Marcel Yaméogo est docteur en Leadership et développement organisationnel. Pilier du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) à New York, il est secrétaire chargé des structures du parti section New York. Consultant et chercheur à l’ONU, pour la réforme du Conseil de sécurité et des organisations membres du Conseil économique et social, participant actif à la campagne de Trump en tant que stratège en campagne politique, il est mieux outillé des questions de démocratie. Avec lui, nous avons évoqué des questions relatives à la vie du parti, au mode de désignation des candidats aux élections, etc.
« Le Pays » : vous êtes membre du bureau exécutif national, le secrétaire chargé des structures du CDP zone Amérique. Comment se porte le CDP au pays de l’Oncle Sam ?
Marcel Yaméogo : Il faut dire que depuis notre élection au bureau exécutif national, nous nous sommes attelés à réorganiser le parti d’abord aux USA, où le président du parti est venu avec une forte délégation installer le bureau de la section lors des 48 heures du CDP/USA.
La semaine dernière, nous avons installé une commission ad hoc qui va conduire les travaux pour la mise en place de la section du Canada très bientôt. Il y a de l’engouement pour notre parti. Nombreux sont les Burkinabè qui rentrent en contact avec la section pour adhérer à notre parti. C’est vous dire que le CDP se porte très bien en Amérique.
Cependant, on entend aujourd’hui parler de l’existence de plusieurs groupes au sein du CDP? Qu’en est il exactement ?
En ma connaissance, il n'y a pas de groupes politiques au CDP. Il peut exister comme dans tout grand parti des sensibilités pour le choix du futur candidat du parti à l’élection présidentielle de 2020. Le parti se donnera en son temps les voies et moyens (critères, modalités et procédures de désignation) en la matière qui respectent ses textes fondamentaux.
Comment se fait la désignation par les partis politiques des « candidats à l’élection présidentielle aux USA?
Les études de Science politique convoquent ici de nombreuses ressources pour expliquer comment un homme ou une femme parvient à s’imposer comme le leader d’une formation politique. Les variables sont en effet nombreuses, voire, trop nombreuses car peu stables, et c’est sans doute la raison pour laquelle il n’y a pas de recherche comparative des modes d’ascension aux responsabilités de chef de parti politique. Les partis politiques s’essaient, pour un certain nombre d’entre eux, à la démocratie électorale interne en vue de répondre à la crise des fonctions idéologiques et intégratrices qui les affectent. Le principe de délégation et la cooptation ne sont donc plus aussi dominants qu’il l’ont été, même si le rôle des grands partis dans la sélection des candidats et des leaders n’a pas disparu.
Des modes de légitimation alternatifs sont à présent privilégiés, en particulier les primaires de manière à désigner les candidats.
Comment se font les primaires exactement dans ces grandes démocraties?
Aux USA notamment, de façon simplifiée, un vote consiste en un ensemble de candidats et un ensemble de votants, chacun d’entre eux ayant des préférences sur les candidats. Le but d’une règle de vote est de déterminer un candidat préféré collectivement.La logique des choses aurait voulu que lorsqu’il n’y a que deux candidats (appelons-les A et B), qu’il existe une règle évidente : la majorité. Lorsque plus de la moitié des électeurs votent A devant B, le vainqueur est A. Et en cas d’égalité, il faut départager les deux candidats. Mais la réalité est plus complexe que cela. En effet, il y a d’autres paramètres qui s’invitent, à savoir la question des lobbies et celle des grands électeurs. Etre capable de se faire adouber par un grand électeur ou un ancien chef d’Etat est très capital et déterminant. Il y a aussi le rôle non négligeable des consultants et des stratèges en politique que les candidats recrutent pour les aider à gagner les élections. Ainsi, il n’est pas évident de trouver un candidat idéal pour occuper un poste vacant, notamment lorsque l’on a à choisir entre plusieurs postulants de qualité. Bien souvent, le choix entre des candidats est difficile, s’ils paraissent tous convenir à l’emploi et que leurs curriculum vitae respectifs sont très convaincants.
Pourquoi les partis politiques doivent-il faire le choix de leurs candidats aux élections ?
Cette opération s’impose à tout parti politique parce que les élections sont, par essence, du registre de la compétition. Donc, la médiocrité n’a pas sa place. Ce faisant, la sélection des candidats est le processus par lequel les partis politiques décident quelles personnes seront inscrites sur les bulletins de vote en tant que leurs candidats officiels. La façon dont ils effectuent ce choix est déterminée principalement par leurs propres règles et procédures internes en lien avec l’histoire du parti et le contexte. La plupart des partis ont même conservé le monopole sur la désignation des candidats. Mais d’autres ont ouvert leur procédure interne de sélection. Dans ce dernier cas, l’ouverture des procédures de vote est plus ou moins grande et peut aller jusqu’à l’organisation de primaires ouvertes aux sympathisants.
Comment un candidat à une élection présidentielle œuvre-t-il pour gagner?
Etre candidat à l’élection présidentielle comporte des conditions et des obligations aux plans politique, juridique et financier. Sur le plan politique, on l’a dit, il faut un maillage territorial, grâce au soutien d’un parti politique effectivement et efficacement implanté. En plus, un candidat doit être en mesure de rassembler, car aucune élection ne peut se gagner à partir de son seul et unique camp. Cela vaut pour tous les candidats, de tous les partis, dans tous les systèmes démocratiques et pluralistes.
Sur le plan financier, il faut des fonds suffisants permettant de mener une campagne électorale à l’échelle nationale, sur une longue durée. Cela confirme la nécessité du soutien d’un parti politique disposant de tels fonds et en mesure de les avancer. Sur le plan juridique, le candidat doit jouir pleinement de tous ses droits politique et civique d’une part, et d’autre part, être en règle vis-à-vis des lois et règlements en vigueur dans le pays.
Quelles sont les critères généraux qui doivent guider les électeurs dans leur choix?
Il ne suffit pas pour choisir un candidat à une élection présidentielle de regarder une sinistre farce télévisée rassemblant les prétendants. Il ne suffit pas non plus d’examiner minutieusement les programmes de chacun et de les comparer, exercice utile mais insuffisant. Il faut répondre à quelques questions simples, très générales mais essentielles :
1. Quel est le projet souhaitable ?
Nouveau modèle de société ou gestion rigoureuse et pragmatique ? Politique envahissante (ambitieuse diront certains) ou politique modeste (cautionnant l’existant diront certains) ?
2. Quel est le gouvernant le plus apte ? Deux qualifications de base sont nécessaires : la maîtrise de tous les grands sujets politiques et économiques (la culture) et une expérience de l’exercice du pouvoir (le savoir-faire).
3. Face à une situation grave et imprévue (troubles sociaux, terrorisme de masse), un dirigeant doit être capable d’y faire face.
4. Enfin, question essentielle : faut-il voter utile ? Faut-il, au contraire, voter pour protester ou se faire plaisir ? La sociologie politique est cruelle et certains candidats n’ont aucune chance de devenir président. Voter pour eux, est-ce renoncer à avoir une influence ?
Ces critères de choix ne sont certainement pas suffisants, mais ils permettent de faire un tri efficace. Bien sûr, les notions d’expérience, de culture politique, de capacité de réaction face à l’imprévu comportent une part de subjectivité.
Votre mot de fin?
J’adresse mes remerciements au journal « Le Pays » et encouragements aux camarades pour une victoire en 2020. Je profite souhaiter Happy New Year au fondateur du CDP, le président Blaise Compaoré, dont nous réclamons le retour imminent au pays, au président du parti, SEM Eddie Comboïgo, aux vice-présidents, aux membres du BEN et à tous les militants et sympathisants du parti.