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Younoussa Sanfo : Un ingénieur informaticien, 70 téléphones expertisés et moult questions en suspens

Publié le mardi 19 mars 2019  |  Aujourd`hui au Faso
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© FasoZine par DR
HCRUN: Younoussa Sanfo officiellement installé comme président par intérim
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Le jugement du dossier du putsch manqué avance tout doucement avec à la barre, l’expert Younoussa Sanfo. L’ingénieur informaticien, expert en sécurité informatique qui a expertisé les téléphones portables, ordinateurs, … a été appelé en sa qualité de témoin hier lundi 18 mars 2019. Bien entendu, les débats ont tournée autour du rapport d’expertise qu’il a livré.

Les échanges téléphoniques versés dans le dossier du putsch manqué ont ils été manipulés ? A cette question, des accusés et leurs conseils répondront certainement par l’affirmative. L’expert Younoussa Sanfo au contraire ne partage pas leur point de vue. Appelé à la barre hier lundi 18 mars 2019 comme témoin, il déclare que tout ce qu’il a produit comme résultat est vérifiable. Il confie qu’il est impossible de tripoter des données et avoir des résultats fiables. S’adressant aux accusés qui remettent en cause son expertise, il indique qu’il suffit de saisir l’opérateur de téléphonie mobile pour avoir les traces des appels. Une autre possibilité, c’est la contre-expertise qui peut être demandée, a-t-il souligné. Il faut rappeler au passage que lors de son intervention, Me Gui Hervé Kam, conseil des parties civiles abordera dans le même sens que le témoin. Le témoin explique d’ailleurs qu’il a reçu de la part du juge d’instruction, une ordonnance avec pour mission de récupérer toutes les informations ayant un lien avec les évènements dans 70 téléphones et autres appareils et de les retranscrire dans un rapport. Il confie que 86% des messages contenus dans les téléphones portables ont été supprimés et tous les numéros n’étaient pas identifiés au nom des personnes qui les utilisaient. Poursuivant avec ses explications, l’ingénieur informaticien, expert en sécurité informatique confirme que certains téléphones étaient codés et qu’il a fallu contourner leur système de sécurité pour récupérer les données.

Le dossier du lieutenant K. Jaques Limon sur la table

S’il y a le nom d’un accusé qui est revenu à maintes reprises au cours des débats, c’est celui du lieutenant K. Jaques Limon qui crie à un complot contre sa personne pour avoir cherché à empêcher un deal dans l’attribution du marché à l’expert. Ne partageant pas les propos du prévenu, l’expert confie avoir connu le militaire après avoir déposé son rapport. Il explique qu’il a déposé son rapport le 30 mars 2016 et que le 6 avril, le juge l’a appelé. Arrivée à la justice militaire où les magistrats étaient assis autour d’une table avec au milieu le rapport, il dit avoir été soumis à un interrogatoire sur le lieutenant K. Jacques Limon. Il faut rappeler que si les juges lui ont posé des questions sur le lieutenant qui au préalable n’était pas inculpé, c’est parce que dans le rapport, il a relevé des messages que l’accusé a échangés avec un autre, à savoir le capitaine Houssène Zombri et qui l’incriminaient. C’est suite à ce rapport que le lieutenant K. Jacques Limon qui avait été décoré pour sa contribution à l’échec du coup d’Etat sera interpellé par la justice. Le témoin raconte que lors de sa rencontre avec les juges, un des magistrats a déclaré : «on s’est fait avoir». Comme explication, il affirme qu’à chaque fois que l’officier militaire venait à la justice militaire, il tient des propos du genre : «Younoussa Sanfo ne doit pas être dans le dossier car c’est le gars de Diendéré», «la hiérarchie militaire voit d’un mauvais œil sa présence dans le dossier».

Contrairement au lieutenant, l’ingénieur informaticien dit l’avoir vu pour la première fois après sa rencontre avec les magistrats. A l’en croire, le militaire est venu chez lui à domicile lui faire comprendre que la hiérarchie et la justice militaires sont favorables à un non-lieu en ce qui le concerne et que le problème est à son niveau. Comme réponse, le témoin lui rétorque qu’il a déjà déposé son rapport et qu’il n’y a aucun problème à son niveau. D’après lui, c’est la première fois et la dernière fois qu’il le voyait.

Le lieutenant Limon déboussolé par les propos de l’expert Sanfo

«Je suis complètement déboussolé par les propos de Monsieur Sanfo». Cette phrase est du lieutenant K. Jacques Limon en réponse aux propos du témoin. Il souligne que l’intervention de son vis-à-vis montre le complot orchestré contre sa personne. Rappelant qu’il a prêté serment, il l’accuse de ne pas dire la vérité. A l’en croire, l’ingénieur en informatique le connaissait très bien avant la production de son rapport pour s’être rendu au ministère de la Défense afin de le rencontrer. Concernant la visite qu’il a rendue à l’expert à son domicile, le lieutenant confirme être allé chez lui. Cependant, il confie que c’est en compagnie du directeur de la justice militaire, le colonel Sita Sangaré. Si son supérieur est rentré dans la cours de l’expert, l’accusé indique l’avoir attendu auprès du véhicule. Il explique que c’est quand le colonel et l’expert sont sortis de la cours que le directeur de la justice militaire a demandé à l’expert où en est le dossier le concernant. A cette question, il révèle que l’expert en sécurité informatique a déclaré qu’il a déjà déposé son rapport. Convaincu d’être l’objet d’un complot, le prévenu estime que cela est lié à l’attribution du marché à Younoussa Sanfo, auquel il s’est opposé. Il parle d’un détournement de 150 millions de francs CFA.

Les observations de Me Mamadou Sombié

Tout comme son client, Me Mamadou Sombié ne partage pas les propos du témoin et des parties civiles. Pour prouver l’innocence de son client, il lui demande de savoir s’il a expertisé le portable du lieutenant. «Non», répond l’expert en sécurité informatique qui souligne que le juge ne le lui a pas demandé. Rebondissant sur cette réponse, l’avocat affirme : «les parties civiles disent qu’il faut demander une contre-expertise quand l’objet de la contre-expertise n’est pas expertisé». D’après l’avocat, si le téléphone de son client avait été expertisé, l’expert pouvait remarquer que le lieutenant n’a pas communiqué avec le capitaine Houssène Zombri ou même qu’il a envoyé des messages à d’autres forces pour faire échec au putsch ; «ce qui lui a d’ailleurs valu une distinction», a-t-il soutenu. Estimant que le lieutenant ne peut pas être condamné, car son téléphone n’a pas été expertisé, Me Mamadou Sombié affirme que ce qui est dans le téléphone du capitaine Zoumbri ne concerne que le capitaine. S’attaquant à l’expert, il indique qu’il peut bien par le biais de la technologie qu’il maîtrise très bien, envoyer des messages dans le téléphone du capitaine en question et faire croire qu’ils sont de son client.

Convaincu donc de l’innocence de son client, il estime qu’il doit être relaxé.
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