Le Conseil d’orientation stratégique du programme d’urgence pour le Sahel (PUS-BF) a tenu sa première session le 15 mars dernier à Ouagadougou.
L’objectif était double. Il s’est agi, d’abord, de faire le point sur l’état d’exécution du programme en 2018.
Il a été question également d’examiner la stratégie d’extension du PUS-BF à quatre régions. Relativement au premier objectif, l’on peut retenir que sur près de 285 activités qui ont été planifiées en 2018, plus de 148 ont pu être mises en œuvre.
Pour le gouvernement, ce taux de réalisation est satisfaisant.
Et l’on peut objectivement partager ce sentiment, au regard du contexte dans lequel se déroule le programme. De ce point de vue, l’on peut féliciter l’Etat pour avoir eu d’abord la vision d’initier un tel programme et ensuite pour avoir mis un point d’honneur à le traduire partiellement en actes concrets.
En effet, une des causes de l’extrémisme violent dans notre pays, est la pauvreté des populations et la marginalisation de certaines régions du pays.
De ce fait, les populations de ces zones ont des raisons légitimes d’être remontées contre l’Etat.
Et l’occasion faisant le larron, les terroristes ont pu surfer sur cette réalité pour bénéficier de la sympathie des populations.
D’où la difficulté, pour les autorités, de les convaincre que l’Etat est un instrument au service de tous et cela, sans discrimination aucune.
De ce point de vue, le programme d’urgence pour le Sahel apparaît comme un moyen pertinent de solutionnement, peut-on dire, des frustrations longtemps accumulées et enfouies.
C’est pourquoi les terroristes n’ont pas intérêt à ce qu’il se déroule jusqu’au bout, car il fauche l’herbe sous leurs pieds.
En effet, bien de ses réalisations participent du bien-être des populations, renforçant ainsi leur résilience et par voie de conséquence, leur sentiment d’appartenance à une même nation.
De ce point de vue, rien ne doit arrêter le gouvernement dans sa mise en œuvre.
C’est pourquoi l’on peut déjà le féliciter pour avoir fait l’option d’étendre l’initiative à quatre autres régions du pays.
Le gouvernement doit ouvrir l’œil et le bon pour que le PUS soit une réussite
En rappel, il s’agit de la Boucle du Mouhoun, de l’Est, du Centre-Est et du Centre-Nord. A cet effet, un plan de travail pour 2019 a été élaboré avec un budget estimé à 146 milliards de F CFA.
A ce propos, le gouvernement a déjà mobilisé 70% de financements.
C’est un effort énorme qui doit être salué à sa juste valeur, car il illustre la détermination de l’Etat à faire aboutir le programme. Et cela peut motiver davantage les partenaires techniques et financiers à délier les cordons de la bourse pour boucler le budget. Mais une chose est de mobiliser des fonds pour financer le programme, une autre est de les utiliser à bon escient.
Pour ce faire, l’on peut se permettre de faire quelques suggestions au gouvernement, dans l’intérêt des régions bénéficiaires. La première serait, si ce n’est déjà fait, de mettre en place une structure autonome et crédible d’évaluation des réalisations effectives du programme.
Cela est d’autant plus pertinent que certaines statistiques fournies par l’Etat, sont très souvent en déphasage avec les réalités du terrain. En effet, sur le papier, certaines réalisations figurent alors que sur le terrain, elles n’existent point.
La deuxième suggestion est d’impliquer les populations dans l’identification de leurs besoins de sorte à éviter le phénomène des éléphants blancs.
Car, qui d’autre que les populations concernées par le programme, pour formuler en des termes qui ne souffrent d’aucune ambiguïté, leurs préoccupations réelles et pressantes ?
L’on peut avoir l’impression que cette précaution n’a pas été suffisamment prise en compte dans l’organisation tournante de la fête du 11-Décembre. Résultat, certaines réalisations, dans ce cadre, sont à la merci des chauves-souris et autres araignées, tant elles s’avèrent superflues.
La dernière suggestion que l’on peut faire est que l’Etat soit impitoyable vis-à-vis de tous ceux qui seraient tentés d’exploiter le programme à des fins personnelles en termes de détournements et de dissipation des fonds qui y sont affectés.
Et la meilleure façon de le faire est d’associer les organisations de la société civile dignes de ce nom, à toutes les étapes d’exécution des travaux.
Pour conclure, le gouvernement doit ouvrir l’œil et le bon pour que le PUS soit une réussite. Car il est un des maillons essentiels de la lutte contre le terrorisme.
Le tout militaire ayant révélé ses limites sous tous les cieux.
Et au moment où les Forces de défense et de sécurité (FDS) sont en train de faire du bon boulot sur le terrain, le fait de poser en même temps des actions concrètes de développement sur le terrain, peut contribuer de manière significative à briser les reins du terrorisme et cela, dans la durée.
En tout cas, c’est tout le mal que l’on peut souhaiter au PUS qui a été élargi à quatre autres régions du Burkina.