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Burkina/Putsch 2015: Passe d’armes entre deux responsables de l’ancien parti au pouvoir

Publié le mercredi 30 janvier 2019  |  AIB
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© Autre presse par DR
le procès du putsch manqué de septembre 2016 reprend ce mercredi 9 mai 2018, à la salle des Banquets de Ouaga 2000
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Ouagadougou. Le témoin Noël Sourwèma et l’accusé Salifou Sawadogo tous deux cadres du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) se sont rejetés mardi, les responsabilités des décisions prises par leur parti au cours du putsch de septembre 2015.

Noël Sourwèma était le secrétaire provincial du CDP du Kadiogo pendant le putsch de septembre 2015. Il avait été arrêté comme la plupart des accusés et placé en détention.

Après une année et trois semaines passées à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), il a bénéficié d’un non-lieu devant la chambre de contrôle.

De statut d’accusé hier, il était présent ce mardi devant le Tribunal militaire de Ouagadougou en tant que témoin du coup d’Etat.

Dans son témoignage ce mardi, il a accablé l’accusé Salifou Sawadogo, actuel 2e vice-président du CDP d’avoir tenté «d’acheter son silence».

Pour ce dernier, «le camarade Noël ayant été tiré d’affaire, tente à travers des contrevérités de le plonger».

Selon Noël Sourwèma, les actions qu’il a posées durant le putsch pour le compte du parti et qui lui ont valu de passer plus d’une année en prison lui ont été ordonné par le 2ème vice-président du CDP Salifou Sawadogo.

«Nous étions en réunion le 16 septembre 2015 (jour de l’arrestation des autorités de la Transition) lorsque nous avons appris la nouvelle du coup d’Etat. Chacun est rentré chez lui», a expliqué le témoin.

Une fois chez lui, le témoin explique qu’il a reçu un appel de Salifou Sawadogo, dans la nuit lui demandant de mobiliser les militants du parti pour un rassemblement le lendemain 17 septembre 2015 au rond-point des Héros Nationaux à Ouaga 2000. Ce qu’il n’a pas manqué de faire.

Sur les lieux, le 17 septembre 2015, Noël Sourwèma dit avoir assisté à une altercation entre des militants du CDP et des passants.

«Deux jeunes qui passaient sur les lieux pour disent-ils aller libérer le président Kafando ont été agressés par des militants du CDP. J’ai donc quitté les lieux et je n’y suis plus revenu malgré l’appel de Salifou Sawadogo», a-t-il affirmé.

«Avez-vous suivi les événements qui ont conduit certains militants du CDP du Rond-point des Héros Nationaux au domicile du défunt président de l’Assemblée Nationale Salif Diallo (qui a été incendié)», a demandé le parquet militaire au témoin.

«Je n’ai pas suivi l’évènement car je n’étais plus sur les lieux. Je suis parti après l’altercation», a-t-il répondu.

Noël Sourwèma a également affirmé au Tribunal militaire que l’argent a circulé pendant le putsch mais pas par le circuit normal (entre lui ses mains en tant que secrétaire provincial du CDP dans le Kadiogo) mais par le coordonnateur des élections au Kadiogo Salifou Sawadogo.

Selon lui, Salifou Sawadogo a distribué des sommes pour sécuriser les domiciles des cadres du parti et pour encourager les militants du CDP qui étaient réunis au rond-point des Héros Nationaux.

Le parquet militaire a demandé au témoin, comment se fait-il que lui qui était le premier responsable du parti dans le Kadiogo n’ait pas été associé à toutes ses transactions d’argent.

« Je n’ai pas été associé à ses remises d’argent. C’est des infos parallèles que j’ai reçues de certains camarades», a-t-il affirmé.

«Le coup d’Etat qui était en cours était le fait du Régiment de sécurité présidentiel (RSP). Le fait de vous rassembler au rond-point des Héros Nationaux situé non loin de Kosyam, n’était-ce pas un soutien au RSP ?», a demandé le parquet militaire.

«La réponse à cette question, il faut la demander à Salifou Sawadogo. C’est lui qui a convoqué la réunion et avait l’ordre du jour», a répondu l’accusé.

«Des gens ont témoigné que les militants scandaient vive l’inclusion, à bas l’exclusion, soutien au RSP. Est-ce exact ?», a de nouveau demandé le parquet militaire.

«Je n’étais plus sur les lieux, c’est Salifou Sawadogo qui peut répondre», a estimé le témoin.

Le président du Tribunal militaire Seidou Ouédraogo a appelé Salifou Sawadogo à la barre pour faire un commentaire sur les propos du témoin Noël Sourwèma tendant à l’incriminer.

Pour l’accusé Salifou Sawadogo, le rassemblement du 17 septembre 2015 au rond-point des Héros nationaux a bel et bien été convoqué par Noël Sourwèma qui tente aujourd’hui, selon lui, de se désengager et de porter toute la responsabilité sur sa personne à lui.

Selon Salifou Sawadogo, Noël Sourwèma a organisé le rassemblement au rond-point des Héros nationaux pour soutenir le putsch à cause de l’inclusion que prônaient les putschistes car il avait était exclu.

«Il a dit que c’est par la radio en langue dioula qu’il a appris la nouvelle du putsch qui a été justifié par une volonté d’instaurer l’inclusion», a-t-il affirmé.

Noël Sourwèma a expliqué que quand il était en détention avec neuf autres camarades du CDP, Salifou Sawadogo en sa qualité de député est allé les voir avec un groupe de député du parti.

Au cours de la visite, la délégation des parlementaires CDP les ont remis la somme de 200 000 FCFA qu’ils se sont partagés en raison de 20 000 FCFA chacun.

En dehors de cette somme commune, Salifou Sawadogo a remis aux détenus une somme de 500 000 FCFA à titre personnel à l’insu des autres députés a déclaré le témoin Noël Sourwèma.

Le parquet militaire a demandé à Noël Sourwèma si la remise de cette somme par Salifou Sawadogo, ne visait pas à acheter son silence.

D’autant plus selon le parquet, l’accusé est revenu demander au témoin de lui relater ce que ce dernier avait dit au juge d’instruction afin que lui aussi dise la même chose.

«Entre camarades, je me suis dit que c’était un soutien après tout ce que j’avais subi mais ça peut être aussi interprété comme un achat de conscience», a répondu le témoin.

Prenant la parole par la suite, Salifou Sawadogo a dit «relever des contrevérités (dans les propos de Noël Sourwèma) qui cachent une fuite de responsabilité».

«J’ai remis les 500 000 FCFA à Noël Sourwèma sans parler aux autres (députés) par modestie. Je ne voulais pas les gêner. C’est ahurissant que Noël dit que c’est possible que je voulais acheter sa conscience», a-t-il affirmé.

«Ce que je retiens de Noël, c’est la volonté d’un individu de faire plonger un camarade», a-t-il poursuivi.

Au terme de son interrogatoire, le témoin Noël Sourwèma a laissé la place à la barre à un autre témoin en la personne de Bondaogo Amidou Nikiéma.

Agence d’information du Burkina

Wurotèda Ibrahima SANOU
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