Fada N’Gourma - Les élèves de Fada N’Gourma ont décidé de reprendre les cours demain jeudi, au sortir mercredi, d’une médiation à demie teinte, qu’ils ont initiée entre l’administration, les syndicats et les Forces vives pour résoudre la crise qui secoue à nouveau, le monde éducatif.
Les élèves des établissements d’enseignement secondaire, public et privé, de Fada N’Gourma sont en quête de solutions à la crise qui prévaut dans le secteur éducatif burkinabè. Après une grève de 72 heures qui s’est achevée, ce mercredi 23 janvier 2019, ils ont réuni sur la même table les syndicats, les parents d’élèves et les autorités administratives, coutumières et religieuses.
A quel stade les négociations sont-elles pour la reprise des évaluations et du traitement des dossiers pour les examens de fin d’année? A quand la réouverture des écoles fermées du fait de l’insécurité ? Quel est le sort réservé aux élèves ? Ce sont autant de questionnements émis, d’entrée de jeu, par le porte-parole des délégués des élèves de Fada N’Gourma, Josias Thiombiano.
A sa suite, les parties prenantes ont, tour à tour, donné leur lecture de la crise que traverse l’éducation.
Le représentant du haut-commissaire du Gourma, Gontran Kagambeiga s’est dit préoccupé par la tournure que prend la crise. Pour lui, le seul moyen responsable et efficace pour une issue heureuse, c’est le dialogue.
A ce propos, le représentant du maire de la commune de Fada N’Gourma, Inoussa Pélédé, a félicité les élèves qui ont eu l’idée de rassembler les différents responsables et les syndicats pour trouver ensemble des solutions à la crise. Il a rassuré les élèves que des négociations sont en cours en vue d’une normalisation de l’année scolaire.
Reprise effectif des cours ce jeudi
Malheureusement, s’est insurgé le coordonnateur régional des syndicats de l’éducation de l’Est, Issa Kientega, ces négociations patinent et ne présagent rien de bon.
Néanmoins, M. Kientega s’est voulu optimiste. «L’année scolaire n’aura pas une couleur blanche. Elle peut être sauvée à condition que le gouvernement respecte ses engagements», a-t-il affirmé.
En attendant une résolution définitive, certains responsables d’établissement d’enseignement privé ont souhaité la reprise des évaluations et du traitement des dossiers pour les examens de fin d’année.
Offre déclinée par les représentants des syndicats qui brandissent l’argument d’appartenir à une structure d’envergure nationale, habilitée à prendre toutes les décisions.
En d’autres termes, il n’est pas question pour la coordination régionale de se soustraire des mots d’ordre lancés par la hiérarchie syndicale.
Pour le coordonnateur régional des associations des parents d’élèves de l’Est, Laurent Thiombiano, étant donné les circonstances, chaque partie doit mettre de l’eau dans son vin.
«Nous invitons le gouvernement à respecter sa parole donnée et les syndicats à mettre en avant les intérêts de nos enfants que nous leur avons confiés», a-t-il lancé.
Dans tous les cas, pour sauver l’année scolaire, il faut vite reprendre les évaluations, a soutenu le vice-président de la communauté musulmane de Fada N’Gourma, Aboubacar Combari.
«Nous demandons aux élèves de reprendre les cours, le temps qu’ensemble nous trouvions la solution», a-t-il dit.
D’ores et déjà, le porte-parole des délégués des élèves de Fada N’Gourma, Josias Thiombiano, a annoncé la reprise effective des cours, ce jeudi 24 janvier 2019.
Un goût d’inachevé
Emerveillé par l’idée de réunir les acteurs pour la cause de l’éducation, Adolph Tankoano, membre de la coordination régionale des syndicats de l’éducation, a salué la maturité d’esprit des élèves qui ont, ainsi, démontré qu’ils sont conscients des enjeux de la crise. Par ailleurs, il les a exhortés à demeurer irréprochables et à toujours cultiver le civisme dans leurs milieux respectifs.
Au terme des échanges, le coordonnateur régional des syndicats de l’éducation de l’Est, Issa Kientega, a dit resté sur sa soif.
«Nous considérons que la rencontre a été boycottée par les autorités administratives qui se sont faites représentées», a-t-il déploré.
La session a même failli tourner court suite à une ‘’pique’’ venue du camp des représentants des autorités administratives.
«Selon eux, il n’est pas question que les autorités, elles-mêmes, s’asseyent sur la même table avec les élèves pour parler de la crise. Cela prouve qu’ils n’ont pas la volonté de résoudre le problème», a expliqué M. Kientega.
En début décembre, les syndicats des enseignants ont suspendu les évaluations pour exiger du gouvernement le respect d’un protocole d’accord signé en janvier 2018, après quatre mois de revendication.
Depuis quelques jours, des élèves désertent les classes dans plusieurs villes pour, disent-ils, demander au gouvernement de respecter ses engagements.