Les présidents français et tchadien, Emmanuel Macron et Idriss Déby, se sont déclarés dimanche « très inquiets » par l’activité du groupe jihadiste Boko Haram dans la région du lac Tchad.
« Sur Boko Haram, nous sommes très inquiets » a déclaré M. Macron, venu réveillonner la veille avec les soldats français de la force Barkhane à N’Djamena.
Il a réaffirmé « l’engagement de la France pour renforcer la coopération régionale » sous toutes ses formes contre le groupe jihadiste, lors d’une conférence de presse avec M. Déby.
« Nous serons en particulier présents pour accélérer le soutien de l’Union européenne : 55 millions d’euros doivent être débloqués. La France fera en sorte que ce soit rapide », a-t-il dit.
« Et comme je l’avais annoncé au Nigeria, nous sommes en train d’accompagner plusieurs projets en faveur des populations du lac Tchad, des projets concrets à hauteur de 20 millions d’euros, qui sont indispensables si on veut éviter la déstabilisation des populations dans la région, éviter que les jihadistes ne gagnent du terrain », a-t-il poursuivi.
Idriss Déby a précisé pour sa part que la force antijihadiste du G5 Sahel, qui déjà reçu environ 150 millions d’euros sur les 400 millions promis par la communauté internationale, commencera « en janvier » des « opérations ponctuelles » avec le matériel disponible.
« Mais si la crise libyenne n’est pas réglée nous aurons encore longtemps à lutter contre le terrorisme », a averti le président tchadien, avant de remercier la France : « Imaginez dans quelle situation nous serions si la France n’était pas intervenue au Mali et en Centrafrique ».
Les dirigeants des pays de la région du lac Tchad se sont retrouvés samedi dernier au Nigeria pour donner une nouvelle impulsion à la lutte contre Boko Haram.
Lutter contre ce groupe fort d’environ 4.000 personnes, basé au Nigeria à la frontière du Tchad, ne fait pas partie des missions de la force française Barkhane, qui cherche à éliminer les groupes jihadistes dans les cinq pays du Sahel, en particulier au Mali.
C’est la Force multinationale mixte (MNJTF), regroupant des militaires du Nigeria, du Niger, du Tchad, du Bénin et du Cameroun, qui est le fer de lance des pays de la région contre Boko Haram.
Depuis juillet, les attaques de Boko Haram contre les bases militaires de la région du lac Tchad se sont multipliées.
En novembre, des jihadistes ont attaqué une base dans le village nigérian de Metele, près de la frontière avec le Niger, tuant au moins 44 soldats. Les soldats survivants ont cependant évalué à plus de 100 le nombre de tués.