Le Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD) a organisé un dialogue démocratique le jeudi 14 mars 2019 à Ouagadougou. Avec pour thème : « défis et enjeux des élections de 2020 », cette conférence publique avait pour objectif de susciter une « saine » émulation d'idées pouvant contribuer à garantir aux futures échéances électorales une meilleure organisation, participation et une acceptation des résultats.
La conférence a été animée par le Pr Albert Ouédraogo, Régis Zougmoré président de la Compétence Électorale Africaine et Adama Kéré, vice- président de la Ceni (commission électorale nationale indépendante). Il s'est agit d'analyser l'environnement socio -politique sur le plan interne et externe, de décliner la feuille de route de la Ceni et énumérer les défis à relever pour la tenue ''paisible'' des élections de 2020.
Pour Albert Ouédraogo, les défis sont au nombre de trois essentiellement : « Il s'agit du défi sécuritaire parce que nous savons très bien que le Burkina depuis quelques années est rentré dans l'œil du cyclone avec le terrorisme, l'incivisme, les attentats, les enlèvements, les assassinats ciblés, les engins explosifs au point que le pays est obligé de prendre des mesures de couvre feu et de décréter l'état d'urgence. Le second défi est relatif au vote des Burkinabè à l’étranger. Nous n'avons jamais expérimenté cela mais plus les élections s'approchent moins nous sommes prêts et les hommes politiques toutes tendances confondues parlent de ce vote mais n'en veulent pas ainsi que des organisations de la société civile. Le troisième défi est celui de la crise à l'intérieur de la Ceni. Quand on veut administrer une élection d'une telle envergure et qu'on a des lézardes en son sein cela est difficile donc il faut que la Ceni panse ses plaies ».
Faisant cas des enjeux, il a affirmé que « cette élection présente beaucoup d'enjeux. L'un de ses enjeux c'est que le parti majoritaire veut conserver le pouvoir, le deuxième enjeu c'est que ceux qui ont perdu le pouvoir veulent revenir et ensuite il y en qui ont aidé à préparer l'insurrection et au dernier moment, ils ont été feintés. Ces derniers veulent aussi venir ».
Le président de la compétence électorale africaine, Régis Zougmoré, quand à lui a décliné huit défis majeurs .Ce sont entres autres la'' stabilisation '' de la Ceni, la création d'une union ''sacré'' entre les politiques, la promotion d'une éducation à la paix , le renforcement de la cohésion sociale et la réconciliation nationale qu'il a jugé être ''l'affaire '' de tous les Burkinabè.
Même si les deux panélistes ont estimé que la Ceni avait des soucis en son sein, Adama Kéré n'a pas été du même avis. « Tout de suite, j'ai entendu mes collègues panélistes dire que la Ceni constituait un défi. C'est vrai qu'il y a des incompréhensions de temps en temps à la Ceni mais sachez que dans une structure comme la Ceni, lorsque vous avez des acteurs qui sont toujours capables de se parler, on peut dire qu'on n'est pas vraiment dans une situation catastrophique telle qu'elle a été décrite » a-t-il fait savoir. Il a aussi rassuré que la Ceni rattrapera le retard enregistré au regard de l'acquisition du matériel qu'elle devrait avoir pour permettre de dérouler le programme.
A en croire Albert Ouédraogo, il faut quand même s'inquiéter par rapport à la tenue des échéances futures parce que pour lui la situation n'est pas ''désespérée '' mais elle est ''critique''. « Si les hommes politiques ne se réveillent pas, nous allons droit dans le mur parce que les défis que nous avons soulevé sont énormes et il faut prendre des décisions » a t-il clos.