Sous l’égide de l’Association des ressortissants de Koudoumbo à Ouagadougou (ARKO), les habitants du village de Koudoumbo se sont retrouvés pour célébrer la paix retrouvée après un conflit qui a opposé, il y a quelques semaines, deux familles. La cérémonie dite de réconciliation a été présidée par le haut-commissaire de la province du Zondoma, Ouo Abibata Bamouni /Traoré.
Il était 10h30mn à la place du marché de Koudoumbo où la fête battait déjà son plein. La joie et la satisfaction se lisaient sur les visages des habitants de cette bourgade située à environ une dizaine de kilomètres au Nord de la ville de Gourcy, chef-lieu de la province du Zondoma. Ce dimanche 3 février 2019 était un grand jour pour toute la communauté vivant dans le village ainsi que pour tous les invités présents à la cérémonie. C’est le chef de terre, garant de la tradition dans le village, qui a ouvert la série d’allocutions par un mot de bienvenue avant de poursuivre en rappelant que la famille «Zoromé» est venue présenter officiellement ses excuses qui ont été acceptées par l’autre partie, à savoir les «Sawadogo».
Ses propos ont été confirmés par les représentants des deux familles qui se sont succédé au parloir en proclamant le pardon mutuel. «Je suis un homme comblé aujourd’hui en constatant que le pire a été évité et que cette crise est désormais derrière nous», a déclaré le chef de terre tout en remerciant les ancêtres ainsi que tous ceux qui ont œuvré à son règlement pacifique. Pour le haut-commissaire, cette journée est le couronnement d’un processus marqué par un esprit de pardon, de tolérance, de concertation, de respect mutuel et de considération à mettre à l’actif de toutes les forces vives locales.
Tout en félicitant les initiateurs, elle a souhaité que cette rencontre constitue un nouveau départ qui viendra renforcer les liens de fraternité entre les filles et fils de Koudoumbo. «Quelles que soient tes inquiétudes, tes peines, ta douleur, ne laisse pas tes sentiments te dominer et t’empêcher d’écrire en lettre d’or cette nouvelle page de l’histoire de ton village», a-t-elle conclu à l’adresse de chaque Koudoumbolais. Issa Sawadogo, représentant de l’association, dans son intervention n’a pas manqué de souligner que quand le village natal connaît des difficultés, aucun de ses fils dignes ne doit rester les bras croisés. «C’est pourquoi avec tous les autres, nous nous sommes impliqués dans la résolution de la crise jusqu’à ce jour », a indiqué le porte-parole. Mais que s’est-il exactement passé pour qu’on en arrive là ?
Au centre du problème, un projet de complexe sanitaire
Selon des témoignages recueillis sur place, tout serait parti de l’occupation d’un espace sur un champ exploité par un membre de la famille Zoromé, afin d’y établir des infrastructures sanitaires. «Ce jour-là, j’ai accompagné une équipe pour implanter un forage à l’endroit identifié pour la construction d’un centre de santé et tout d’un coup, nous avons été encerclés par des gens armés de gourdins, de machettes et même de fusils. Ils menaçaient de nous tuer si on ne libérait pas les lieux. Ils étaient tous de la famille des Zoromé», a relaté Issoufou Sawadogo, par ailleurs, président CVD du village. Après cet incident, la riposte s’est aussitôt organisée du côté des «Sawadogo» d’où est venue l’initiative du projet avec pour: objectif, chasser par tous les moyens du village leurs adversaires qui seraient, selon eux, venus d’ailleurs s’installer sur leurs terres. Les deux camps étaient donc prêts à en découdre. Mais fort heureusement, la police basée à Gourcy est arrivée à temps et a pu éviter le pire en s’interposant.
Par la suite, une médiation, initiée par les autorités administratives, coutumières et religieuses sous la conduite du haut-commissaire, renforcée plus tard par les ressortissants du village, a permis de désamorcer totalement le conflit. «N’eut été la promptitude des agents de sécurité et des autorités, un drame se serait produit», a confessé un vieux qui, au passage, a loué le bon Dieu qui a su préserver le village d’une catastrophe. A la fin de la cérémonie, des colombes ont été lâchées en signe de paix retrouvée.
D’autres activités récréatives étaient au programme pour agrémenter davantage cette journée si spéciale pour l’ensemble de la population. Le cas de Koudoumbo est un exemple de règlement pacifique de crise que l’on devrait s’inspirer en cas de conflit foncier.