Quelques heures après son installation officielle comme Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré a dévoilé son gouvernement, le jeudi 24 janvier 2019. Fort de 32 membres dont sept femmes (contre six pour le dernier gouvernement), il enregistre huit départs et huit entrants dont deux ministres délégués. Focus sur les ministres entrant !
L’un des grands changements du premier gouvernement de Christophe Dabiré est la nomination de Chériff Sy comme ministre d’Etat, ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants en remplacement de Jean Claude Bouda. Jusque-là Haut représentant du chef de l’Etat, le nom de Chériff Sy a d’abord circulé dans les couloirs avant de se retrouver sur les réseaux sociaux comme étant celui qui devrait succéder à Jean Claude Bouda dont la gestion de la situation sécuritaire a été décriée par plus d’un. Ancien directeur de publication du journal Bendré, Chériff Sy (fils du général Baba Sy dont le nom a été aujourd’hui donné au camp militaire 11/78 à Ouagadougou) a aussi été le président du Conseil national de la Transition (CNT) à la suite de l’insurrection populaire d’octobre 2014. A l’évocation de son nom, la « loi Chériff » revient systématiquement en référence à la très contestée loi qui avait exclu les caciques du régime de Blaise Compaoré aux élections présidentielle et législatives de novembre 2015.
Bien plus que d’autres, Chériff Sy sera particulièrement attendu sur le terrain de la lutte contre l’insécurité qui assaille le Burkina Faso de toutes parts. Comme lui, le tout nouveau ministre de la Sécurité, Ousséni Compaoré qui remplace Clément Pegdwendé Sawadogo a lui aussi du pain sur la planche. Officier supérieur de la gendarmerie (colonel) à la retraite, il est aussi connu pour avoir été le responsable de la sécurité sous la Révolution du président Thomas Sankara.
Un autre ministère et pas des moindres, change de main. Rosine Coulibaly/Sory, la ministre de l’Economie, des Finances et du Développement (MINEFID), après trois ans de service, cède son fauteuil à l’inspecteur du Trésor, Lassané Kaboré. La dame de fer, comme l’ont surnommée certains, quitte le navire du Plan national de développement économique et social (PNDES) pour remettre le gouvernail du panier commun et de la crise qui l’oppose aux syndicats de son département, à un autre fonctionnaire international.
De la CEDEAO au MINEFID
Jusqu’à sa nomination, le nouveau MINEFID occupait le poste de directeur chargé de la surveillance multilatérale à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à Abuja au Nigéria. Il a occupé plusieurs postes de responsabilité au sein de l’administration burkinabè dont celui de Directeur des affaires monétaires et financières (DAMOF). Mise à la disposition de son pays par la CEDEAO en 2013, il a occupé la fonction de Directeur général de la coopération (DGCOOP), jusqu’à la fin de la Transition et a réintégré l’institution communautaire en 2016.
Le gouvernement accueille aussi un nouveau ministre de la Jeunesse et de la Promotion de l’entrepreneuriat des jeunes en la personne de Salifo Tiemtoré. Celui qui remplace le Dr Smaïla Ouédraogo à ce poste était jusque-là député du parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et 4e vice-président de l’Assemblée nationale jusqu’en décembre dernier. Le portefeuille de la Santé, change également de patron. En lieu et place du Pr Nicolas Méda, c’est une autre Professeure, Léonie Claudine Lougué née Sorgho qui a été promue. L’une des sept femmes à figurer sur la liste du 1er gouvernement de Christophe Joseph Marie Dabiré, le Pr Lougué, n’est personne d’autre que l’épouse du général . Elle était avant sa nomination enseignante au département des Sciences de la santé (UFR-SDS) de l’Université Ouaga I Pr Joseph Ki-Zerbo.
Avec le départ de Jacob Ouédraogo, le ministère de l’Agriculture et des Aménagements hydrauliques devient ministère de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles dirigé par Salif Ouédraogo, précédemment directeur régional de l’ONG SOS Sahel international. Maminata Ouattara née Ouattara, profitant de la scission du ministère en charge de la Justice, s’occupe désormais du ministère « plein » des Droits humains et de la Promotion civique. Alfred Gouba, jusque-là secrétaire d’Etat en charge de la décentralisation, cède lui aussi sa place à Madiara Sagnon/Tou devenue ministre délégué chargée de la décentralisation et de la Cohésion sociale. Urbain Ibrahim Coulidiaty passe de secrétaire d’Etat à ministre délégué, chargé de la Recherche scientifique et de l’Innovation.