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Procès du putsch manqué : Deux cadres du CDP à couteaux tirés devant le Tribunal militaire

Publié le mercredi 30 janvier 2019  |  Le Pays
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© FasoZine par DR
Le journaliste Adama Ouédraogo Damiss
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L’audition des témoins dans le cadre du procès du putsch manqué s’est poursuivie ce mardi 29 janvier 2019 devant le Tribunal militaire dans la salle des Banquets de Ouaga 2000. Après le témoin Alidou Sawadogo, c’est Noël Sourwèma et Komdaogo Hamidou Nikièma qui se sont succédé à la barre pour être auditionnés. Lors des confrontations des accusés avec les témoins, le témoin Noël Sourwèma, ancien Secrétaire général de la section provinciale CDP du Kadiogo, a quasiment témoigné à charge contre Salifou Sawadogo, cadre du CDP, accusé dans le cadre du procès.

Me Hervé Kam, un des avocats des parties civiles, prenant la parole, veut comprendre à partir des déclarations du Conseiller des affaires étrangères, Alidou Sawadogo, le rapport entre le million reçu du général Bassolé par l’accusé Adama Ouédraogo dit Damis et les évènements du 16 septembre et jours suivants. Donnant un peu l’impression, croirait-on, de chercher la petite bête à travers les faits. Pour le conseil du journaliste Adama Ouédraogo dit Damiss, Me Stéphane Ouédraogo, il n’y a rien de particulier entre l’argent reçu et les faits, et fait observer que la faiblesse des charges pèse contre certaines personnes. L’avocat laisse entendre que le parquet a sa vérité, fait croire que les accusés sont coupables et fait comparaître des témoins à charge. Si recevoir de l’argent sous la Transition est une infraction, c’est qu’il y a problème, dit l’auxiliaire de justice. Le parquet militaire
fait observer qu’il ne fait qu’appeler des témoins qui aideraient à la manifestation de la vérité. Me Dieudonné Bonkoungou, conseil du général Bassolé, demande que son confrère de la partie civile, Me Kam, crédite la défense d’un minimum d’intelligence. « Nous sommes sereins ; c’est celui qui doit apporter la preuve de la charge qui ne l’est pas », dit-il à l’endroit du parquet qui remue ciel et terre, ne sachant pas comment s’y prendre, selon lui, au point de transformer les propos des autres. Il rappelle qu’on parle « d’écoutes scélérates » et l’on doit prouver en quoi l’argent remis est une infraction. Lorsque le témoin Noël Sourwèma passe à la barre, le président du tribunal lui demande de « jurer de parler sans haine, de dire la vérité et rien que la vérité ». Ce qu’il fait, la main droite levée. Le juge prend le soin de lui notifier qu’il est passible de poursuites pour « faux témoignage » si son témoignage à la barre s’avérait faux par la suite. Sur la question de savoir ce qu’il sait des évènements du 16 septembre 2015 et jours suivants, Noël Sourwèma, ancien SG provincial Kadigoo du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), fait un récit des faits du 16 au 19 septembre. Il était à la maison le 16 septembre lorsque son camarade du parti, Salifou Sawadogo, lui demande par appel téléphonique de convoquer une réunion pour le 17 septembre à 9h au rond-point des Martyrs, dit-il. Il se rend au lieu indiqué le matin du 17, mais il n’y a personne et il retourne. Salifou Sawadogo l’appelle sur le chemin du retour et lui demande de revenir parce qu’il a retrouvé les camarades. Il les rejoint et entre-temps Salifou Sawadogo se retire pour un tour en ville, selon son récit. Des échauffourées éclatent entre militants CDP et des passants. Des passants que certains militants poursuivent dans la rue après des rixes. Vu cela, Noël Sourwèma se retire et rentre. Lorsque Salifou Sawadogo revient, il ne le trouve pas, il l’appelle pour comprendre. Il explique que le 18 septembre des échauffourées ont éclaté à Tampouy, le quartier où il habite. Instruit par les évènements de fin octobre 2014 suite auxquels son domicile avait été saccagé, Noël déménage à Karpaala chez son fils. Il raconte qu’il a été arrêté le 28 septembre 2016 et déféré à la MACO. Mis en liberté provisoire et après confrontation avec Salifou Sawadogo, il passe devant la chambre de contrôle de l’instruction et est blanchi après 1 an 3 mois de prison. Il fait savoir que, selon les rumeurs, Salifou Sawadogo serait à la base de son arrestation.

Le témoin Hamidou Komdaogo Nikièma décharge l’accusé Lota

« De quoi était-il question à la réunion du 16 ? », lui demande le parquet. La correction des listes et la propositions d’autres camarades pour les élections, répond-il. L’objet de la rencontre ? Il dit au parquet que Salifou lui avait dit qu’il s’agit d’une information très importante. « Qui a financé les réunions ? », veut savoir le parquet. Noël Sourwèma dit n’en avoir aucune idée. Il se rappelle que de l’argent avait été donné aux camarades pour sécuriser les domiciles des responsables du parti. Il précise avoir reçu 500 000 F CFA de Salifou Sawadogo pour lui et certains camarades détenus. A sa sortie de prison, le même Salifou lui a rendu visite à domicile et lui a remis 200 000 F CFA. Lorsque Salifou a été convoqué à la gendarmerie et ensuite devant le juge, il approche Noël Sourwèma pour avoir des informations sur ce dont il a été question lors des auditions. Lorsque le parquet demande si l’argent reçu de Salifou Sawadogo a servi à acheter son silence, il répond par la négative, mais suppose que c’est possible à condition qu’on apporte la preuve. La rencontre du 17 septembre sur la sécurité et l’inclusion, selon le témoin, est de l’initiative de Salifou Sawadogo. Si elle était de son initiative, lui témoin, aurait convoqué la réunion ailleurs, mais pas au rond-point des Martyrs. Il dit avoir répercuté le message de l’initiateur de la rencontre et n’avoir pas pipé mot à la rencontre du 17. Et les questions sur la sécurité et l’inclusion sont du ressort des cadres du parti, à son avis. Mais il reconnaît avoir convoqué la rencontre du 18, mais l’initiateur reste Salifou Sawadogo, selon Noël Sourwèma. Appelé à la barre pour confrontation, Salifou Sawdogo fait observer tout de suite que le témoin fait du black-out sur la réunion du 17. Le témoin veut se dégager et se défausser sur sa personne, dit l’accusé. Il parle de fuite de responsabilité du témoin, de contrevérités. Pour lui, le témoin a pris part à la rencontre sur la sécurité le 16 avant de partir avant la fin de la rencontre. Pour Me Roger Yamba et Me Alidou Sawadogo, conseils de l’accusé, le témoin veut charger leur client, se débine et fait du tourbillon. Pour Me Yamba, c’est Noël qui a convoqué la réunion du 17 septembre et il peut citer des témoins à cet effet. Plus d’un avocat des parties civiles ont posé des questions d’éclaircissement au témoin. Le témoin dit maintenir ses déclarations, devant le Tribunal militaire, à la fin de son audition. Lorsque Hamidou Komdaogo Nikièma passe à la barre, en qualité de témoin, il remet en cause ses déclarations contenues dans les PV d’interrogatoire. Ne comprenant pas français, il se dit que ses déclarations devant le juge ont peut-être été mal notées ou modifiées. Il fait savoir au juge que ce qui se dit ici le dépasse et « chacun a son opinion », selon lui. Sur plusieurs points des évènements, le témoin reste prudent et ne va pas en profondeur. Il décharge en partie l’accusé Abdoul Baguian dit Lota. Pour Me Dabo, conseil de l’accusé, le témoin conforte la défense lorsqu’il dit n’avoir pas entendu Lota dire d’aller incendier un domicile. Il dit avoir demandé à Lota d’intercéder auprès des jeunes pour qu’il n’aillent pas brûler… Pour Me Daboné, conseil de l’accusé, le témoin n’a pas eu droit à un interprète lors de ses auditions à la gendarmerie et devant le juge d’instruction, ni à une lecture interprétée de ses déclarations. D’où les contradictions constatées entre ce qu’il dit à la barre et ce qui est porté dans les procès-verbaux d’interrogatoire.

Lonsani SANOGO
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