lors de l’arrivée des chefs d’Etat, toutes les dispositions habituelles ont été prises, c’est-à-dire la présence des chefs d’états-majors de l’armée, la fanfare et la gendarmerie ainsi que les SG», a-t-il soutenu.

Et Me Séraphin Somé d’observer que quand il s’agit des éléments à charge, le général s’emmure dans la dénégation, cependant, il tente à tous les coups de faire inculper ces promotionnaires de la hiérarchie militaire.

«Alors que dire de ceux de la Côte d’ivoire et du Togo qui lui ont apporté leurs soutiens matériels et financiers ?», a demandé Me Somé. Me Latif Dabo a rétorqué qu’aucun élément dans ces vidéos ne démontre la culpabilité de leur client. «D’ailleurs, le général est toujours resté constant dans sa déposition», a-t-il mentionné.

Mady KABRE &
Fleur BIRBA
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