Depuis 1990, le 20 mars de chaque année, est célébrée la Journée internationale de la Francophonie. Une date choisie en commémoration de la signature, le 20 mars 1970, à Niamey, au Niger, du Traité portant création de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) qui deviendra plus tard l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). La célébration de cette journée est donc dédiée à la langue française qui compte plus de 300 millions de locuteurs à travers le monde sur les sept milliards d’habitants de la planète. C’est dire la place qu’occupe le français qui, dans le classement des langues les plus parlées dans le monde, vient après le mandarin (chinois), l’anglais, l’espagnol et l’hindi. C’est donc fort logiquement que la Francophonie a été perçue, dès le départ, comme un instrument de promotion de la langue française dans le monde. Et c’est de bonne guerre. Mais elle portait aussi le péché originel d’être perçue par certains comme un prolongement déguisé de la domination de la France sur ses ex-colonies, surtout africaines. Et dans une certaine mesure, elle peine quelque peu encore à se départir de cette image, même si, aujourd’hui, elle a pris beaucoup plus d’envergure. Cela dit, sous un certain angle, le français apparaît comme une langue menacée. Mais grâce à l’Afrique où la France compte de nombreuses anciennes colonies, la langue française tient encore la route. Mieux, elle respire et vit à travers certains africanismes qui sont de plus en plus acceptés comme autant de néologismes qui lui donnent encore de la couleur. Et à l’occasion de la célébration de cette journée, plusieurs activités sont organisées à travers le monde. Cette année, ce sont plus de 1500 événements qui sont au programme de la semaine de la Francophonie qui se tient depuis le 17 mars dernier et qui se poursuit jusqu’au 25 mars, en marge de la célébration de la journée internationale.
La Francophonie devrait peser davantage dans la prise de certaines décisions
Ainsi, du Vietnam en Argentine en passant par l’Estonie et l’Afrique du Sud, la langue française sera à l’honneur à travers des activités diverses qui vont du conte au slam en passant par la poésie, la dictée et autres représentations culturelles et musicales. Cette année, la tradition est donc encore respectée. Et à l’occasion de la célébration de cette journée, la Secrétaire générale de la Francophonie, la Rwandaise Louise Mushikivabo, a lancé la formule suivante : « En français… s’il vous plaît », reprise par des milliers de francophones. A travers ce slogan, Mme Mushikivabo entend véhiculer l’image d’une langue moderne, apte à nommer toutes les réalités du monde d’aujourd’hui, que ce soit dans les domaines du numérique, de l’économie, des sciences, des médias, etc. Cela dit, au-delà de la promotion de langue française et des valeurs de brassage et de dialogue de cultures qu’elle promeut, la Francophonie devrait peser davantage dans la prise de certaines décisions. Mais pour cela, il lui faudrait aller au-delà des mots. D’où la nécessité, pour elle, de se rendre plus visible à travers des actes concrets qui vont au-delà des célébrations traditionnelles de cette journée, devenues à la limite folkloriques. Au-delà des déclarations et autres prises de position de principe, la Francophonie devrait peser davantage dans la prise de certaines décisions, pour un meilleur ancrage de la démocratie, particulièrement en Afrique, avec son corollaire de liberté d’expression et d’opinion, et de respect des droits humains encore largement en souffrance dans de nombreux pays du continent. D’autant plus que face à ces fléaux, la communauté internationale semble faire preuve d’impuissance.