La chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Ouagadougou a accordé, ce vendredi 23 août 2013, la liberté provisoire aux 50 présumés arrêtés suites aux manifestations ayant suivi la fermeture des cités et restaurants universitaires. Cette décision de dernier ressort infirme donc le jugement rendu en premier ressort le 13 aout dernier par le Tribunal de grande instance de Ouagadougou.
Après plus de 22 jours de détention à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (Maco), les 50 prévenus (dont 44 étudiants et 6 autres personnes) se sont vu accorder la liberté provisoire par les juges de la Cour d’appel de Ouagadougou après une audience de près de deux heures. Les avocats de la défense, qui ont interjeté appel face au refus du Tribunal de grande instance de leur accorder le 13 aout 2013 ladite liberté, ont salué la "justesse" du verdict. Pour eux, les conditions exigeant le maintien en détention provisoire de leurs clients n’étaient absolument pas réunies.
Autre chose inédite, le parquet général, qui avait plaidé le maintien en détention des accusés, a fait volteface. Il a demandé, tout comme les avocats de la défense, aux juges statuant la liberté provisoire des prévenus. Le parquet général pense que leur liberté n’entravera pas la suite de la procédure. Un retournement de situation que Me Prosper Farama, un des avocats de la défense, n’a pas manqué de critiquer. «Ce que le parquet a dit aujourd’hui, c’est ce que nous avons dit il y a dix jours. Le 13 août, il n’était pas d’accord avec nous et bizarrement, dix jours après, il est avec nous. Pour nous c’est une question de crédibilité. Comment comprendre qu’on puisse changer radicalement de position en dix jours? Cela ramène selon nous à un problème de l’indépendance de la justice influencé par le politique», explique t-il.
Et à Me Somé, un autre avocat de la défense, d’ajouter qu' «Aujourd’hui la justice et le parquet ont été mis à terre par les influences de la politique. Ce jour, j’ai personnellement reconnu le ministère public en tant que défenseur de la société et garant de l’ordre». Cette liberté provisoire accordée, il ne reste qu’à attendre la décision du Conseil constitutionnel saisi pour exception de constitutionnalité sur le fond du dossier.
Satisfaction générale du côté du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) qui, tout en saluant le verdict rendu, exige la réouverture d’ici lundi 26 aout prochain des cités et restaurants universitaire. Les étudiants et leurs syndicats venus soutenir leur camarade ont pour leur part indiqué que la lutte continue pour leur relaxation définitive.
En rappel, les étudiants avaient été arrêtés pendant les heurts nés de la décision de fermer les cités et restaurants universitaires durant la période des vacances universitaires.