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Attaques terroristes tous Azimuts au Burkina Faso

Publié le lundi 18 fevrier 2019  |  Le Pays
Attaques
© Autre presse par DR
Attaques terroristes à l`Est du Burkina
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Pose-t-on le bon diagnostic ?

C’est une semaine sanglante, une de plus, qui vient de s’achever au Burkina Faso avec la mort de près d’une dizaine de personnes, dont quatre douaniers et un prêtre espagnol dans le Centre-Est du pays jusqu’ici épargné par ces individus armés et sans visage, assimilés à tort ou à raison à des djihadistes. Disons-nous la vérité, la sécurisation de notre territoire est devenue une véritable quadrature du cercle pour nos autorités, en raison de la récurrence des attaques et de leur ingéniosité macabre avec l’utilisation, pour la première fois, d’un cadavre comme bombe humaine à quelques encablures de Djibo le 14 février dernier, qui a été fatale sur le coup à deux de nos militaires. La situation sécuritaire est d’autant plus inquiétante que le pays est non seulement attaqué dans tous ses points cardinaux, mais aussi et surtout parce que personne ne semble être à mesure de nous dire qui fait exactement quoi dans ces attaques tous azimuts, avec qui comme complices et pour quelles raisons ? En l’absence donc d’éléments de réponses fiables à ces interrogations, l’on ne peut que se perdre en conjectures avec le risque de poser un diagnostic aux antipodes du mal ou des maux dont nous souffrons, et, subséquemment, de proposer des mesures cosmétiques ou des solutions-placebo en lieu et place des remèdes adéquats et efficaces. Qui sont ces groupes qui se multiplient comme par scissiparité, qui frappent principalement les symboles de l’Etat et qui disparaissent comme des feux-follets sans laisser de traces et sans revendiquer leurs actes ? Sont-ils tous des djihadistes qui rêvent de transformer le Burkina Faso ou, à tout le moins, une partie du pays en zone régie par la charia ? S’agit-il d’ex-éléments de nos Forces de défense et de sécurité (FDS) en rupture de ban, qui agiraient avec le soutien financier et/ou la caution morale de certains civils tapis dans l’ombre au Burkina Faso et à l’étranger pour dire ‘’non’’ à la gouvernance actuelle ? N’y a-t-il pas dans ce capharnaüm des délinquants de la pire espèce qui profitent du délitement de l’Etat pour perpétrer des crimes crapuleux sous le couvert d’une idéologie religieuse ?

Nous devons éviter de fracturer davantage notre tissu social

Quid des contrebandiers et des narcoterroristes qui seraient tentés de transformer le Sahel et l’Est du Burkina en un hub privilégié pour leur trafic illicite de drogue, d’armes et de cigarettes ? Il serait réducteur d’attribuer systématiquement les attaques dont nous sommes victimes, uniquement à l’un de ces groupes sus-cités, tout comme il serait naïf de croire qu’il ne pourrait pas y avoir de passerelles ou de complicités circonstancielles entre eux pour atteindre leurs objectifs respectifs. Il faudra donc identifier d’abord et avant tout, les différents acteurs de cette scène macabre, discuter avec ceux qui y sont favorables et combattre les autres en comptant évidemment sur la contribution des Burkinabè patriotes, ainsi que sur celle des amis et partenaires du Burkina. Une chose est certaine, il nous sera difficile de gagner cette guerre asymétrique tant qu’il n’y aura pas une sorte de nouveau contrat social et moral dans lequel tous nos concitoyens se retrouveront et au terme duquel une minorité ne va pas se goberger au caviar pendant que l’immense majorité est prostrée dans un exil intérieur et martyrisée par les angoisses et souffrances existentielles. Nous pouvons certes compter sur la vaillance et l’extraordinaire courage de nos FDS, mais elles ne pourront pas, à elles seules, rétablir la paix et la stabilité tant que certains Burkinabè vont tirer à hue et d’autres à dia, et tant qu’il n’y aura pas de réparations des torts et de réconciliation sincère entre les fils du pays. Un homme frustré est un homme potentiellement dangereux pour lui-même et pour toute la communauté, et nous devons faire en sorte qu’une bonne partie de ceux qui se sentent humiliés, floués ou injustement ruinés du fait de l’histoire politique mouvementée de notre pays, reviennent à de meilleurs sentiments, et acceptent la main que devront leur tendre les autorités actuelles, évidemment après la réparation des torts qu’ils ont subis. Dans la même dynamique, nous ne devons pas nous laisser ‘’griser’’ par la récente célébration chiffrée et sans nuance du bilan de 146 présumés terroristes abattus au nord du pays, et oublier que 210 personnes ont été méthodiquement massacrées à Yirgou. Espérons que comme le dit la sagesse africaine, « quand la justice tarde à agir, c’est qu’elle est allée au loin chercher des verges pour mieux châtier les coupables ». Par ces temps qui courent, c’est tous ensemble et unis que nous allons, en effet, vaincre, pour reprendre la phraséologie révolutionnaire des années 80, et nous devons donc éviter, autant que faire se peut, de fracturer davantage notre tissu social à travers des catalogages insidieux et inopportuns de certaines composantes ethniques ou politiques de notre peuple comme étant des apatrides ou des ennemis à abattre sans autre forme de procès. Si nous arrivons à régler cette délicate question du vivre harmonieusement ensemble, nous serons en mesure de constituer une véritable soupape de sécurité contre le terrorisme sous toutes ses formes et faire face, malgré la modicité de nos moyens, à tous ceux que nous aurons identifiés comme étant les vrais ennemis du Burkina. C’est au régime actuel de prendre les dispositions nécessaires à l’effet de rassurer nos compatriotes toujours dans le doute et dans la méfiance. On pourrait mettre, pour ce faire, à contribution les notabilités coutumières et religieuses pour faire comprendre aux Burkinabè qui participent aux actions de déglinguage de notre patrimoine commun qu’est l’Etat, qu’ils ne doivent pas agir comme ces oiseaux qui ont festoyé le jour où ils ont appris la mort du vieux paysan qui les empêchait de picorer les grains du champ de mil, tout en oubliant que le vieux paysan qui les chassait du champ était celui-là même qui semait le mil.

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