Lotissement à Sapone en vue de l’amenagement de la cité relais : « Si les autorités s’entêtent à poursuivre les travaux, elles auront en face les populations », Seydou Traoré
Mal, se porte la réalisation du projet d’aménagement de la cité relais de Saponé-Marché. Depuis la mise en chantier du projet, les autorités sont la cible de protestations des populations qui dénoncent la violation manifeste de leurs droits et des procédures en matière de lotissement. Pendant une conférence de presse organisée sous l’arbre à palabre du quartier Tôghin à Saponé, le jeudi 22 août 2013, les populations lésées ont réaffirmé leur détermination à faire respecter les droits auxquels elles prétendent.
Les populations des villages de Banembanto, de Bologo et de Tôghin sont en courroux contre la manière dont le projet de la cité relais de Saponé-Marché est en train d’être réalisé. Sorties massivement à l’occasion d’une conférence de presse organisée conjointement par le mouvement ‘’un logement décent pour tous’’ membre du réseau ‘’No Vox’’, le Collectif des habitants africains du Burkina (CHA-Burkina), elles ont exprimé leur ras-le-bol contre la manière dont le lotissement est fait. Elles ont toutes dénoncé une expropriation abusive de leurs terres. Selon Seydou Traoré, président du mouvement ‘’Un logement décent pour tous’’, la situation des habitants déguerpis de Saponé pose le problème de la violation des textes de loi comme la RAF, le code de l’urbanisme et de la construction, le régime foncier rural et le code général des collectivités territoriales. Il relevé des manquements aux règles élémentaires de la procédure de lotissement à savoir, le recensement des populations touchées, la numérotation des champs et la juste et préalable indemnisation avant l’expropriation. Selon les explications de Seydou Traoré, les démarches entreprises auprès des autorités locales et centrales ont été vaines. Le maire aurait refusé de rencontrer les populations et se serait inscrit dans une logique belliqueuse. S’insurgeant contre les violations commises par le maire et la direction des travaux fonciers, le président du mouvement ‘’Un logement décent pour tous’’ a appelé particulièrement le maire à s’imprégner du code des collectivités territoriales pour mieux jouer son rôle. Selon les populations et Seydou Traoré, animateur principal de la conférence de presse, le haut-commissaire de la province du Bazèga aurait été informé du début du lotissement par les populations elles- mêmes. Comment une activité majeure comme celle du lotissement peut être entreprise sans que le haut commissaire ne soit mis au courant ? Les rencontres initiées par le haut commissaire aurait permis de parvenir à un procès verbal et à un engagement des autorités à épargner les habitats. Mais contre cet engagement et de ce que nous avons pu constater sur le terrain, des maisons et des champs ont été bornés et des tombes et des lieux de culte ont été rasés par des engins lourds avant que les populations ne contraignent l’entreprise à suspendre les travaux en juillet dernier. Aujourd’hui, les populations disent non seulement ne pas avoir été associés au projet, mais aussi ne pas disposer d’information. Ainsi, combien de personnes sont touchées par le déguerpissement et à combien s’élève la superficie totale de terre expropriée ainsi que l’estimation des dommages ? Chose inadmissible dans un Etat de droit, a tranché le président du mouvement ‘’Un logement décent pour tous’’ qui, par ailleurs, a mis les autorités en garde contre toute tentative de forcing. « Si les autorités s’entêtent à poursuivre les travaux avant que les populations ne soient situées quant à leurs droits, elles les auront en face. Et s’il y a éventuellement un acte d’incivisme, ce sont elles, les autorités, qui l’auraient cultivé », a-t-il averti. Henri Nassa, militaire à la retraite dont les tombes des proches ont été profanées, a déploré la manière dont le lotissement est entrepris. « Comment voulez-vous déloger les gens de leurs villages. Où voulez- vous qu’ils aillent alors ? Ceux qui vivent en ville, quand ça se passe mal ils ont un village où se refugier. Mais que faire quand vous n’en avez plus ? », s’est indigné le militaire à la retraite qui a exigé que les habitats des populations soient épargnés et que les procédures en matière de lotissement soient respectées. A en croire Seydou Traoré, face à la pression croissante, un techniciens de l’Urbanisme se serait rendu sur les lieux pour montrer les limites de la superficie concernée par le lotissement. Aussi, selon une source qu’il a dit être officieuse, 3 000 parcelles auraient été promises aux populations déguerpies, en termes de compensation. Le coordonnateur national du réseau No Vox, Séni Sana, a promis le soutien du mouvement aux populations, pour les prochaines batailles .
Par Roger Melchisédech KABRE