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Sidwaya N° 7487 du 27/8/2013

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Editorial

Un narcissisme suicidaire
Publié le mardi 27 aout 2013   |  Sidwaya




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« Où le choix commence, finissent le paradis et l’innocence », disait Arthur Miller en février 1964 dans le journal Saturday Evening Post. Les leaders du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) ne seront pas innocents dans l’implosion de leur formation politique si cela se produit. Le spectacle médiatique qu’ils se livrent inquiètent les observateurs de la scène politique ivoirienne. La bataille pour le contrôle du parti de feu Félix Houphouët Boigny est lancée et les prétendants sont nombreux. Kouassi Yao, Kouadio Konan Bertin, Henri Konan Bédié et Alphonse Djédjé Mady, ce sont là les quatre prétendants à la présidence du parti. Si certains pensent que « c’est un signe de liberté démocratique qu’il y ait des candidats », on peut y voir que le risque que le parti sorte fragilisé de son prochain congrès. Henri Konan Bédié, l’actuel président du PDCI-RDA, a fait le choix de demeurer chef du parti, bien qu’il soit bloqué par la limite d’âge fixée dans les statuts du parti. Alphonse Djédjé Mady, l’actuel secrétaire général, a affiché de façon officielle, le mercredi 21 août 2013, sa volonté de devenir président du parti de l’éléphant. Qui va donc renoncer à son choix pour éviter des fissures dans la maison PDCI au prochain congrès du parti prévu du 3 au 5 octobre 2013 ?
Il y a lieu, cependant, de déplorer le forcing du président Henri Konan Bédié. L’Article 35 du Statut du parti définit clairement les critères de candidature au poste de président du PDCI-RDA. « Le candidat à la Présidence du PDCI-RDA doit : être ivoirien ; être âgé de 40 ans au moins et de 75 ans au plus ; être à jour de ses cotisations ; avoir été membre du Bureau politique pendant au moins dix ans ; s’acquitter d’une contribution au financement du Congrès », telles sont les dispositions dudit article. Le président Bédié est aujourd’hui âgé de 79 ans. Même s’il remplit les autres critères prévus par l’Article 35, celui relatif à la limitation d’âge ne lui permet point de briguer un nouveau mandat. Selon les dispositions actuelles du statut, le président Bédié ne peut en aucune manière être candidat. Il s’est fait prendre à son propre piège ! Selon le secrétaire général du parti, Alphonse Djédjé Mady, la clause d’âge qui n’existait pas auparavant a été introduite par le président Bédié lui-même, après la mort de Félix Houphouët-Boigny. L’homme vient d’être rattrapé par ses propres textes. En pareille situation, il est certain que des inconditionnels de M. Bédié le pousseront au charcutage des textes pour les adapter à sa personne sans véritablement mesurer les conséquences d’une telle gymnastique.
Si l’on tient compte du fait que Bertin Kouadio Konan dit KKB, le président de la jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire exige lui aussi le respect des textes, il y a fort à parier qu’il y aura un clash dans ce projet de candidature de M. Bédié. S’il persiste, il faudra « des règles démocratiques » afin de permettre à tout militant de « briguer » la présidence du PDCI, prévient KKB, député de Port-Bouët. Allons-nous assister à la partition du PDCI-RDA créé en 1946, par feu Félix Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire ? Possible.
Mais que cherche Henri Konan Bédié à qui on prête l’intention de modifier les statuts du parti pour se représenter ? L’homme a en effet tout eu. Les honneurs d’un président de la république, ceux dus à un leader de grand parti, Henri Konan Bédié en a eu. Au niveau du PDCI-RDA, il est une référence et peut même être un président d’honneur consultable à souhait. Pourquoi alors brader toute cette estime pour créer une situation regrettable pour le parti ? Si c’est dans la perspective de se positionner pour l’élection présidentielle de 2015 que les hauts responsables du parti de l’éléphant se battent déjà, les autres partis ne peuvent qu’applaudire. Car devant eux « c’est maïs ». Le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara, le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo et bien d’autres formations politiques, accueilleront sans doute de nombreux transfuges. Du coup, ce sont les chances du PDCI-RDA de remporter la présidentielle de 2015 qui voleront en éclats. Est-ce cette situation que recherchent les héritiers du Président Félix Houphouët Boigny ?
Il n’y a pas de honte à abandonner un projet inapproprié et destructeur. En tant que sage reconnu au-delà des frontières ivoiriennes, Henri Konan Bédié gagnerait à préserver son image et à privilégier l’intérêt du parti en ne violant pas les textes. Sans modification des textes, le PDCI aura un président consensuel à l’issue de son congrès. Se prendre pour un envoyé de Dieu pour diriger le PDCI, penser que nul ne peut diriger le PDCI « si ce n’est moi », c’est faire preuve d’un narcissisme politique suicidaire.
En tous les cas, les “éléphanteaux” aux défenses longues et pointues menacent d’affronter “le patriarche” s’il tente de demeurer président du parti. Il est souvent sage d’écouter sa propre conscience, au-delà des “sages conseils” des griots et autres courtisans. La fissure du PDCI-RDA n’arrangera ni Bédié ni les autres leaders car aucun d’eux n’accèdera au fauteuil présidentiel en 2015 avec un parti en lambeau. Ils peuvent tous rêver d’un destin présidentiel mais en attendant, leur bagarre profitera à l’actuel chef de l’Etat pour qui un boulevard est en train d’être construit, sans frais aucun, par les protagonistes du PDCI. Vont-ils prendre conscience de leur erreur avant octobre prochain ? Pas si sûr. La seule certitude, c’est qu’ils seront coupables de la cassure du parti sexagénaire, au nom des intérêts égoïstes. Et comme à l’approche des échéances électorales il ya souvent des querelles au sein des partis, l’on peut déjà se demander à qui le tour dans le paysage politique ivoirien après le PDCI ? En tous les cas, mieux vaut arriver à la fin d’un repas qu’au commencement d’une querelle !.

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