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Procès du putsch manqué : « Il n’y a jamais eu d’allégeance », colonel-major Naba Palé

Publié le vendredi 15 fevrier 2019  |  Le Pays
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© aOuaga.com par DR
Comme le 27 février dernier à son ouverture, le procès du putsch manqué de septembre 2015 qui a repris ce mercredi 21 mars, s’est limité à des préliminaires comme la composition du tribunal et la dénonciation des vices de formes.
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Les colonels-majors Aimé Gouba, Poko Ilboudou et Théodore Naba Palé, chef d’Etat-major général des armées adjoint au moment des faits, ont comparu, le 13 février 2019 à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou en qualité de témoins. Parmi les trois témoins du jour, c’est le témoignage du colonel-major Naba Palé qui a retenu l’attention des uns et des autres. Pour lui, «il n’y a jamais eu d’allégeance» comme tente de le faire croire le Général Gilbert Diendéré.

Les auditions des témoins du coup d’Etat du 16 septembre 2015 et jours suivants se poursuivent. Hier 13 février 2019, c’était au tour des colonels-majors Aimé Gouba, Poko Ilboudou et Théodore Naba Palé, chef d’Etat-major général des armées adjoint au moment des faits, d’expliquer ce qu’ils savent de cette affaire au juge Seidou Ouédraogo. Après le passage des deux témoins, c’est le colonel Théodore Naba Palé qui a été invité à donner sa version des faits. Il a dit avoir appris comme tout le monde la prise en otage des autorités de la Transition le 16 septembre, après une réunion à laquelle prenait aussi part le Chef d’état-major général des armées (CEMGA), Pingrénoma Zagré. C’est d’ailleurs ce dernier qui a informé les participants de ce que les autorités de la Transition avaient été prises en otage. Et l’information venait du Général Gilbert Diendéré himself qui, par la même occasion, demande à rencontrer la hiérarchie militaire à 16h. Finalement, c’est à 17h que la rencontre a eu lieu pour prendre fin vers

3h du matin. Mais avant de s’y rendre, le CEMGA a pris le soin de se faire accompagner de témoins crédibles, en l’occurrence l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo et M. Paul Ouédraogo. Une fois dans la salle, le parton de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle a fait le point de la situation avant de demander le soutien de l’armée dans son entièreté. Ce que la hiérarchie a refusé tout en exigeant la libération des autorités. Ce que le Général a refusé arguant que ses hommes ne veulent plus revenir en arrière. L’assemblée lui a donc demandé d’aller rencontrer ses hommes pour leur faire entendre raison. Quelques instants après son départ, il revient et fait savoir que les soldats ont refusé. Se dessinent alors deux camps diamétralement opposés. D’un côté, le Général Diendéré et ses hommes qui disent ne plus être à mesure de faire marche arrière à cause des crises répétitives sans solution au sein de leur corps, et de l’autre, la hiérarchie qui estimait que la situation n’était pas opportune pour un coup d’Etat. « Nous avons dit au Général d’assumer les actes que lui et ses hommes venaient de poser », se souvient le colonel-major Naba Palé. « Mon colonel, parlez-nous de la mission héliportée », interroge le parquet. « Le colonel-major Aimé Gouba, m’a appelé pour me dire que le Général Diendéré avait besoin de l’hélicoptère MI 24 pour une mission à Niangoloko. Comme le chef d’état-major de l’armée de l’air était en voyage, il voulait se référer à la hiérarchie pour savoir la conduite à tenir ». «Pouvez-vous dire non ? », avait demandé le chef d’état-major général adjoint des armées au moment des faits. « Négatif », a-t-il reçu comme réponse. A la question de savoir s’il avait entendu le colonel-major Boureima Kiéré lire une déclaration au cours de la rencontre dans la nuit du 16 septembre 2015, le témoin relativise. Selon ses dires, la hiérarchie avait entrepris de faire une déclaration en vue de rassurer la population qui commençait à s’inquiéter. Cette déclaration a même été rédigée par un groupe d’hommes mis en place à cet effet. Mais il dit ne pas savoir comment la déclaration du Conseil national de la démocratie (CND) a été redigée. Quoi qu’il en soit, soutient-il, l’armée ne pouvait pas soutenir un coup d’Etat, et une décision avait été prise de se démarquer des éléments du RSP. Après ce témoignage, le Général Gilbert Diendéré a été appelé à la barre. Pour lui, le témoignage du colonel-major Naba Palé est plein de contrevérités et que s’il se mettait à les commenter, il prendrait assez de temps à la barre. La parole est alors donnée aux avocats de la partie civile. Et Me Prosper Farama de commencer : « Considérez-vous que le colonel-major Naba Palé ici présent faisait partie de la hiérarchie dont vous parlez tous les jours ?». «Lorsque je parle de la hiérarchie, je parle du Chef d’état-major général des armées, des généraux, du colonel-major ici présent et de tous ceux qui qui sont dans la chaîne de commandement», a répondu le Général Diendéré.« Je retiens que le colonel ici faisait partie de la hiérarchie », a relevé Me Prosper Farama avant de demander si le fait d’avoir facilité la mission héliportée était un acte d’allégeance comme tente de le faire croire le Général Diendéré. « Non. Le souci du Général Pingrenoma Zagré était d’éviter qu’il y ait une guerre civile, que des Burkinabè tirent sur d’autres Burkinabè. Il n’y a jamais eu d’allégeance. Le Général Pingrénoma voulait tout faire pour ne pas qu’il y ait affrontement entre les hommes». Et de relever que dans une armée normale, il n’y a pas un corps comme le RSP qui ne répondait pas du CEMGA. Le RSP était une unité extra. A la question de savoir pourquoi la hiérarchie ne s’est pas opposée au coup d’Etat, il a laissé entendre qu’en 2011, après la mutinerie, l’armée avait été désarmée. Et ses armes étaient entreposées dans les magasins du RSP. Pire, confie le témoin, il y avait des régiments qui avaient à peine 35 kalachnikovs.
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