Le sort du Mali fait l'objet de tous les débats au sein de la communauté internationale. A Bamako, des élus et membres de la société civile des régions occupées du nord se sont réunis pour des échanges sans tabou.
Il y a Dupont et Dupont, qui se répètent à l'infini, et il y a Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra, qui se contredisent sans cesse.
Quand le président de la transition assure que les régions occupées du Mali seront libérées «dans très peu de temps», le Premier ministre pense que cela prendra «des années».
Quand Dioncounda Traoré annonce que «notre premier choix reste le dialogue et la négociation», Cheick Modibo Diarra pense plutôt que «le temps pour ces négociations est passé».
Cette dernière différence de point du vue se ressent en réalité à l'échelle de la population, comme l'ont montré les Assises de l'occupation, organisées les 3 et 4 octobre à Bamako par la Coalition pour le Mali. Thème principal:
«Comment l'occupation est vécue par les populations du Nord du Mali.»
Et un thème complémentaire surgit: êtes-vous pour ou contre une intervention armée?
Des Touaregs et des Arabes à Bamako
En l'absence d'initiatives officielles (concertation nationale sans cesse repoussée), les rencontres proposées depuis plusieurs mois par ce regroupement qui se veut apolitique constituent les seuls cadres de témoignages, de débats et de propositions pour les acteurs du nord du pays, occupé depuis avril par des groupes armés djihadistes.
Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas vu dans un hôtel de la capitale malienne autant de Touaregs et d'Arabes enturbannés. Beaucoup avaient quitté Bamako, dès le début de l'année, après des émeutes à caractère raciste.
«Entre ceux qui continuent de privilégier le dialogue, ceux qui ne croient plus au dialogue, ceux qui croient que l'action militaire inévitable est la seule option, et ceux qui croient que des élections et un gouvernement élu sont les préalables à toute action, il est urgent que la volonté et la voix du Mali soient entendues clairement, nettement sans ambiguïté», a déclaré Tiébilé Dramé, cerveau des Assises, lors du discours d'ouverture.
Plusieurs heures de témoignages parfois houleux d'élus et de membres de la société civile ont rompu avec l'inertie qui prévalait jusqu'à présent.
On a pu entendre des éclats de voix, des huées et des déclarations sans langue de bois. Comme cet habitant de Gao, qui a lancé aux représentants des Etats-Unis assis au premier rang:
«Il n'y aura pas d'élections au Mali sans le nord.»
Les Etats-Unis ont plusieurs fois réclamé des élections, même imparfaites, avant toute intervention.
Ou comme cet autre intervenant, accusant l'Occident:
«C'est à cause des Etats-Unis et de la France qu'on en est là, ils n'ont qu'à venir régler le problème!»
Des opinions peu partagées par la salle. Que peut-on donc retenir de toutes ces interventions?