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Procès du putsch « Les écoutes téléphoniques sont manipulées », général Bassolé

Publié le lundi 24 decembre 2018  |  Sidwaya
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© Ministère par DR
Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Djibrill Bassolé, conduit la délégation du Burkina à la 69e Assemblée générale de l`ONU à New York aux Etats-Unis
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Dernier accusé à passer à la barre au procès du coup d’Etat manqué de 2015, le général de gendarmerie, Djibrill Yipènè Bassolé, a vidé son sac en une vingtaine de minutes, le vendredi 21 décembre 2018. Reconnaissant avoir communiqué avec le président du parlement ivoirien, Guillaume Soro, l’accusé a toutefois déclaré que les écoutes téléphones, principal élément fondant sa mise en cause, sont « fabriquées et manipulées ».

Débouté en début d’audience du vendredi 21 décembre 2018 de sa demande de sursis à statuer, en raison d’une plainte en faux en cours contre certaines pièces du dossier et d’une requête tendant au retrait desdites pièces, le général Djibrill Yipènè Bassolé, a été « bref » dans le dérouler de son agenda des 16 septembre 2015 et jours suivants. Accusé de meurtre, coups et blessures volontaires, Djibrill Yipènè Bassolé a indiqué n’être pas responsable de l’infraction principale, l’attentat à la sûreté de l’Etat, encore moins de celles qui en découlent.

« Mes activités n’avaient pas de lien direct de cause à effet avec les événements », a-t-il dit. D’après lui, en début d’après-midi du 16 septembre 2015, il a été informé au téléphone d’arrestations à la présidence du Faso. « Mon premier réflexe a été de quitter Ouagadougou, car à cette époque, j’étais l’objet de beaucoup de controverse au regard de ma position et de mon engagement politique. Je suis immédiatement parti pour Koudougou », a-t-il poursuivi. C’est de là qu’il aurait suivi l’évolution des événements, à l’aide de ses contacts sur lesquels il n’a pas donné de détails.


Le samedi 19 septembre, aux dires du général de gendarmerie, il a transité par Ouagadougou pour se rendre au Niger à l’appel du président de ce pays. « Gêné de lever un coin de voile » sur ledit entretien, l’accusé fera savoir que le chef d’Etat nigérien a souhaité que le général Gilbert Diendéré, alors président du CND, accepte la feuille de route de la CEDEAO. M. Bassolé en informera Diendéré le lendemain matin à 8heures dès son retour de Niamey et regagnera Koudougou dans la même matinée. Il ne reviendra, selon lui, dans la capitale burkinabè que le 25 septembre, lorsque la situation était « redevenue normale ».

Mais à partir de cette date, ses ennuis auraient commencé par le gel de ses avoirs en banque. « Quelques temps après, quelque chose de terrible s’est produit pour moi. Alors que je m’occupais normalement sans contact avec les événements, le gouvernement de la Transition, après sa réinstallation, diffusait le 28 septembre, un communiqué », s’est plaint le pandore. Et de lire ledit message, insistant sur les aspects l’accusant de soutenir le général Diendéré qui, avec une « poignée d’irréductibles du RSP », avait brutalement remis en cause le désarmement amorcé la veille.

« Mon implication ne serait pas passée inaperçue »

La deuxième accusation réfutée par le général de gendarmerie est « la mobilisation de forces étrangères et de groupes djihadistes … pour réaliser le funeste dessein ».

« Dans quel intérêt je l’aurai fait et pour soutenir qui et quoi, puisque le général Diendéré était déjà prédisposé à se retirer ? », s’est interrogé l’ancien ministre des Affaires étrangères.
Le prévenu a indiqué avoir protesté en son temps comme il pouvait contre le contenu du communiqué gouvernemental et que le même soir du 28 septembre, le secteur de sa résidence a été bouclé et celle-ci encerclée. « J’ai instruit ma sécurité de ne rien faire. Le 29 matin, je suis arrêté », a-t-il soupiré.

Il jugera nécessaire de marteler « la totale déconnexion » de ses activités privées avec le putsch. « Pour confirmation, aucune constatation, aucune déclaration de coaccusé ni de témoin ne me met en cause… Aucun acte concret de complicité n’a été relevé par un coaccusé. Mon implication ne serait pas passé inaperçue. », a-t-il insisté. Djibrill Yipènè Bassolé a terminé son récit en se prononçant sur les écoutes téléphoniques, principal élément sur la base duquel il est poursuivi : « Elles sont fabriquées et manipulées. Mes conseils et moi aurons l’occasion de prouver qu’elles ne proviennent pas d’une interception classique ».

Interrogé par le président du tribunal sur l’apport d’un soutien quelconque au président de l’ex-CND, l’ancien chef de la diplomatie burkinabè a expliqué que Gilbert Diendéré n’en avait pas besoin. « De mon appréciation, Diendéré n’avait pas dans son agenda de faire un putsch. Autrement, il m’aurait informé car nous sommes promotionnaires et avons de bonnes relations », s’est convaincu l’accusé.

Au sujet de soutien financier, le général Bassolé reconnaîtra qu’ « une de ses filles » (Ndlr : Minata Guelwaré) lui a, après la dissolution du RSP, demandé de l’argent pour les éléments de ce corps militaire alors abandonnés à eux-mêmes. Mais il n’a pas pu la satisfaire contrairement au fils de M. Diendéré auquel il a donné cinq millions de francs CFA à l’insu du père. « Le sergent-chef Roger Koussoubé a révélé l’existence de trois clans au sein du RSP dont un serait proche de vous ! ».

A ces propos du président du tribunal, l’accusé a répondu ne rien en savoir et que sur le plan militaire ça n’existe pas. Il a ajouté n’avoir jamais fonctionné sur la base de clans. « En tant qu’officier, je suis flatté de savoir qu’il y a des soldats et des sous-officiers qui ont de la sympathie pour moi. », s’est-il exprimé.

Concernant l’accusé Adama Ouédraogo dit Damiss, Djibrill Bassolé a tablé sur leurs relations de longue date et signifié que son assistant M. Sawadogo a, par coïncidence le 17 septembre, exécuté ses instructions de donner un million de francs CFA audit journaliste, alors en passe de devenir écrivain. L’audience du vendredi 21 décembre a aussi porté sur les échanges entre le président sénégalais Macky Sall et Bassolé dans la nuit du 16 septembre.

L’accusé, une fois de plus gêné d’en dire un mot, a lâché que son interlocuteur lui a dit que quelles que fussent les motivations du RSP, il n’était pas possible que le président Kafando soit privé de liberté. Par ailleurs, l’officier a reconnu ses appels téléphoniques réguliers avec le président du parlement ivoirien, Guillaume Soro, qui aurait aussi été en contact avec tout le monde, y compris l’ancien Premier ministre, Yacouba Isaac Zida.

Pendant la période du coup d’Etat, la recherche de solution, afin de sauvegarder ce que le RSP a toujours été, aurait été au menu de la conversion entre les deux hommes. Dans ce sens, selon Bassolé, le concept de DDR (désarmement-démobilisation-réinsertion) a été inventé pour permettre de sauver les meubles.

Le début de l’audition du 21 décembre avait été marqué par le refus du tribunal d’accorder une liberté provisoire pour raison de santé à Minata Guelwaré. Suspendu, le procès reprendra le lundi 7 janvier 2019.

Jean Philibert SOME
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