Le coordonnateur national du Cadre d’expression démocratique (CED), Pascal Zaïda, était hier, 13 février 2019, face à la presse, la toute première de l’année 2019, pour donner sa lecture de certains points de la situation nationale. Qualifiant le drame de Yirgou et la neutralisation de 146 terroristes, de crimes contre l’humanité, il a réclamé la mise en place d’une commission d’enquête indépendante ainsi qu’une autosaisine de la Cour pénale internationale (CPI) et l’Organisation des Nations unies (ONU) afin de faire toute la lumière. Aussi a-t-il demandé au président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, de démissionner de sorte à « rentrer dans l’histoire ».
Ayant fait le constat que « le pays ne fait que reculer chaque jour que Dieu fait », le coordonnateur national du CED, Pascal Zaïda, a décidé de répondre à un « devoir patriotique » en ne disant rien que la vérité, sur la situation nationale actuelle. A son avis, le pays va très mal, et « jamais dans l’histoire de ce pays, nous n’avons assisté à autant de massacres ». Une situation qui, selon lui, est due à « l’incapacité du président Kaboré à gérer le pays ». « Le président Kaboré est lui-même le problème du Burkina Faso. C’est pourquoi nous disons que s’il aime véritablement son peuple, s’il est là à cause des Burkinabè, qu’il rende sa démission et à ce moment, il sortira par la grande porte. Si, dans un discours à la Nation, il disait qu’au regard de la situation, il se retirait, il rentrerait dans l’histoire. En Côte d’Ivoire, Guillaume Soro pouvait s’entêter et rester, mais il a dit que pour l’unité de son pays, il se retirait. Que ceux qui veulent entendre, entendent. Je pense qu’il vaut mieux conseiller le président Kaboré à rendre le tablier plutôt que de forcer à gouverner le Burkina qu’il ne peut pas gérer », a clamé Pascal Zaïda. Mais le CED, en tant qu’OSC, a-t-il le droit de réclamer la démission du chef de l’Etat ? A cette interrogation d’un journaliste, le coordonnateur a indiqué qu’une OSC, en plus de son rôle de veille, est aussi une force de proposition. « La gestion du pouvoir public nous incombe aussi et chaque citoyen a le droit de contribuer à sa manière pour que le pays avance. De 2015 à aujourd’hui, nous avons, à maintes reprises, interpellé, alerté les autorités et fait des propositions qui sont restées sans suite. La situation ne fait que se dégrader. Tous les signaux sont au rouge. En 3 ans de pouvoir, nous avons plus de 600 morts. Le problème du Burkina Faso, c’est Roch Kaboré lui-même, il faut qu’il se retire donc », a-t-il dit. L’autre point abordé a été le drame de Yirgou et la neutralisation de 146 terroristes par les forces armées, dans le Nord du pays. Pour Pascal Zaïda, il y a tout un débat contradictoire autour de ces deux faits, notamment en ce qui concerne les chiffres, si fait qu’au finish, nul ne sait où se trouve la vérité.
Une commission d’enquête indépendante pour faire toute la lumière
C’est pourquoi Pascal Zaïda et ses camarades ont demandé la mise en place d’une commission d’enquête indépendante afin de faire toute la lumière. « Nous avons demandé la mise en place d’une commission d’enquête indépendante sur le génocide de Yirgou et le massacre de Kain, afin de situer les responsabilités. Nous demandons cela pour qu’éclate toute la vérité. Seule une commission d’enquête indépendante fera son travail et sortira un rapport qui nous dira ce qui s’est passé réellement. Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, on ne peut pas procéder à des exécutions sommaires », a-t-il déclaré avant d’ajouter que ces deux éléments « sont des preuves réunies et pour lesquelles les instances internationales » devraient agir afin de mieux éclairer tous ceux en quête de vérité. Pour lui, ce qui s’est passé à Yirgou et à Kain constitue des crimes contre l’humanité. A ce titre, poursuit-il l’ONU et la CPI devraient s’autosaisir. « Le Burkina Faso a ratifié des conventions internationales. Ce qui veut dire que lorsque des cas de crime sont avérés dans un Etat de droit, ces instances sont habilitées à s’autosaisir. Voilà pourquoi nous avons demandé que l’ONU et la CPI s’autosaisissent… Parce qu’au-delà de 55 personnes tuées, cela devient un crime contre l’humanité. On n’a pas voulu atteindre les 50 personnes tuées à Yirgou parce que des gens seront visés par la CPI », a estimé M. Zaïda pour qui les questions de l’unité nationale, de la réconciliation nationale sont des questions essentielles vers lesquelles il faut tendre désormais. « Depuis longtemps, nous avons demandé la réconciliation nationale. Elle a toujours été rejetée. Nous estimons qu’il est temps d’aller vers cette unité nationale. Il faut que le peuple se réconcilie avec lui-même », a-t-il conclu.