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Burkina: des manifestants demandent "justice" après les violences intercommunautaires

Publié le samedi 12 janvier 2019  |  AFP
Marche
© aOuaga.com par DR
Marche meeting sur le conflit ethnique de Yirgou
Samedi 12 Janvier 2019, à Ouagadougou. Marche meeting sur le conflit ethnique de Yirgou
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Ouagadougou - Plusieurs centaines de personnes, dont une
majorité de Peuls, ont manifesté samedi à Ouagadougou pour réclamer "vérité et
justice" après des représailles meurtrières qui ont fait 49 morts à Yirgou
(nord), selon un bilan officiel, après une attaque jihadiste.
Dans la nuit du Nouvel An, des hommes armés, soupçonnés d’être des
jihadistes, ont attaqué le village de Yirgou-Foulbè, dans la commune de
Barsalogho (centre nord), tuant sept personnes de la communauté mossi,
majoritaire au Burkina, dont le chef de village, avant de prendre la fuite.
Dans la foulée, les villageois s’en sont pris à des membres de la
communauté peule dans différentes localités de la région. Le président Roch
Marc Christian Kaboré s’était rendu sur place pour apaiser la tension. Le
bilan officiel est de 49 morts, mais des sources peules estiment qu’il y a eu
plus de 70 morts.
A l’appel du collectif contre l’impunité et la stigmatisation (CISC), les
manifestants se sont rassemblés sur la place de la Nation avant d’arpenter les
artères de la capitale.
Sur des pancartes et banderoles, on pouvait lire : "Devoir de justice pour
Yirgou, Droit de vivre pour tous au Faso", "Touche pas à notre vivre
ensemble", "Non aux violences communautaires" ou "Plusieurs communautés, un
seul Faso".
Comme au Mali, au Niger et au Nigeria, les tensions dégénèrent
périodiquement en violences entre communautés agricoles et Peuls,
traditionnellement éleveurs, souvent nomades, présents dans toute l’Afrique de
l’Ouest. Comme certains Peuls ont rejoint les groupes jihadistes qui ont tué
plus de 270 personnes depuis 2015, il est fréquent de voir des Burkinabè faire
l’amalgame entre jihadistes et Peuls.
Le bilan est de "72 morts auquel s’ajoutent des personnes disparues, plus
de 2.000 personnes déplacées, des concessions brulées, des troupeaux emportés
par les bourreaux membres des groupe d’autodéfense", a assuré l’avocat du
collectif, Me Ambroise Farama. "Nous avons des autorités politiques et
administratives qui ont l’art de masquer la vérité parce qu’ils savent que si
le peuple connaît la vérité, ce sera révoltant, c’est pour cela qu’ils ne
veulent pas donner les vrais chiffres".
"Nous exigeons une enquête pour comprendre pourquoi 72 heures après le
début du massacre, alors que tout le monde était informé, aucune action
n’avait été posée pour stopper le massacre", a ajouté Me Farama.
"Le CISC exige vérité et justice pour les victimes du double drame de
Yirgou, les victimes des attaques terroristes et les victimes de toutes les
formes de stigmatisation".
Pour Me Farama, "le drame de Yirgou pose l’épineux problème de l’incapacité
du gouvernement à faire face aux attaques terroristes, à assurer la sécurité
des biens et des personnes, mais aussi et surtout celui de la stigmatisation
de certaines communautés ethniques".
"Le terrorisme n’a pas d’ethnie ni de nationalité", a déclaré le
porte-parole du CISC, Dr Daouda Diallo, appelant à "éviter le délit de faciès".
"Il est temps de crever l’abcès afin d’épargner notre pays une guerre
civile qui couve", a-t-il ajouté.
"Ca fait très mal de voir des gens d’une même nation s’entretuer comme
cela. En tant que mère j’ai honte que nos enfants voient une telle image", a
réagi Mme Himdatou Hamadou, une Peule de la région du Nord, venue manifester.
"Ce qui est arrivé à Yirgou ne concerne pas seulement les Peuls mais
l’ensemble des fils du Burkina", a déclaré le porte-parole de la communauté
bobo, Yacouba Sanou, saluant la présence à la marche de "60 autres ethnies du
pays".
Les violences intercommunautaires au Mali voisin ont fait plus de 500 morts
civils en 2018, selon l’ONU.
ab/pgf:jh
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