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Le Pays N° 5427 du 26/8/2013

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Mise en place du Sénat : Des Burkinabè du Sénégal contre
Publié le mardi 27 aout 2013   |  Le Pays


Marche-meeting
© Autre presse par Bénéwindé Bidima
Marche-meeting de l`opposition contre le Sénat
Dimanche 28 juillet 2013. Ouagadougou. Des élections ont été organisées pour élire les représentants des collectivités territoriales au futur Sénat


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Ceci est une déclaration de Burkinabè vivant au Sénégal sur la mise en place du Sénat. Ils se disent fermement opposés à la mise en place de cette institution qui divise déjà les Burkinabè.

Chers compatriotes, acteurs du débat politique national, acteurs de la société civile burkinabè,

La situation sociopolitique burkinabè, depuis quelques mois, est sujette à des tensions et à des soubresauts relatifs à la création du Sénat et à celle de la vie chère. Ces questions, et principalement celle relative à la création du Sénat, clive actuellement notre nation et met, face à face, deux blocs : l’un favorable et l’autre défavorable à l’institution de cette deuxième Chambre du Parlement.
Au-delà du fait qu’il paraît évident que le débat n’a pas été mené de la façon la plus large possible, nous observons que les uns et les autres usent de multiples moyens pour affirmer leurs positions. Et ces dernières semaines, ce bras de fer qui, jusque-là, se déroulait dans un certain cadre, s’est déporté dans la rue, attisant encore plus les passions et donnant lieu à un climat social de plus en plus délétère.
Les revendications relatives à la vie chère, quant à elles, durent depuis déjà quelques années et viennent s’ajouter à ce bras de fer entre les forces de l’opposition et celles de la société civile d’un côté, et celles de la mouvance présidentielle de l’autre.
Cette situation nationale n’est pas sans préoccuper la diaspora burkinabè de façon générale et celle vivant au Sénégal de façon particulière.
Au-delà du fait que tout ce qui se passe dans notre pays est d’un grand intérêt, la situation sociopolitique actuelle revêt une importance particulière pour nous, membres de cette diaspora vivant au Sénégal. Au regard de la particularité de la situation, il est clair qu’il nous faut donner notre point de vue, participer au débat et ne pas se complaire dans une posture d’observateurs somme toute stérile.
Il y a des situations qui exigent que tous les fils et filles de la nation, où qu’ils se trouvent, prennent part au débat.
J. F. Kennedy avait, sans doute raison de dire qu’ « il ne faut pas se demander ce que peut faire notre pays pour nous, mais plutôt ce que nous pouvons faire pour notre pays » ; et, dans la situation actuelle, nous pouvons et devons donner notre point de vue, notre position sur le débat qui se déroule actuellement dans notre patrie parce qu’il s’agit là, non d’une question politique au sens partisan du terme, mais bien plus : il s’agit d’une question d’intérêt national. Tel est l’objet de la présente déclaration.
Sur cette question de la création d’un Sénat qui bipolarise notre communauté au niveau national, nous, membres de la diaspora burkinabè vivant au Sénégal et signataires de la présente, au-delà de tout clivage partisan, marquons, par cette déclaration, notre opposition à la création d’une deuxième Chambre parlementaire au Burkina Faso, et ce, pour plusieurs raisons.

En premier lieu, la création d’un Sénat ou d’une deuxième Chambre au sein d’un parlement répond à un besoin qui s’exprime généralement dans le cadre d’Etat où le processus de décentralisation est achevé et où le besoin de représentativité des territoires (collectivités) dans la sphère décisionnelle centrale devient une nécessité. Tel n’est pas le cas du Burkina Faso qui, au jour d’aujourd’hui, ne connaît pas une décentralisation achevée, dans la mesure où, la question du transfert effectif, tant des compétences que des ressources de l’Etat central vers les entités décentralisées, est au moins en cours, pour ne pas dire inachevé et imparfait. De ce fait, un Sénat n’est pas un besoin pour notre pays. Il est encore plus nécessaire et urgent de bien conduire à son terme le processus de décentralisation et de ne pas se contenter d’une décentralisation de façade.

Deuxièmement, l’une des raisons évoquées pour la création d’un Sénat est le besoin d’approfondir la démocratie et d’offrir de nouveaux cadres au débat démocratique national. Nul ne saurait s’opposer à l’amélioration de la démocratie burkinabè. Il se pose simplement la question de savoir comment.
Il est certain que, tel qu’il est envisagé, le Sénat ne peut en aucun cas être la réponse à un tel besoin ; bien au contraire, il détériorerait cette démocratie car, la composition envisagée consacre une mainmise de l’Exécutif sur le Législatif, matérialisée ici par la nomination d’une grande partie des sénateurs par le président du Faso (Chef de l’Exécutif), alors même que la démocratie exige une séparation des pouvoirs. Comment améliorer la démocratie si l’on travaille à amoindrir le peu d’indépendance dont dispose le parlement ?

Nous, diaspora burkinabè au Sénégal, disons fermement que la démocratie burkinabè gagnerait à être approfondie entre autres, par l’amélioration des institutions déjà existantes qui, aujourd’hui, il faut le reconnaître, ne fonctionnent pas comme elles le devraient :
- par la consécration d’une véritable indépendance de la Justice, toute chose qui permettrait d’améliorer le climat social mis à mal en partie par un fonctionnement peu satisfaisant de la Justice ;
- par l’amélioration de notre processus électoral afin qu’il soit plus transparent. Notre démocratie serait également meilleure avec une Assemblée nationale qui va vraiment jouer son rôle de contrôle de l’action gouvernementale et non pas une Assemblée aux ordres, où le débat n’existe pratiquement pas.

En troisième lieu, la création d’un Sénat va engendrer des coûts supplémentaires au budget de l’Etat. Il s’agit d’une institution budgétivore alors qu’il y a des dépenses plus urgentes. Il y a notamment l’enseignement supérieur qui demande moins de fonds pour son bon fonctionnement ; le domaine de la santé demeure également une priorité pour des Etats comme le Burkina Faso.
Il est certain que, si les fonds alloués au Sénat étaient orientés vers ces secteurs non exhaustifs ci-dessus cités, notre pays ferait plus qu’un pas de géant dans la voie de développement ; toutes choses auxquelles il faut ajouter que la suppression de la Chambre des représentants, il y a quelques années, répondait, selon le gouvernement, à un besoin de diminuer les charges de l’Etat aux fins d’une réorientation de ces fonds vers des secteurs qui en avaient le plus besoin. La situation n’est pas non plus meilleure de nos jours. Bien au contraire, elle s’est aggravée et une gestion efficiente de nos ressources est plus que jamais nécessaire.

Quatrièmement, les institutions dans une République démocratique n’ont de sens que si elles améliorent le quotidien des populations qui les acceptent ou même les réclament. Pourtant, depuis qu’il est question de mettre en place d’un Sénat, innombrables sont les voix qui se sont élevées et qui s’élèvent toujours pour marquer leur opposition à ce projet. Jamais dans l’histoire récente du Burkina, une telle opposition ne s’est manifestée face à la création d’une institution. Il est clairement établi qu’une grande partie de la population, si ce n’est la majorité, est hostile à ce projet. Etant donné que la définition la plus partagée de la démocratie est « le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple », il sied d’écouter ce peuple dont une très grande partie s’oppose à la création de cette institution.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres, nous manifestons dans cette présente, notre ferme opposition à la création du Sénat.
Nous apportons notre soutien à nos compatriotes qui, sur le territoire national et ailleurs, continuent de manifester leur opposition à ce projet qui n’a pour seul mérite que d’attiser les passions et de mettre en danger la paix sociale aux lendemains de la crise sociopolitique de l’année 2011 ; le tout dans un contexte où l’autorité de l’Etat est remise en cause à la moindre occasion.

Il est clair qu’à l’approche de l’année 2015 (échéance électorale présidentielle), la question de la création du Sénat ne saurait être abordée sans la prise en compte des différentes déclarations de certains responsables politiques appelant à réviser les dispositions de l’article 37 de la Constitution ; lesquels appels ont été relayés lors de la marche dite pour « la paix et la démocratie » le 6 juillet dernier.
Notre lecture est que de tels appels, de telles velléités ne vont ni dans le sens de la paix sociale ni dans celui de la consolidation de la démocratie, pourtant argument n°1 des pro-Sénat.

Chers compatriotes, messieurs les acteurs de la vie sociopolitique nationale burkinabè, tenant compte du fait :

- Que la limitation du mandat présidentiel est l’expression d’un consensus politique intervenu à un moment ou la paix sociale était menacée et que ledit consensus a participé à sauvegarder ;
- Que la limitation participe à l’enracinement de la démocratie dans notre pays en favorisant l’alternance et en empêchant la patrimonialisation du pouvoir d’Etat ;

nous, membres de la diaspora burkinabè au Sénégal, marquons notre opposition ferme à toute tentative de modification de l’article 37 de la Constitution burkinabè.

Eu égard à tout ce qui précède, les signataires de la présente déclaration dite
« déclaration de Dakar », en appellent à l’esprit de responsabilité des autorités actuelles de notre pays pour qu’elles s’inscrivent dans la logique de la préservation de la paix sociale et d’un climat social apaisé. Qu’elles entendent et écoutent ces nombreuses voix du peuple parmi lesquelles les nôtres, qui s’élèvent pour dire :

Non au Sénat !
Non à la modification de l’article 37 !
Non à l’expulsion et à la répression des étudiants ! »

Fait à Dakar le 10 août 2013

Humblement, des citoyens burkinabè vivant au Sénégal :

Abembou Mohamed Baipaki Ba Youssouf Ben Nassirou Birba Boukary
Boly Rachid
Bonkoungou W. Brice
Bonsara Dramane
Bouda Flora
Congo Cynthia
Diala Fidelia
Diallo Oumou Djénéba
Doukouré Mariam
Gouba Daniel
Guiré Dorice
Konaté Yaya
Konfé Néma
Lompo Yentema Samuel Nitiéma Gaspard
Nitiéma Guy Bertrand Ouangraoua Patrick Ouattara Malik
Ouédraogo Djamila
Ouédraogo Melisa Ouédraogo Rachid
Sanogo Souleymane
Sanou Abel
Soro Ismaël
Soubeiga Brice Gaël Tapsoba Alexis
Tapsoba Carole
Tarpaga Ismaël
Thombiano Rodrigue
Toé Alex
Toé Yann
Tou Diakardia
Tougma Clovis Arnaud Traoré Daouda
Yaméogo Carole
Yaméogo Edgar
Zallé Josiane
Zongo Roland
Zongo Tatiana

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