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Procès du putsch : « Je ne suis pas un incontrôlé », Mohamed Zerbo

Publié le lundi 28 janvier 2019  |  Sidwaya
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© aOuaga.com par A.O
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Les audiences complémentaires au tribunal militaire de Ouagadougou ont pris fin, avec l’interrogatoire du sergent-chef Laoko Mohamed Zerbo. Il a démenti les propos de certains coaccusés qui l’ont traité d’indiscipliné et d’incontrôlé lors de leur passage à la barre.

Poursuivi pour des faits d’attentat à la sûreté de l’Etat, de meurtre, de coups et blessures volontaires et de dégradation volontaire aggravée de biens, le sergent-chef Laoko Mohamed Zerbo a été le premier des accusés à comparaitre devant le tribunal militaire, le 29 juin 2018. Mais le 25 janvier 2019, il était de nouveau à la barre pour, selon ses dires, recadrer certains propos et apporter des informations additionnelles. L’accusé a précisé qu’il maintient ses déclarations faites lors de sa première audition mais ne reconnait pas certains passages contenus dans son procès-verbal (PV). Il a nié avoir participé à l’arrestation des autorités de la Transition, le 16 septembre 2015.

Certes, le chef Zerbo a reconnu s’être rendu au palais présidentiel ce jour sans y avoir accès. « J’étais en position d’observation à quelques 250 mètres du palais, à son côté ouest », a-t-il précisé. A l’entendre, toutes ses sorties le 16 septembre et jours suivants ont été des missions d’observation et de maintien d’ordre. Le prévenu s’est également inscrit en faux contre les déclarations de certains officiers qui l’ont qualifié de commando invisible, d’élément incontrôlé et d’indiscipliné de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP).

« Je suis un instructeur commando mais pas invisible. Si je l’étais, je n’allais pas être à la barre », a-t-il ironisé avant d’ajouter qu’il n’est ni indiscipliné ni incontrôlé, d’autant plus qu’il entretenait de bons rapports avec sa hiérarchie. A l’écouter, ses comportements exemplaires lui ont valu plusieurs stages et des lettres de félicitations. « Aucun chef ne m’a jamais fait des reproches. J’ai 12 lettres de félicitations et 5 médailles », a révélé le sergent-chef Zerbo.

Il a, par ailleurs, mentionné avoir participé à une mission onusienne. « Les chefs savent qu’on ne désigne pas un indiscipliné pour envoyer en mission onusienne », a relevé l’accusé. Malgré ses qualités de « meilleur sous-officier », il a dit ne pas comprendre tout cet acharnement des officiers sur lui. « Subordonné que je suis, je ne sais pas pourquoi les officiers, à savoir le commandant Aziz Korogo, les capitaines Oussène Zoumbri et Abdoulaye Dao, les lieutenants Aliou Gorgo, Rélwindé Compaoré et Kadri Dianda, m’ont chargé », s’est-il demandé. Alors que, pour lui, l’adjudant-chef major Eloi Badiel qui était son chef n’a jamais été cité par les mêmes officiers comme indiscipliné.

Dans le PV d’audition de l’accusé devant les autorités judiciaires ivoiriennes, le parquet militaire a souligné que l’accusé Zerbo lui-même a dit qu’il a participé à l’arrestation du président Kafando et de ses ministres. Mais le prévenu a rétorqué que le PV des Ivoiriens est dicté et que les conditions inhumaines dans lesquelles il a été arrêté pouvaient l’amener à dire des contrevérités (voir l’encadré). A son tour, il a accusé le parquet d’avoir livré des informations militaires sensibles à un pays voisin qui a permis son arrestation.

« Zerbo est un excellent militaire »

A l’entendre, la police ivoirienne avait par devers elle toutes les informations sur son identité, sa carrière, ses diplômes, les noms de ses chefs et même ses photos sécrètes de mission, entre autres. A ces récriminations, le procureur militaire a répliqué qu’il n’a fait que citer le PV de l’accusé dans lequel lui-même a fourni ces détails. Et d’ajouter que le sergent-chef Zerbo croyait être à l’abri en Côte d’Ivoire alors qu’il a indiqué avoir contribué à former des militaires de ce pays qui le connaissent très bien. Les parquetiers ont assuré qu’il n’y a jamais eu de violation de secret militaire car la procédure normale veut qu’on donne le minimum d’informations sur la personne recherchée, dans le cadre d’un mandat d’arrêt international.

Sur les propos du commandant Korogo selon lesquels Mohamed Zerbo faisait partie des instigateurs du putsch parce qu’il disposerait des moyens de l’ex-RSP, l’accusé a voulu rectifier le tir. Il a expliqué que ses chefs lui ont juste confié deux motos de patrouille. De peur qu’on ne vide le carburant, il a aménagé un hangar chez lui, au camp Naba Koom II, pour abriter les engins. « Je n’ai jamais roulé ces motos », a insisté le prévenu. Concernant son opposition au désarmement, il s’est demandé comment est-ce possible puisqu’il n’avait plus d’arme. « Quand le capitaine Zoumbri dit que je roulais en américain, ce n’est pas vrai. Mon pistolet automatique et ma kalachnikov ont été réintégrés le 24 septembre 2015 et le lendemain, il y a eu le désarmement », a étayé l’accusé.

Son conseil, Me Idrissa Badini, a, pour sa part, mentionné qu’aucun accusé n’a remis en cause les déclarations de son client malgré le fait qu’il ait été le premier à passer à la barre. Selon lui, chef Zerbo est un excellent militaire qui a choisi l’armée par amour au détriment de son admission à l’Ecole nationale des régies financières (ENAREF). « Tout ce qu’il a fait, c’est sur instructions de ses chefs », a dit l’avocat. Le deuxième passage de Mohamed Zerbo à la barre met fin à la phase des interrogatoires des accusés pour laisser place à celle des auditions des témoins.

Le président du tribunal a livré une première liste de dix témoins parmi lesquels, l’acteur de cinéma, Rasmané Ouédraogo dit Raso, le journaliste Michel Ouédraogo et l’homme politique, Achille Marie Joseph Tapsoba. Mais dans la soirée, la partie civile a demandé une suspension d’audience afin de mieux se préparer. Le parquet n’a pas trouvé d’inconvénient. Sur ce, l’audience a été suspendue pour reprendre ce lundi 28 janvier à 9h avec l’audition du premier témoin, l’instituteur Bénédicte Jean Bila.

Mady KABRE

L’accusé dénonce les conditions inhumaines de son arrestation

Le sergent-chef Zerbo a qualifié les conditions de son interpellation en Côte d’Ivoire d’inhumaines. Il a relaté que la police ivoirienne l’a présenté, au départ, comme un civil ayant braqué la douane de Niangoloko et fui avec beaucoup d’argent.

Arrêté le 20 novembre 2016 à Abidjan par la Direction de la surveillance du territoire (DST), le prévenu dit avoir été menotté, mis dans le coffre d’un véhicule, endormi à l’aide d’un produit et conduit en cellule pour y être gardé tout nu pendant quatre jours. C’est au cinquième jour de sa détention, selon ses propos, que la police lui a remis un caleçon, l’a amené tourner en ville avant de le conduire à l’aéroport.

M.K.

Le contrat entre Me Kam et chef Zerbo

Après s’être prononcé sur le PV ivoirien, l’accusé a souhaité ne plus y revenir. Mais Me Hervé Kam a voulu mieux comprendre ce bout de phrase du chef Zerbo : « j’ai dit aux services de renseignement ivoiriens ce qu’ils voulaient entendre ».

A la question de l’avocat, l’accusé est resté muet. Soulignant que c’est son droit, Me Kam a poursuivi ses observations en relevant aussi que dans le PV, le prévenu a dit avoir utilisé son arme. Il n’en fallait pas plus pour sortir chef Zerbo de son mutisme. « Que Me Kam me dise comment j’ai utilisé mon arme et de quel type d’arme s’agit-il ? », a-t-il réagi. « Si tu veux que je réponde à tes questions, qu’on passe un contrat.

Tu réponds à mes questions et j’en fais autant », a répliqué l’avocat. L’accusé a seulement précisé que l’arme en question est un outil de maintien d’ordre et non de guerre et que cela est mentionné dans son PV.

M.K.
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