Ceci est une déclaration de l’association Jeunesse unie pour l’éradication de l’excision (JEUNEE) à propos de l’excision de 28 filles dans la commune de Nobéré. Indignée, l’association appelle les parents à plus de responsabilités.
Moins de quatre mois après la deuxième édition de la « Caravane stop excision » que nous avons menée dans les régions du Centre-Nord et le Plateau central, nous avons appris avec une grande consternation l’excision de 28 filles dans la commune de Nobéré, province du Zoundwéogo. Les faits se seraient déroulés le vendredi 16 août à Dion, un village relevant de ladite commune, sur des fillettes dont l’âge varie entre 3 et 15 ans et parmi lesquelles on dénombre 22 élèves dont le niveau varie entre le CP1 et la 6e. Cette situation nous interpelle au plus haut niveau d’autant plus que le souvenir des 31 fillettes excisées en septembre 2008 dans la même province, et dont le quotidien Sidwaya s’était fait l’écho dans son édition du 25 septembre de la même année, est encore vivace dans nos esprits. Certes, avec un taux de 68% selon les résultats de l’étude démographique et de santé, (EDS IV publiés en 2010), la région du Centre-Sud dont relève la province du Zoundwéogo n’occupe pas le haut du classement des régions en matière de taux d’excision, mais le constat sur le terrain commence à inquiéter.
Face à une telle situation, l’association Jeunesse unie pour l’éradication de l’excision (JEUNEE/BF) qui est une structure fédérative de la jeunesse pour la promotion de l’élimination de la pratique de l’excision et de toutes les formes de violences faites à la femme et à la jeune fille, ne peut rester indifférente. C’est pourquoi nous profitons de cette malheureuse circonstance pour rappeler aux parents leurs responsabilités dans la préservation de la santé sexuelle et reproductive de leurs progénitures. En effet, il n’est pas rare de voir certains parents confier leurs fillettes à des grands-parents, des oncles ou des tantes pour passer les vacances. Or, avec l’adoption de la loi contre l’excision en 1996, la pratique est entrée dans la clandestinité et les exciseuses profitent justement de ces moments pour accomplir leur sale besogne sur des fillettes en bas âge. Selon l’EDS IV, environ 13% de fillettes de 0 à 14 ans subissent encore l’excision de nos jours au Burkina. C’est pourquoi nous invitons les parents à plus de vigilance sur leurs fillettes en vacance au village. C’est une tradition pour notre association depuis quelques années et ce cas malheureux vient confirmer nos craintes légitimes et justifier notre initiative. Nous espérons donc que les autorités judiciaires feront preuve de rigueur dans l’application de la loi car, faut-il le rappeler, la faible application de la loi est un des ventres moux de notre combat que les acteurs ne cessent de dénoncer à chaque occasion. « Dura lex sed lex », la loi est dure mais c’est la loi comme le dit la maxime latine et nul n’est censé l’ignorer.
Au regard de ce qui précède, il importe de donner une nouvelle impulsion à la lutte pour assurer l’efficacité des actions sur le terrain. Cela, comme nous l’avons dit dans une de nos précédentes déclarations, passe nécessairement par un appui conséquent du Secrétariat permanent du Conseil national de lutte contre l’excision (SP/CNLPE) pour mener des actions intenses couvrant tout le territoire national. Et les associations et ONG oeuvrant dans le domaine pour dérouler leur plan d’actions en vue d’un meilleur impact. L’Etat burkinabè et les Partenaires techniques et financiers (PTF) sont donc interpellés.
En tout état de cause, ce cas d’excision vient nous conforter dans notre engagement et, aussi déplorable soit-il , permet de rappeler à ceux qui attribuent cette lutte à un effet de mode importé, que la menace est réelle et qu’il faut que chacun s’implique à son niveau dans la sensibilisation. Pour notre part, nous réaffirmons notre engagement au niveau de la jeunesse d’œuvrer avec détermination et conviction à l’avènement d’une génération sans excision. C’est ainsi, pensons-nous, que nous pourrons léguer ensemble, avec fierté, aux générations futures, un monde où la pratique de l’excision et les autres atteintes aux droits de la femme et de la jeune fille ne seront qu’un mauvais souvenir que nous raconterons à nos enfants.
Pour l’association Jeunesse unie pour l’éradication de l’excision (JEUNEE/BF)
Le coordonnateur général
Idrissa Konditamdé