Jusqu’à quand assistera-t-on encore à la persistance de la pratique de l’excision dans notre pays ? Pourra-t-on un jour assister à sa fin ? Bien malin qui saura y répondre tant le phénomène persiste et a la peau dure. En effet, 28 filles ont payé les frais de cette pratique d’une autre époque dans la commune de Nobéré, province du Zoundwéogo. Une situation qui a indigné plus d’un, si fait que l’Association jeunesse unie pour l’éradication de l’excision (JEUNEE) a fait une déclaration en appelant les parents à plus de responsabilités. Le Burkina Faso, il faut le reconnaître, a pris le problème à bras-le- corps ces dernières années. Il n’y a qu’à voir les ONG et autres associations qui ont fait de la lutte contre la pratique de l’excision leur cheval de bataille, pour s’en convaincre. Des autorités religieuses et même coutumières ont apporté leur touche à la lutte contre le phénomène à travers leurs sorties dans les médias. Autant d’actions qui peuvent pousser à affirmer, sans risque de se tromper, qu’on assiste, dans une certaine mesure, à un recul du phénomène. Mieux, dans les grandes villes, le phénomène a tendance à disparaître. Cependant, il ne faut pas tomber dans l’autosatisfaction car, malgré les multiples campagnes de sensibilisation et les efforts fournis pour venir à bout de cette pratique, le mal est toujours là, têtu. Et c’est surtout dans les villages et campagnes qu’il persiste. Mais cette persistance de la pratique peut avoir plusieurs explications. D’une part, il y a le poids de la tradition, de la culture. Quoi que l’on dise, l’environnement culturel est une réalité et il y a des individus tellement attachés à leurs traditions qu’il est difficile, voire impossible de leur ôter quoi que ce soit de la tête. Il faut trouver les mots justes pour leur faire entendre raison. D’autre part, il y a ceux qui ont fait de la pratique un métier. L’excision, il faut le dire, est une véritable machine pourvoyeuse de sous pour ses pratiquantes. Abandonner la pratique représente aux yeux de ces dernières, une porte ouverte à la misère. Certes, les autorités burkinabè ont opté pour la stratégie de reconversion des exciseuses. Mais il reste que le phénomène perdure. Il y a aussi ceux qui se rendent complices de ces actes. Engagés parfois sur tous les fronts de la lutte, certains hauts fonctionnaires n’hésitent pas malgré tout à envoyer leurs propres filles au village pour subir ces pratiques et ce, avec la complicité des membres de leur famille. C’est tout simplement dommage. Dans tous les cas, il faut accentuer la sensibilisation. Mais celle-ci doit aller au-delà des simples discours et autres messages. Il faut multiplier les caravanes dans les différentes localités, choquer avec des images afin de montrer tous les méfaits de l’excision. Cette bataille ne peut être menée qu’avec le concours des médias, dans toutes leurs composantes. Il faut présenter des images fortes, et pourquoi pas choquantes, le but étant d’amener les populations à prendre davantage conscience. Tant qu’on se limitera à des discours et à des messages, la sensibilisation risque de ne pas porter haut. Les autorités religieuses et surtout coutumières doivent nécessairement apporter leur contribution à la lutte contre la pratique, elles dont le pouvoir de persuasion n’est plus à démontrer. La lutte doit être menée à tous les niveaux afin d’aboutir in fine à une génération sans excision.