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Burkina : une ONG dénonce l’"exécution sommaire" d’au moins 60 personnes par l’armée

Publié le jeudi 14 mars 2019  |  AFP
Commémoration
© aOuaga.com par Aristide Ouédraogo
Commémoration de l’insurrection populaire au Burkina
Ouagadougou. Le mercredi 31 octobre 2018. Marche meeting de la société civil et des syndicats. Photo: Chrysogone Zougmoré, Le président du MBDHP
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Ouagadougou, Le Mouvement burkinabè des droits de l'homme et du peuple (MBDHP) a affirmé jeudi à Ouagadougou qu'au moins 60 civils ont été exécutés sommairement en février par l'armée au cours d'opérations antiterroristes.

Interrogé par l'AFP, le gouvernement a déclaré "prendre acte" de ces allégations et assuré que des enquêtes avaient été lancées par la justice militaire, s'en tenant pour l'instant à la "version des faits" communiquée en février par l'Etat-Major militaire.

Début février, en riposte à une attaque jihadiste qui avait tué 14 civils, l'armée avait annoncé avoir mené des raids terrestres et aériens dans les départements de Kain, de Banh et de Bomboro, situés dans trois provinces du nord, au cours desquels elle disait avoir tué 146 jihadistes.

"Nous nous sommes rendus dans les localités indiquées (par l'armée) pour enquêter, investiguer" et "nous avons pu constater sur le terrain qu'il y a eu des cas d'exécution sommaire d'au moins 60 personnes sur les 146", a déclaré le président du MBDHP, Chrysogone Zougmoré, dans une conférence de presse.

Le MBDHP a précisé à l'AFP que la majorité des personnes abattues par l'armée étaient des éleveurs peul, selon leurs proches et des habitants interrogés par l'ONG.

"Dans le communiqué (de l'armée), il est dit que l'armée est intervenue à la suite de l'assassinat de 14 personnes. Nous avons approché les populations de ces localités qui nous ont dit que (...) personne dans leurs localités n'avait été tué par qui que ce soit" aux dates indiquées par l'armée pour justifier la riposte, a-t-il indiqué.

"On dit qu'il y a eu des combats qui ont conduit à la neutralisation des 146 personnes. Nous avons cherché ces zones de combat, nous ne les avons pas trouvées. Par contre nous avons ramassé une quantité énorme de douilles de
balle à proximité des concessions des personnes qui ont été tuées", a expliqué M. Zougmoré.

"Ces personnes ont effectivement été exécutées", a-t-il conclu, estimant que "les exécutions sommaires et extrajudiciaires sont extrêmement graves, car ça ouvre la voie à toutes les dérives possibles, à savoir des règlements de compte, des assassinats planifiés et exécutés".

"Tout en émettant des réserves sur les méthodes d'investigations des acteurs des mouvements de défense des droits humains", le gouvernement "prend acte des allégations et assure que des investigations sont en cours sur les faits présentés", a dit à l'AFP le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Remis Fulgance Dandjinou.

"En attendant les résultats des investigations de la justice militaire, la version des faits est celle communiquée par l'état-major général des armées".

Contacté par l'AFP, Human Rights Watch (HRW) s'est dit "extrêmement préoccupé par les violations présumées commises par les forces de sécurité sous couvert d'opérations antiterroristes, y compris celles commises en février".

HRW avait déjà accusé l'an dernier les forces de sécurité burkinabè d'"exécutions extrajudiciaires", de "mauvais traitements" et d'"arrestations arbitraires" au cours d'opérations antiterroristes entre 2017 et 2018.

Le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, qui ont fait plus de 300 morts depuis 2015.

Elles sont menées par une douzaine de groupes jihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS), International Crisis Group.

Depuis le 1er janvier, l'état d'urgence a été décrété dans 14 provinces sur 45, accordant des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité, dont celui de procéder à des perquisitions à domicile, de jour et de nuit.

ab/de/jpc
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