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Procès du putsch Des officiers de l’ex-RSP «déchargés»

Publié le jeudi 28 fevrier 2019  |  Sidwaya
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© Sidwaya par DR
Le secrétaire général du Ministère de la défense nationale et des anciens combattants( MDNAC), Alassane Moné
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L’ex-secrétaire général du ministère de la Défense nationale et des Anciens combattants pendant le coup d’Etat de l’ex-RSP, le colonel-major Alassane Moné, a donné son témoignage sur les événements du putsch, le mercredi 27 février 2019 au tribunal militaire.

Ouvert le 27 février 2018, le procès du putsch de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) dure depuis exactement un an déjà. A l’audience d’hier mercredi 27 février 2019, l’ex-Secrétaire général (SG) du ministère de la Défense nationale et des Anciens combattants (MDNAC), Alassane Moné, a été appelé à la barre comme témoin des faits. La version du colonel-major ne diffère sensiblement pas de celle des autres membres de la hiérarchie militaire qui l’ont précédé. Il s’est souvenu en somme que les membres de la Commission de réflexion et d’aide à la décision (CRAD) ont refusé de soutenir le général Diendéré et que celui-ci est parti consulter sa base et est revenu dire leur refus d’abandonner leur mouvement.

Il a expliqué enfin, qu’une délégation composée de l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo, de l’archevêque de Bobo-Dioulasso, Paul Yemboado Ouédraogo, du Chef d’Etat-major général des armées (CEMGA), Pingrenoma Zagré et lui-même, Alassane Moné l’ont suivi pour aller discuter avec les hommes. Lors de cette réunion avec les éléments, le témoin a mentionné les propos discourtois des éléments de l’ex-Régiment envers les quatre médiateurs dans un climat électrique. «Le ton avec lequel on a été accueilli dépassait toute insolence. On a été littéralement invectivé … Pour des subordonnés s’adressant à leurs supérieurs, c’était trop», a-t-il déclaré. Il a précisé qu’ils ont reçu des menaces contre leurs propres personnes de même que les otages. Invités par le parquet à identifier les personnes qui ont tenu ces propos, le colonel-major Moné a cité, sans être formel, les capitaines Abdoulaye Dao et Oussène Zoumbri comme ayant parlé des manipulations et provocations de l’ancien Premier ministre Zida et qui ont conduit au putsch. A l’entendre, ce sont les sous-officiers dont le sergent-chef Roger Koussoubé dit le Touareg, l’adjudant Jean Florent Nion, l’adjudant-chef Moussa Nébié dit Rambo, qui se sont montré les plus menaçants.

Les accusés Korogo et Zoumbri félicités

En revanche, le témoin a salué le courage du commandant Abdoul Aziz Korogo lors de l’épisode du désarmement. Le colonel-major l’a trouvé «coopératif» et «volontaire» et a reconnu être resté en contact avec le commandant pendant cette phase. Il dit l’avoir aussi encouragé à rester sur place pour contrôler les hommes et faciliter le désarmement malgré les menaces qui lui étaient faites. Selon le témoin, c’est le nom du commandant Korogo qui revenait de façon invariable, et parfois, celui du capitaine Zoumbri, comme ceux qui ont soutenu les actions de sortie de crise. Appelés en confrontation, les deux officiers cités ainsi que le colonel-major Boureima Kiéré n’ont pas démenti le témoin, actuel ambassadeur du Burkina Faso en Egypte.

Au demeurant, le capitaine Zoumbri a estimé qu’il avait pris la parole au mauvais moment puisque son intervention à cette rencontre visait, selon lui, à dénoncer les agissements de l’ancien Premier ministre Zida. Les sous-officiers pour leur part ont marqué leur étonnement que le colonel-major les cite nommément comme ceux qui ont eu des propos durs. «Le Touareg» a soutenu n’avoir pas participé à ladite rencontre. Pour l’adjudant Jean Florent Nion qui a dit avoir participé à la rencontre en qualité de vice-président des sous-officiers supérieurs de l’ex-RSP, «ceux qui ont tenu ces propos ne sont pas dans le box des accusés». De façon générale, les accusés concernés par la déposition du témoin n’ont pas trouvé grand-chose à redire. Ils ont simplement présenté leurs excuses à la délégation qui les a rencontrés dans la nuit du 16 au 17 septembre 2015 au camp, si toutefois elle a estimé leurs propos discourtois.

«L’armée a failli»

Quant au général Diendéré, il a maintenu que si l’armée avait été catégorique dès le début en condamnant le putsch, on n’en serait pas là. Il a encore assuré n’avoir pas fait plusieurs va-et-vient entre le MDNAC et le camp Naaba Koom II, mais bien un seul. «Golf» a aussi maintenu avoir présidé la réunion du 17 septembre. En réaction, le témoin a dit être formel : «c’est Zagré qui a présidé les deux rencontres de la CRAD. Parce qu’il a convoqué les deux réunions à la demande du général Diendéré, il a introduit les débats, a distribué la parole et a levé la séance». L’ex-SG du MDNAC s’est également prononcé au sujet du lieutenant Jacques Limon, sous ses ordres au ministère lors des événements, qu’il a qualifié d’agent «ponctuel», «dispo», et qui «déployait beaucoup d’initiatives», d’un point de vue strictement professionnel. De quoi faire dire au lieutenant Limon qu’il est victime de harcèlement.

Il a ressassé les «tractations» avec l’expert à l’origine de la découverte des conversations téléphoniques par SMS, le directeur de la justice militaire, Sita Sangaré et le juge d’instruction Frédéric Ouédraogo. Des tractations qui lui valent ses ennuis, a-t-il insisté. Sur ce sujet, l’avocat de la partie civile, Me Séraphin Somé lui a demandé de démontrer, preuve à l’appui, qu’il n’est pas à l’origine des messages qui lui sont attribués plutôt que de marteler la même chose. Me Adrien Nion de la défense s’est dit particulièrement satisfait de la déposition du témoin tant dans la forme que dans le contenu. Car, selon lui, elle confirme ce que son client, le capitaine Zoumbri a déclaré à la barre. Pour l’avocat, le témoin a reconnu qu’avec le recul, il a eu un sentiment abusif de penser que son client subissait une pression de la part de Diendéré pour rester dans la résistance. Des éléments qui, à son avis, sont à leur décharge. Il en est de même pour le conseil du lieutenant Limon, Me Mamadou Sombié, quand il s’est réjoui du témoignage du colonel-major Moné qui décharge son client.

Toutefois, il a fustigé l’armée de n’avoir pas pris ses responsabilités dès le 16 septembre pour stopper le putsch et éviter les morts. «L’armée n’a pas été républicaine, elle a failli», a clamé l’avocat. Et l’ambassadeur Moné de répliquer qu’il est facile pour un profane en la matière de parler ainsi, sinon l’armée est allée de sa stratégie en choisissant la voie de la négociation. L’audience reprend le vendredi 1er mars à 9h.

Fabé Mamadou
OUATTARA
Mady KABRE
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