A l’appel de leur syndicat, les orpailleurs du Burkina se sont retrouvés à la Bourse du travail le jeudi 22 août 2013 pour une assemblée générale ordinaire. Cette rencontre a servi de cadre aux participants pour faire le point des problèmes qui entravent leur activité. Ces difficultés découlent des autorisations délivrées par l’Etat à certains exploitants. Le président du syndicat, Mahamoudou Rabo, a alors appelé à leur suppression, car pour lui «les permis d’exploitation des mines sont des permis d’exploitation des populations».
Réunion de travail ou meeting politique? A cette rencontre des orpailleurs, il fallait montrer patte blanche avant d'accéder à l'enceinte de la Bourse du travail : porter le T-shirt et la casquette à l’effigie du Syndicat national des orpailleurs artisanaux et traditionnels du Burkina (SY N OR AR TRA B) ou, à défaut, visser sur sa tête la casquette. Et pour cela, des jeunes assis à l’entrée enregistrent les participants et leur remettent leurs tenues. Pendant que certains attendaient déjà sous les tentes dressées pour la circonstance, d’autres arrivaient toujours à moto, en voiture ou en car. A 9h30, des membres du comité d’organisation se sont succédé au parloir pour demander aux uns et aux autres de prendre place pour que commence la rencontre. C’est finalement à 9h54mn que le présidium s’installe. Un mot de bienvenue du comité d’organisation et voilà le président du syndicat au parloir sous un tonnerre d’applaudissements.
Dans un mooré soutenu, fait de proverbes, de prosopopées et de paraboles, Mahamoudou Rabo a planté le décor de ce qui sera approfondi en plénière : les difficultés des orpailleurs. A l’écouter, environ 2 500 000 personnes vivent de ce secteur sur plus de 300 sites et les détenteurs d’autorisation d’exploitation artisanale sont tombés dans la fausseté en relevant que leur activité n’a pu produire qu’un peu plus de 300 kg d’or. «Les orpailleurs ont construit des villages et fait reculer la famine. Sur 100 orpailleurs, 50 ont des véhicules. Est-ce que 300 kg d’or peuvent en faire autant ?» a demandé indigné M. Rabo. Acclamation de son auditoire. Selon les occupants de la Bourse du travail du jour, l’orpaillage n’est plus une activité saisonnière, mais professionnelle.
Ils requièrent un cadre plus légal et formel pour jouer un rôle important dans la chaîne de production nationale de l’or. «L’interdiction de notre activité en saison pluvieuse ne nous convient pas. Est-ce qu’on peut demander aux cultivateurs de ne pas aller aux champs ? Les trous sont nos champs», a poursuivi le président de leur syndicat. Après un long réquisitoire, Mohamoudou Rabo est arrivé à la conclusion que «les permis d’exploitation des mines sont des permis d’exploitation des populations». Après lui, le secrétaire général de l’Organisation national des syndicats libres (ONSL), la centrale mère du SYNORARTRAB, est monté au parloir pour l’ouverture des travaux. Paul Kaboré a invité les orpailleurs à s’unir davantage pour une lutte victorieuse. «Je voudrais vous rappeler la nécessité de prôner avant toute action revendicative, notamment dans tous les problèmes à résoudre avec les employeurs, le dialogue social ; cette approche permet d’éviter les affrontements et disputes inutiles entre travailleurs et employeurs», a-t-il indiqué.
L’assemblée générale ordinaire s’est poursuivie avec des travaux en plénière. A l’issue de débats enrichissants et au vu des éclaircissements qui leur ont été apportés, les participants ont pris des engagements et formulé des recommandations (Voir encadré). Le syndicat des orpailleurs artisanaux et traditionnels compte, entre autres, installer des bureaux locaux sur tous les sites, créer un climat de confiance et de collaboration entre orpailleurs et mettre en place un comité de suivi des différentes recommandations issues de la présente assemblé générale.