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Procès du putsch: « Je sais que je serai acquitté », Roger Koussoubé

Publié le mercredi 23 janvier 2019  |  Sidwaya
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© Autre presse par DR
Procès putsch manqué: les avocats de la Défense à madame le premier président de la Cour de cassation
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Pour son deuxième passage devant le tribunal militaire, le mardi 22 janvier 2019, le sergent-chef Roger Koussoubé a réaffirmé n’avoir jamais participé à l’arrestation des autorités de la Transition ni été dans le cortège du général Gilbert Diendéré.

Poursuivi pour attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires et incitation à la commission d’actes contraires à la discipline militaire, le sergent-chef Roger Koussoubé dit le Touareg, tout comme lors de son premier passage à la barre, est resté campé sur sa position en niant les faits à lui reprochés. A l’entendre, c’est l’adjudant Jean Florent Nion qui lui a demandé, le 16 septembre 2015, de le rejoindre au camp Naaba Koom II et ensemble, ils ont embarqué pour le domicile du général Diendéré.

L’accusé a indiqué que c’est seulement en cours de chemin, lorsqu’il a voulu comprendre la situation que l’adjudant Nion lui a dit que c’est une nième crise du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). « Si j’avais su que c’était un coup d’Etat, j’allais rentrer chez moi et ne plus ressortir », a-t-il avancé.

Prenant le contrepied de certains prévenus qui ont indiqué l’avoir vu le 16 septembre sous le hall du palais présidentiel, le sergent-chef Koussoubé a signifié qu’il n’a jamais participé à aucune réunion visant à enlever le chef de l’Etat et ses ministres. « Je n’ai jamais été le messager du général Diendéré non plus », a-t-il fait savoir avant de préciser que si tel était le cas, l’adjudant Nion et l’adjudant-chef major Eloi Badiel devraient l’arrêter sur-le-champ. Le parquet militaire a reproché au prévenu d’avoir aussi fait partie de la sécurité rapprochée du général Diendéré aux premières heures du putsch mais celui-ci s’est inscrit en faux contre cette accusation.

Il a dit s’être soustrait très tôt du groupe et s’est fait remplacer par le caporal Sami Dah pour des raisons de santé. « Le Touareg » a précisé que s’il a accepté embarquer avec l’adjudant Nion, c’est parce qu’il voulait comprendre ce qui se passait. Par rapport aux clans du général Djibrill Bassolé au sein du RSP que le prévenu avait évoqué lors de son premier passage, celui-ci a souhaité ne plus revenir là-dessus. La raison, selon lui, est que le mis-en-cause a rétorqué qu’il n’en avait pas.

« Ces clans ont existé oui ou non ? », a insisté le parquet militaire. « Je suis trop petit pour revenir sur les propos d’un général », a coupé court l’accusé Koussoubé. Il s’est dit convaincu qu’il sera acquitté car, accusé au départ dans quatre dossiers (Yimdi, Nazinon, désertion et putsch), il a été blanchi dans les trois premiers dès son retour de la Côte d’Ivoire. En outre, l’accusé a mentionné que le major Badiel a même avancé des propos à sa décharge.

« On dit qu’on juge sur les faits et le major Badiel a dit que je n’ai rien fait », a mentionné Roger Koussoubé. Et le parquet de relever que dans le Procès-verbal (PV) d’interrogatoire de Sami Dah, celui-ci a estimé que ce que Koussoubé a fait de mauvais, c’est quand il est allé à la radio Savane FM. Le parquet parle même de descente musclée avec l’existence d’un élément vidéo où Koussoubé est en train de déménager du matériel. Mais le prévenu maintient y être allé par curiosité et n’avoir commis aucune bavure.

« Ce coup d’Etat a été fait yada yada »
Pour le conseil de l’accusé, Me Alexandre Sandwidi, le parquet n’a apporté jusqu’à aujourd’hui, aucun élément de preuve que son client a été acteur du coup d’Etat. Par rapport à la vidéo que l’avocat qualifie de sécrète, il a souligné n’avoir jamais eu connaissance de cet élément. « Je ne sais pas à quel moment de la procédure cette prétendue vidéo a été versée au dossier et pourquoi le parquet militaire ne nous l’a pas montrée », a-t-il clamé.

A l’entendre, son client a été accusé à tort et présenté, sous l’appellation Touareg, comme un élément dangereux, alors qu’il n’en est rien.
Dans l’après-midi, son avocat s’est évertué à jeter du discrédit sur les arguments du parquet militaire. Selon Me Michel Traoré, le procureur est «dans l’incapacité et dans l’impossibilité de prouver » que son client est l’auteur du putsch de septembre 2015. Pour lui, « le Touareg » n’a été porteur d’aucun message et de qui que ce soit. D’ailleurs, le général Diendéré lui-même aurait affirmé n’avoir pas mandaté le sergent-chef Roger Koussoubé.

Qu’à cela ne tienne, il a expliqué que l’accusé n’a ni organisé, ni participé à l’arrestation des autorités. Aussi, il n’a donné aucun ordre à cet effet. Pour lui, son client ne fait donc pas partie du coup d’Etat. Me Traoré a dit ne pas comprendre pourquoi le procureur militaire veut faire porter au prévenu un costume qui n’est pas de sa taille. « Je ne vois aucun élément à charge contre mon client…

Quand on passe aux choses sérieuses, on ne voit pas M. Koussoubé à la tâche », a laissé entendre Me Michel Traoré. Pour lui, l’accusation du parquet est plus fondée sur les déclarations tenues à l’étranger, preuve d’une «défaillance de preuves». «Dans la recherche de l’impossible, on nous parle d’argent », a ajouté Me Traoré, en référence aux huit millions francs CFA que l’accusé a reçus de l’ex-Premier ministre (PM) Yacouba Isaac Zida. A en croire la défense, il ne s’agit pas de la même affaire et les faits ne se sont pas produits au même moment.

Recevoir de l’argent de M. Zida n’est pas non plus une infraction. Pour Me Prosper Farama, c’est la preuve que le sergent-chef est un agent double, parce qu’il travaillait pour différents clans au sein de l’ex-RSP. Et Roger Koussoubé de préciser que dès qu’il a reçu l’argent de l’ex-PM, il a rendu compte au commandement. « Ce n’est pas un double jeu, ma position était claire », a rétorqué le Touareg.

L’accusé dit s’être également rendu « avec un véhicule de service (…) par simple curiosité » à Savane FM au moment des faits, lorsqu’il a appris que la « radio qui émettait illégalement » a été localisée. Et l’avocat de la partie civile de s’interroger s’il est de coutume dans l’armée de suivre des soldats en mission juste « par curiosité ». « Tout le monde a été curieux au moins une fois dans sa vie », lui a rétorqué le sergent-chef Koussoubé.

Certes, a dit Me Farama qui dit avoir du mal à comprendre que des soldats comme Sami Dah et Mohamed Zerbo aient participé aux événements plus que l’accusé qui les a joints au téléphone à cet effet. L’accusé craque : « Me, je suis fatigué, je ne vais plus répondre à vos questions ». Pour Me Prosper Farama, cela va de soi, puisque la version du Touareg est illogique. Contrairement à Me Michel Traoré, il ne voit aucun élément à la décharge de l’accusé. « Ce coup d’Etat a été fait yada yada », a affirmé l’avocat, « noyant » de nombreux soldats de l’ex-RSP.

Le tribunal a aussi rejeté une demande d’autorisation d’absence de l’ancien bâtonnier, Me Mamadou Traoré, de ce mercredi au vendredi, pour des raisons professionnelles. L’audience reprend ce matin à 9 heures.

Mady KABRE
Djakaridia SIRIBIE
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