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Procès putsch manqué : Les pièces à conviction s’invitent à l’audience

Publié le mercredi 20 mars 2019  |  Aujourd`hui au Faso
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© Autre presse par DR
Procès putsch manqué: les avocats de la Défense à madame le premier président de la Cour de cassation
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Hier mardi 19 mars 2019, Younoussa Sanfo était toujours face au tribunal. pour son deuxième jour de témoignage, l’ingénieur informaticien a eu maille à partir avec certains avocats de la défense notamment Me Dieudonné Bonkoungou qui s’est dit persuadé qu’il y a un lien entre la réquisition à personne qualifiée et le travail produit par l’expert. Il a également été question à cette audience de la communication de pièces (relevés téléphoniques) concernant des accusés et de la présentation des pièces à conviction.

Convoqué le lundi 18 mars à la barre en qualité de témoin, l’expert en investigation électronique Younoussa Sanfo a poursuivi son témoignage hier. A l’ouverture de l’audience, la parole a été retournée à Me Dieudonné Bonkoungou qui détenait le micro au moment de la suspension du lundi. Se basant sur un certain nombre d’actes posés par l’expert avant et après sa commission, l’auxiliaire de justice qui, depuis le début de ce procès ne cesse de critiquer la procédure à renouer avec ses vieilles habitudes. Après avoir vérifié d’abord auprès du témoin s’il a envoyé un SMS à son client en l’occurrence le capitaine Abdoulaye Dao pendant les événements des 16 septembre et jours suivants, il s’étonne que ce message n’apparait pas dans le rapport. «Si votre message ne figure pas dans le dossier, vous pouvez aussi exclure d’autres qui sont importants pour la manifestation de la vérité», déclare-t-il. Et d’ajouter qu’il y avait des accointances entre l’expert et des autorités politiques, administratives et religieuses…de l’époque. Et il se convainc qu’il y a un lien entre la réquisition à personne qualifiée du juge d’instruction et le travail produit par le sieur Sanfo. «Cette personne ne peut pas se retrouver en expert et faire un travail en toute âme et conscience, et en toute impartialité», foi de l’homme de droit. Si Younoussa Sanfo reconnaît avoir envoyé un SMS au capitaine Dao il précise que cela s’est fait dans le sens de l’apaisement de la situation. Tout en soulignant qu’il n’a rien à cacher, il affirme que son message demandait au commandant du Groupement des unités spéciales (GUS) du RSP de décrocher les appels de Monseigneur Paul Ouédraogo et du président du CNT Chériff Sy. Répondant par la suite à Me Zaliatou Aouba qui a demandé de savoir pourquoi les téléphones portables de ses clients Sidi Lamine Oumar et l’adjudant Michel Birba n’ont pas été expertisés, l’expert s’est voulu clair sur ce point : «Je ne demande pas à expertiser un portable. C’est le juge qui me remet des téléphones à expertiser». En plus, il fait savoir qu’il ne peut en aucun cas donner des instructions au juge.

Des relevés téléphoniques qui irritent des accusés et leurs conseils

Prenant la parole, le ministère public dénonce la stratégie de certains avocats de la défense qui se basent sur le contrat signé par l’expert Sanfo pour critiquer le rapport. «Si la défense n’a pas trouvé nécessaire de demander un contre-expertise cela veut dire qu’elle était en phase avec le travail. Mais quand elle a senti l’étau se resserrer contre elle, elle s’est ravisée sur le marché», déplore le parquet. S’il y a un accusé qui ne cesse de rejeter avec force ce rapport d’expertise, dénonçant un complot contre sa personne c’est bien le lieutenant K. Jacques Limon. En rappel il est reproché à celui qui était en poste au secrétariat du ministère de la Défense d’avoir transmis des secrets militaires (positions de troupes) au capitaine Houssène Zombri du RSP. Si le lieutenant a été appelé le lundi pour une confrontation avec l’expert, c’est le capitaine Zoumbri, l’officier d’intervention du RSP au moment des faits qui a été appelé à la barre hier par le président du tribunal à la demande du procureur militaire. A la question de savoir s’il reconnait avoir échangé avec le lieutenant Limon, ce dernier invitera le parquet à se contenter de sa déposition qu’il a déjà faite. Relativement à sa déposition, l’officier subalterne disait qu’il ne contestait pas tous les messages qui lui sont attribués par le rapport. Aussi, il a reconnu avoir communiqué avec le lieutenant Limon qui est son frère d’arme. Par ailleurs, afin de forger la religion du tribunal sur la culpabilité de certains accusés en lien avec les échanges téléphoniques qui leur sont opposés, le parquet a communiqué des pièces au président Seidou Ouédraogo et à toutes les parties prenantes au procès qui s’avèrent être des relevés téléphoniques délivrés par l’ONATEL. Les accusés concernés par ces pièces sont : le général Gilbert Diendéré, le capitaine Houssène Zoumbri, le lieutenant K. Jacques Limon, l’ex-bâtonnier Mamadou Traoré et le journaliste Adama Ouédraogo dit Damiss. Il n’en fallait pas plus pour irriter des conseils ainsi que des accusés à l’image de Damiss et du bâtonnier Traoré. «Je conteste cette manière de faire du parquet et je me pose des questions sur la légalité de cette pièce», lance Me Adrien Nion, l’avocat du capitaine. Même son de cloche pour Me Olivier Yelkouni, l’avocat de ‘’Golf’’ et Me Sombié, défenseur du lieutenant Limon. A écouter ce dernier, ce document qui est venu en rescousse au rapport d’expertise ne vaut rien et ne veut rien dire. En communiquant cette pièce, il assure que le parquet s’est rendu compte que le travail de l’expert qui a coûté des centaines de millions n’a pas été bien fait. Tout comme son confrère Yelkouni il invite le président du tribunal à écarter ces pièces du dossier. Contrairement à la partie défenderesse ces pièces sont accueillies à bras ouverts du côté des parties civiles. «Rien n’interdit le ministère public à ce stade de la procédure de produire une pièce», indique Me Guy Hervé Kam. Par conséquent, elles sont recevables. Selon le parquet militaire, tant qu’il aura des preuves, il n’hésitera pas à les produire et cela en vertu des dispositions de l’article 425 du Code de procédure pénale.

Qu’à cela ne tienne, les débats en rapport avec ces nouvelles pièces ont été renvoyés au lundi 25 mars par le garant de la police des audiences pour faire place à la présentation des pièces à conviction. Ainsi donc, Ousséni Faïssal Nanéma a reconnu les objets qui ont été portés à sa connaissance composés d’une statuette, d’un fer à repasser et d’une manette. Cependant, il est resté sur sa position. Jurant la main sur le cœur, qu’il les a achetés au Rond-point des Martyrs avec un rastaman. Quant au colonel Abdoul Karim Traoré, sur les 7 pièces à lui attribuées il n’a reconnu que 5, excluant la lettre du CPND et la déclaration du CND. En outre, un ordinateur portable de marque HP, couleur noire contenant la déclaration du CPND datant du 6 septembre 2015 décerné au général Diendéré a été exhibé. Mais des dires du natif de Yako, rien ne prouve qu’il est le propriétaire de cette machine. L’audience se poursuit ce matin au tribunal militaire de Ouaga 2000 avec la présentation d’autres pièces à conviction mettant en cause le général Djibrill Bassolé.
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