Ouagadougou - Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré s'est rendu samedi dans le village de Yirgou, où 47 civils ont été tués le 1er et le 2 janvier dans une attaque d'hommes armés suivie de représailles visant la communauté peule.
"Rien, absolument rien, ne peut justifier cette violence meurtrière", a déploré M. Kaboré, qui a rencontré les populations de Yirgou avant de visiter un campement peul, saccagé lors des affrontements.
"Ce combat communautaire qui s'est mené ici a été un combat dévastateur. Vous avez 47 morts et des populations qui errent dans l'ensemble des villages", a poursuivi le chef de l'État, arrivé dans un hélicoptère de l'armée avec des membres du gouvernement et des élus locaux.
Dans la nuit du Nouvel An, des hommes armés, soupçonnés d'être des jihadistes, ont attaqué le village de Yirgou-Foulbè, dans la commune de Barsalogho (région du centre nord), tuant tués sept personnes dont le chef de village, avant de prendre la fuite.
Dans la foulée, les villageois s'en sont pris à des membres de la communauté peule dans différentes localités de la région. Un précédent bilan de 46 morts a été revu à la hausse après le décès d'un blessé.
Comme au Mali, au Niger ou au Nigeria, les tensions dégénèrent périodiquement en violences entre communautés agricoles et Peuls, traditionnellement éleveurs, souvent nomades, présents dans toute l'Afrique de l'Ouest. Certains membres de la communauté peule ont rejoint des groupes jihadistes qui depuis le Mali se sont propagés notamment au Burkina, donnant prétexte à des représailles sanglantes sur fond de conflits terrestres intercommunautaires.
Lundi, le président burkinabé avait décrété l'état d'urgence dans plusieurs régions du pays, pour contrer la menace terroriste des islamistes armés.
Le Burkina Faso est confronté depuis trois ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières. D'abord concentrées dans le nord du pays, elles se sont ensuite étendues à d'autres régions dont celle de l'Est, frontalière du Togo et du Bénin.
Les attaques attribuées notamment aux groupes jihadistes Ansaroul Islam et Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) ont fait plus de 270 morts depuis 2015. Ouagadougou, la capitale, a été frappée à trois reprises.