Le 14 février est communément présenté comme la fête des amoureux. Les acceptions diffèrent sur la manière de commémorer cette date. Mais chaque année, ce rendez-vous est toujours marqué dans les étals des commerçants où les bibelots dédiés à l’amour ne manquent pas.
A quelques heures de sa fermeture, Rood-wooko grouille de monde en cette soirée du mercredi 13 février 2019. En prélude à la St Valentin, quelques clients traînent encore les pieds pour choisir le présent idéal pour leur partenaire d’amour. Dans la marée humaine, Yves Soré est tout excité. Il veut offrir un moment inoubliable à sa douce moitié.
Une « belle », « douce » et « merveilleuse » demoiselle rencontrée à la rentrée scolaire en octobre 2018 et avec laquelle il file l’amour idyllique depuis seulement quelques semaines. « Lorsqu’elle m’a dit ‘’je t’aime’’ pour la première fois, j’ai failli m’évanouir. Et depuis lors, je ne manque pas d’occasion pour lui faire plaisir et lui démontrer que je l’aime également », s’enthousiasme le jeune lycéen de 18 ans.
Le rendez-vous de la Saint Valentin est donc l’occasion rêvée pour couvrir sa camarade de classe et dulcinée, de cadeaux. Yves a fait le tour du grand marché de Ouagadougou ce soir et en est sorti avec une montre-bracelet et une robe rouge. Il fait maintenant le pied de grue devant la table du commerçant Adama Ouédraogo pour emballer son achat d’une valeur de 9 000 FCFA.
L’élève en classe de 1re ne fait aucun mystère de la « soirée féerique » qu’il réserve à son amour pour vivre leurs sentiments : « je vais l’amener au restau, après au ciné et lorsque je la ramènerai chez elle, je lui offrirai l’emballage. Je suis sûr qu’après cela, personne ne pourra m’enlever de son cœur ». A côté de Yves, Awa Gnanou aussi attend son tour de faire emballer son cadeau.
La jeune coiffeuse de 21 ans est encore plus impatiente car elle doit prendre le car retour pour Ziniaré où elle réside. Elle a fait spécialement le déplacement du grand marché de Ouagadougou pour avoir une grande marge de choix du cadeau à offrir à son amoureux. Awa attend lui réserver, comme cadeau, une fleur et cinq dessous masculins. La jeune coiffeuse est bien moins expressive sur le programme de sa journée de 14 février. « On va fêter avec nos amoureux, c’est tout », se contente-t-elle de répondre, avant de manifester une fois de plus son impatience à l’endroit du commerçant emballeur.
Adama Ouédraogo a pris le soin de récupérer les cadeaux à emballer pour ne pas laisser partir les clients impatients d’attendre. Le commerçant reconnaît faire de bonnes affaires. Devant son étal, défilent surtout des jeunes filles pour acheter et ou faire emballer des nounours, tableaux, fleurs ou montres. Une aubaine pour Adama Ouédraogo qui n’a rien contre le fait que « des enfants se fassent plaisir à l’occasion d’une journée dédiée à l’amour ».
Personnellement, il compte offrir une montre à son épouse et des gâteaux à ses enfants. Les sœurs Ouédraogo ont, elles, une compréhension davantage familiale de cette date. Elles viennent d’acheter un tableau de taille moyenne, représentant un couple enlacé avec leur bébé, avec l’inscription « une famille bénie ». Elles comptent l’offrir à leur frère aîné qui s’est marié le weekend précédent. Un peu en marge, devant le parking Nord du marché Rood Woko, Sandrine Tiendrébéogo sourit en lançant un regard aux attroupements autour des articles dédiés à « la fête des amoureux ». Après une moue, elle lâche : « c’est ridicule. Le 14 février n’a rien d’extraordinaire. Considérer un seul jour pour exprimer son amour est un non-sens ».