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Formation du nouveau gouvernement au Burkina Faso

Publié le lundi 21 janvier 2019  |  Le Pays
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© Autre presse par DR
Le président Kaboré invite les Burkinabé à intensifier la lutte contre le sida
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Changer d’hommes d’accord, mais changer de vision d’abord

Quelques jours après la démission du Premier ministre Paul Kaba Thiéba et de son équipe, le décret tant attendu portant nomination du nouveau chef de gouvernement n’était pas encore publié au moment où nous tracions ces lignes, laissant libre court à toutes sortes de supputations sur l’identité de cet oiseau manifestement rare, et sur celle des ministres qui seront chargés de remettre le pays à flot sur les plans économique, social et sécuritaire.

L’équation semble être d’autant plus complexe pour Roch Marc Christian Kaboré que dans ce contexte de guerre contre le terrorisme sous toutes ses formes, il devra respecter un certain équilibre pour la constitution de l’équipe gouvernementale, entre les professionnels de la politique issus de divers partis, les technocrates aux compétences avérées dans leurs domaines respectifs, et les membres de la société civile qui se sont résolument engagés pour une veille citoyenne.

Le parti au pouvoir dispose sans doute d’un vivier d’hommes et de femmes ministrables, mais c’est sans doute vers un gouvernement d’union nationale qui ne dit pas son nom qu’on s’achemine, en prenant le maximum de précautions pour éviter les erreurs de casting qui ont gravement nui à l’efficacité de l’équipe sortante.

Il ne sert à rien de se voiler la face, les futurs membres du gouvernement doivent impérativement mouiller le maillot s’ils veulent calmer et contenir une opinion publique saisie par le doute et la crainte permanente des attaques terroristes, rassurer les investisseurs et les opérateurs économiques qui se plaignent de plus en plus et à juste titre du climat malsain des affaires au Burkina Faso, et prévenir la fronde des syndicats de même que l’éventuelle grogne des soldats au front, excédés et quotidiennement exposés au danger du fait, de l’incurie, du laxisme ou de l’incompétence de leurs chefs.

Roch Marc Christian Kaboré n’a pas droit à une erreur de casting

Il faudra donc, au président Kaboré, une bonne dose de courage et de lucidité pour transcender les considérations d’arrière-garde et replacer le pays sur orbite, en reprenant sans délai son bâton de commandement s’il veut une fin de mandat moins tumultueuse qu’elle ne l’est actuellement et s’il veut marquer d’une pierre blanche son passage à la tête du pays.

Disons-le clairement, ces trois premières années à Kosyam nous ont révélé un homme qui manque cruellement de poigne et d’autorité face à la perte vertigineuse de certaines valeurs cardinales héritées de nos ancêtres telles que le courage, l’intégrité et le patriotisme. Et pour une thérapie de choc, il va falloir un gouvernement de choc, capable de fédérer toutes les énergies utiles d’où qu’elles viennent, pour sauver notre pays du péril.

Le chef de l’Etat devra tirer leçon de l’échec (dont il n’est pas toujours le seul comptable) du gouvernement démissionnaire notamment sur le plan de la sécurité pour changer de cap, en procédant à un remaniement ministériel d’une vaste ampleur non pas pour positionner des «guerriers» dans la perspective des batailles électorales à venir, mais pour mettre en œuvre la vision du chef de l’Etat, de manière de servir dans un élan patriotique notre patrimoine commun qu’est le Burkina Faso.

En tout état de cause, le Burkina Faso regorge d’hommes et de femmes à la fois compétents et patriotes, prêts à remettre le pays sur les rails du développement, à condition bien sûr que le Président du Faso dont on dit qu’il est l’otage de son entourage immédiat, n’écoute que la voix qui lui conseille de penser à l’intérêt supérieur du pays en faisant appel à ceux qui peuvent l’aider dans la vérité et l’abnégation, à remplir ses missions régaliennes.

On attendra la publication des noms des membres du gouvernement pour apprécier l’option prise par Roch Marc Christian Kaboré. Mais en vieux briscard de la politique et avec l’expérience qui est la sienne, il sait qu’il n’a pas droit à une autre erreur de casting, surtout pas maintenant où l’incivisme a atteint des sommets dans quasiment toutes les strates de la société et où l’intégrité de notre territoire n’a jamais été autant menacée. Il sait aussi que le moment est venu ou jamais, de poser les bases d’une gouvernance résolument vertueuse bâtie sur le socle d’une justice sociale sans équivoque, et d’une fermeté qui alterne dans la vérité, la sanction et la reconnaissance.



Hamadou GADIAGA
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