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Sidwaya N° 7484 du 22/8/2013

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Lutte contre la malnutrition : La traque d’une "tueuse d’enfants"
Publié le jeudi 22 aout 2013   |  Sidwaya




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Pour combattre la malnutrition, ce fléau infantile, le Centre de récupération et d’éducation nutritionnelle (CREN) du Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) Paul VI prend en charge, gratuitement, plus d’une quarantaine d’enfants malnutris de zéro à 59 mois par jour. Les professionnels de la nutrition tentent ainsi, tant bien que mal, de redonner le sourire à tous ces bébés et également d’éduquer les parents.

Adjaratou et Bibata, des jumelles âgées de 11 mois, bénéficient d’une prise en charge au Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) de Paul VI de Ouagadougou. Selon la responsable du Centre de récupération et d'éducation nutritionnelle (CREN) de ce CMA, Monique N’Zombié, les deux fillettes pesaient respectivement 3,400 kg et 4,300 kg à leur arrivée, alors que la norme voudrait que celles-ci aient environ 9 kg chacune.

Ces jumelles sont le fruit de la 7e grosesse de Aminata Belem, une femme d’une quarantaine d’années. «Les jumelles sont arrivées à notre service dans un état critique. Nous les avons dépistées malnutries aigues sévères», a confié, Mme N’Zombié. Pour justifier leur arrivée tardive au centre de santé, la maman affirme : Mes enfants sont tombés malades et je pensais que leur état s’améliorerait. Je viens de Solenzo. C’est suite à la visite que j’ai effectuée chez des parents à Ouagadougou, qu’on m’a conseillée de les amener ici. Quelques jours de prise en charge leur ont permis d’améliorer leur état : 6,400 pour Adjaratou et 7 kg pour Bibata ».
A 12 mois, Mamounata Diallo, une autre fillette, ne pesait que 5,5 kg à son arrivée au CREN, a déclaré la responsable. Mise sous traitement, elle a eu 8,200 kg en quelques semaines. Sourire aux lèvres, sa grand-mère, Barré Boli, a dit toute sa satisfaction. «J’avais perdu tout espoir quand je venais ici avec ma petite fille. Aujourd’hui, elle se porte bien et vous le voyez».
Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), le Burkina Faso avait, en 2009, 11,3% de taux de malnutrition aigue et celui de la malnutrition chronique était de 35,1% chez les enfants âgés de moins de cinq ans. Soit plus de 330 000 enfants souffrant de malnutrition aigue et plus de 1000 000 d’enfants souffrant de malnutrition chronique.

La malnutrition n’est pas une fatalité

La malnutrition représente 1/3 des causes directes et indirectes de mortalité des enfants de moins de cinq ans, en particulier, au Burkina Faso et en général au Sahel. Les données de l’enquête nationale nutritionnelle de 2011 ont indiqué que les prévalences de la malnutrition chronique, de l’insuffisance pondérale et de la malnutrition aigue chez les enfants de moins de cinq ans étaient respectivement de 34,1%, 24,4% et 10,2%.

La malnutrition est, selon la Direction de la nutrition, «un état de déséquilibre entre les besoins de l’organisme et les apports fournis par l’alimentation. Elle résulte d’une inadéquation par excès ou par défaut entre les apports alimentaires et l’organisme». Il existe plusieurs types de malnutrition : la malnutrition par défaut qui désigne la forme aigue ou il y a perte de poids et celle chronique ou retards de croissance. On parle de malnutrition par excès, quand les apports alimentaires sont supérieurs aux besoins de l’organisme. La forme aigue sévère et aiguë modérée sont les types de malnutrition régulièrement traités au CREN du CMA Paul VI. Leur dépistage se fait grâce aux évaluations anthropométriques qui consistent à prendre le poids, la taille et le périmètre brachial (le pourtour du bras), a confié la responsable du Centre, Monique N’Zombié.

Les causes de la malnutrition sont nombreuses. Parmi les principales, le Dr Hamado Sawadogo, chef de service de la pédiatrie du CMA Paul VI, a cité les maladies, les croyances et coutumes, les causes économiques, climatiques... Il y a aussi le non respect par les mamans des conseils donnés par les spécialistes quant à l’alimentation du nourrisson (jusqu’à 6 mois) basé sur l’allaitement maternel exclusif, a-t-il ajouté.

Un combat quotidien

Les CREN comme celui de Paul VI, ont fait de la lutte contre la malnutrition infantile leur combat quotidien. Ils tentent d’apporter une réponse nutritionnelle et thérapeutique appropriée aux enfants malnutris qu’ils ont à leur charge. L’éducation nutritionnelle se fait à deux niveaux. Le centre travaille sur la communication pour l’adoption de comportements appropriés par les mamans, la diffusion de bonnes pratiques, comme la promotion de l’allaitement maternel exclusif chez les enfants âgés de moins de six mois, l’utilisation des farines de complément enrichies à partir de l’âge de six mois et l’allaitement prolongé jusqu’à deux ans.

Aidée par quatre assistantes, Mme N’Zombié travaille sept jours sur sept. Sa journée de travail commence à 7h30. «Nous commençons à prendre la température des enfants à 7h30. Ensuite, nous leur donnons des repas composés de lait thérapeutique (F75) ou de bouillie (F100) », a confié Dr Sawadogo. Selon lui, pour améliorer l’état des enfants, les centres allient des médicaments à des nutriments qui comprennent les aliments conventionnels que sont les céréales, et des aliments thérapeutiques.

Il existe plusieurs remèdes pour prévenir la malnutrition dont les conseils et la sensibilisation à tous les niveaux. Selon Halimata Simporé de la pédiatrie du CMA, il faut travailler sur la communication pour l’adoption de comportements appropriés par les mamans. Parmi les nombreux conseils donnés aux femmes, figure en bonne place l’importance des consultations prénatales, un facteur déterminant dans le dépistage de la malnutrition. Les causeries et les conseils dont les femmes enceintes bénéficient, notamment sur leur alimentation et leurs comportements, peuvent aider à prévenir des cas de malnutrition. A entendre le Dr Hamado Sawadogo, les mamans ont souvent tout ce qu’il faut (céréales, arachide, haricots, huile, sucre) pour enrichir les aliments des enfants. Mais elles l’ignorent. Il faut donc travailler à les sensibiliser.

Il a été aussi constaté que les problèmes surviennent surtout au moment de l’introduction des aliments, autre que le lait maternel, dans l’alimentation du nourrisson, a indiqué Mme Simporé. D’où la nécessité de diffuser les bonnes pratiques, comme la promotion de l’allaitement maternel exclusif chez les nourrissons jusqu’à six mois et l’utilisation des farines de complément enrichies après cet âge, a confié le Dr Sawadogo. L'équipe du CREN de Paul VI se dit déterminée à travers "la tueuse d'enfants" pour sauver des vies et donner le sourire aux parents.

Habibata WARA

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